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Propriétaires agricoles étrangers: les élus inquiets pour La Mitis

De plus en plus de terres agricoles sont vendues à des intérêts de l'extérieur de la région
Pascal Bérubé, Bruno Paradis et Yannick Côté (Photo journallesoir.ca)

Le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, le préfet de la MRC de La Mitis, Bruno Paradis, et le président du syndicat mitissien de l’Union des producteur agricoles, Yannick Côté, s’inquiètent du nombre croissant d’acquisitions étrangères dans le milieu agricole de La Mitis.

Certains groupes d’investisseurs et d’entreprises agricoles provenant de l’extérieur de la région ont procédé au cours des derniers mois et des dernières années à l’achat et au démantèlement d’au moins 10 fermes mitissiennes, une situation qui préoccupe les élus locaux.

Selon eux, le modèle d’affaires préconisé par ces acteurs étrangers vient « déstructurer le milieu agricole de La Mitis » et représente une réelle menace à la vitalité économique de la région.

En 2023, ces entreprises d’ailleurs possédaient plus de 2233 hectares de terres agricoles dans La Mitis.

« Elles achètent des fermes de taille importante, principalement des fermes laitières. Les troupeaux laitiers et les quotas sont vendus et la majorité des actifs sont liquidés par encan, incluant la machinerie. Cette situation diminue fortement le potentiel de reprise par une nouvelle entreprise d’élevage de notre région. De plus, plusieurs bâtiments sont laissés à l’abandon et se détériorent rapidement », souligne Yannick Côté.

« Une entreprise agricole gérée par une jeune famille, ça contribue par exemple à garder une école ouverte, ça contribue aussi à la santé économique des services de proximité comme les épiceries ou les quincailleries. Quand une communauté rurale perd ce genre d’entreprise, on met en péril le développement d’un milieu au complet », s’inquiète Bruno Paradis.

Des fermes et des terres de La Mitis (Photo journallesoir.ca)

Un cadre réglementaire permissif

Leurs craintes sont exacerbées par le fait que de telles transactions sont permises par le cadre réglementaire québécois, ce qui laisse croire que la tendance n’est pas sur le point de se renverser.

« C’est l’un des enjeux agricoles les plus importants que j’ai vu depuis mes débuts en politique. (…) Lorsqu’on veut développer un territoire, il faut d’abord y avoir accès. J’invite donc le ministre de l’Agriculture à prendre acte de cette situation et à surveiller ce qui se passe dans nos régions. (…) Ceux qui devraient être propriétaires d’une terre, ce sont ceux qui se lèvent tôt le matin pour y travailler avec des bottes. (…) Je ne pense pas que ces propriétaires étrangers font la route à chaque matin pour venir cultiver les terres et s’occuper des animaux », lance Pascal Bérubé.

Le député de Matane-Matapédia Pascal Bérubé (Photo journallesoir.ca)

Une demande sans suivi

Même s’il souhaite aussi une modification réglementaire, le député péquiste a soulevé une piste de solution au ministre André Lamontagne afin de mieux informer la population sur l’identité des propriétaires agricoles dans la province.

« Au printemps dernier, j’ai demandé au ministre de cartographier la propriété des entreprises agricoles, comme on le fait avec les claims miniers. Il s’était montré ouvert, mais ma demande n’a toujours pas eu de suivi » déplore-t-il.

Rappelons que la MRC de La Mitis s’est dotée d’un plan de développement de la zone agricole (PDZA) dans la volonté d’atteindre en 2035 une vision selon laquelle « l’agriculture mitissienne serait diversifiée, dynamique, fière et solidaire, dans le respect de son environnement et contribuant à la vitalité des milieux ruraux », cinq dimensions qui sont fragilisées par la présence de ces propriétaires étrangers sur le territoire.

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