Raymond Martin : forestier, politicien, mais surtout pêcheur

Raymond Martin était tout un pêcheur sportif qui partageait sa passion sans limite, et qui affectionnait particulièrement une espèce d’eau douce qui n’avait pas de secret pour lui, l’omble de fontaine.

L’homme, l’ex-maire de Trinité-des-Monts pendant deux décennies et ex-administrateur tout aussi longtemps de la Réserve faunique Duchénier, aujourd’hui du groupe TERFA, s’est éteint le 16 juillet dernier. Il aurait eu 90 ans dans quatre mois.

J’ai eu la chance, à plusieurs reprises, de lancer ma ligne à ses côtés. Raymond était un pêcheur passionné qui affectionnait particulièrement les grosses mouchetées du grand Lac Touradi, dans la Réserve faunique Duchénier, où on y capturait, sûrement encore aujourd’hui, de grosses truites du Nord à 45 minutes de route au Sud-Ouest de Rimouski.

« On va ailleurs »

Raymond Martin était un pêcheur d’instinct qui connaissait ses lacs, comme le fond de sa grande épuisette. Mais pas trop patient le Raymond. Cette grande connaissance de ses plans d’eau l’incitait sans doute à ne pas trop « niaiser » pour rien au même endroit. Pas plus de quelques minutes.

Dès arrivés à un « spot » de pêche, nous lancions rapidement nos cuillères. Sans aucune touche pendant 5-10 minutes, il tranchait : « Y’a rien ici, on va ailleurs ».

Et il démarrait son moteur hors-bord de 9,9 hp; aussi puissant qu’un 15, et nous voilà partis vers un autre de ses « trous » prometteurs. Pas de temps à perdre avec Raymond, et surtout, pas d’obstination. C’était le boss de la chaloupe.

De courte stature, mais bien « narfé », comme on dit; Raymond avait acquis la force de ses bras comme travailleur forestier. Mais il craignait néanmoins, qu’au fil des ans, le poids de son engin devienne trop lourd à descendre de la boîte de son « pick-up », jusqu’à la chaloupe.

« C’est mon moteur qui va m’arrêter de pêcher », me disait-il.

J’ajouterais que son coffre de pêche était tout aussi lourd; mais pas vraiment, que son hors-bord. Jamais je n’ai vu un aussi gros coffre, à plusieurs étages, rempli d’un attirail d’accessoires, de lignes et de cuillères de pêche bien rangés, un coffre aussi fourni qu’une boutique spécialisée et dans lequel il ajoutait de nouveaux leurres à chaque saision. Fallait voir, impressionnant.

Son « frère » Rémy!

J’ai aussi souvenir, au retour du bout du grand Lac Touradi, long de 10 km, avec parfois de forts vents du Nord-Est, au début de l’ouverture de la pêche dans Duchénier, je demandais à Raymond s’il avait pris soin; comme d’habitude, d’apporter son petit frère Rémy… Martin ?

Transis par la froideur et le crachin de face poussé par le nordet, arrivés enfin à quai à son camion, Raymond sortait deux gobelets en plastique et on partageait un p’tit coup de Brandy, histoire de se réchauffer un peu.

Comme maire, Raymond Martin était très attaché à sa municipalité et aux résidents de La Trinité. On était en désaccord sur un projet de 65 éoliennes au Mont Longue-Vue, sur la Zec Bas-Saint-Laurent.

Raymond était déchiré entre les redevances financières importantes et essentielles pour l’économie de son village, et la protection de l’environnement et de l’habitat de l’orignal sur la zec, que je défendais bec et ongles.

En fin de compte, ledit projet avait été abandonné, mais nos parties de pêche annuelles demeuraient une tradition de début de saison.

Je garde le souvenir d’un personnage attachant, avenant, poli, serviable et jovial, toujours souriant, mais aussi discret, réservé, même un peu timide derrière ses verres teintés. Raymond Martin n‘est plus.

Plusieurs autres images de ce grand pêcheur sportif vont continuer de foisonner dans ma mémoire, mais tout en gardant à l’esprit que Raymond est maintenant au pays de la pêche éternelle et des grosses mouchetées…

Les membres de sa famille, sa conjointe Jacqueline, et ses enfants Julien, Nelson et Andréa, recevront des témoignages de sympathie le samedi 2 septembre, dès 13 h 30, en l’église de la Trinité-des-Monts. Les funérailles suivront à 15 h.