Québec permettrait la chasse à l’arbalète dans les parcs nationaux
Québec pourrait permettre la chasse du cerf avec arbalète dans les parcs nationaux, là où les densités sont trop fortes et dans un habitat qui n’a pas la capacité de supporter une surpopulation incontrôlable de cervidés.
« On a perdu le contrôle », tranche dit le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoît Charette, en Commission parlementaire des transports et de l’environnement le 26 avril. L’engin choisi serait l’arbalète, à portée plus réduite qu’une arme à feu. Les modalités ne sont ni définies et ni connues. Cette chasse contrôlée serait obligatoirement contingentée. La venaison serait remise à des organismes d’aide aux démunis.
Plus de cerfs que sur l’Île d’Anticosti
Le Parc national des Îles-de-Boucherville et le Parc national du Mont-Saint-Bruno, sont confrontés avec des surpopulations croissantes de chevreuils. La SÉPAQ a déjà fait savoir qu’en 2021, quelque 300 cerfs surpeuplaient le Parc national des Îles-de-Boucherville, d’une superficie de 8,5 km2, soit environ 30 chevreuils par km2, dans un habitat qui compterait 250 chevreuils de trop.
L’écosystème de ce parc est en danger. Seule la chasse peut réduire ce cheptel en forte croissance et protéger la végétation. Sur l’Île d’Anticosti, paradis du cerf en Amérique du Nord, on dénombre entre 12 et 15 bêtes par km2, sur une île de 8 000 km2, dont 5 700 km2 de superficie de chasse…
Cerfs mâles qui vagabondent
Dans le Parc national du Bic, on dénombrait 200 cerfs de Virginie en 2017, concentrés à l’intérieur des limites du site d’une superficie de 33 km2. Mais dans ce secteur, la proximité des terres et des boisés privés limitrophes favorise une récolte sportive et un certain équilibre du troupeau du parc.
Lors de la période du rut, les mâles reproducteurs vagabondent à la recherche de biches accueillantes, et baissent leurs gardes. Les terres privées avoisinantes bénéficient d’un effet de débordement naturel. Et au printemps, les cerfs profitent des champs nourriciers avoisinants. Situé à 15 km à l’Ouest de Rimouski, une grande section du parc borne avec la côte de l’estuaire du Saint-Laurent, qui bloque le mouvement des cerfs vers le Nord – Nord-Est. Son débordement se fait surtout vers l’Ouest.
La FédéCP se réjouit!
La Fédération québécoise des Chasseurs et des Pêcheurs (FédéCP), se réjouit que le ministre Charrette reconnaisse la chasse comme outil de gestion et de contrôle des populations, et spécialement dans les parcs nationaux touchés par une explosion des cerfs.
« La chasse est un excellent outil de gestion de la faune, en plus d’être une solution peu onéreuse, qui génère des retombées économiques intéressantes dans toutes les régions du Québec », fait savoir la FédéCP.
Cette « ouverture » du ministre pour contrer la surpopulation de cerfs dans les parcs nationaux, a suscité un débat parfois vigoureux, parfois émotif, lors d’une récente tribune radio du 98,5 de Nathalie Normandeau, à laquelle participait Julien Cabana, du Journal de Québec. Ses propose rejoignent ceux de la FédéCP. Le chroniqueur a noté que l’arbalète n’est pas une arme de grande portée, et que cet engin de chasse donne l’opportunité au chasseur de se retrouver à proximité du gibier, pour un tir efficace en zone vitale. Pour la FédéCP, la chasse avec arbalète est tout à fait appropriée dans les parcs.
Un dossier qui tarde à se régler rapidement, tant pour le respect de l’espèce qui prolifère dans des parcs beaucoup trop petits, avec des cervidés qui se retrouvent en milieu urbain, sous alimentés, d’une nourriture inadéquate, parfois artificielle, qui favorise des mortalités. Le surnombre de cerfs à l’étroit peut favoriser la transmission de maladies jusqu’en milieux sauvages et contaminer des populations indigènes qui s’y trouvent.
Et pendant ce temps, la surpopulation de chevreuils du Parc Michel-Chartrand, à Longueuil, continue de souffrir. Le troupeau de 110 bêtes est coincé dans un parc qui peut en héberger une vingtaine, et qui s’enrichit de cerfs à chaque printemps. La Cour supérieure, interpellée par la Cour d’appel qui a forcé la suspension d’une opération d’abattage, dont rendre une décision imminente.