Bilan d’un anniversaire tristement célèbre
La cathédrale est condamnée depuis cinq ansLa cathédrale de Rimouski sera fermée officiellement depuis cinq ans après-demain, ce jeudi, 28 novembre et rien ne laisse présager sa réouverture à court terme.
À titre de journaliste pour différentes publications locales et régionales, l’auteur de ces lignes écrit sur les nécessités d’effectuer des travaux de restauration sur la cathédrale de Rimouski depuis au moins 15 ans.
La constante est que plus l’argent se faisait rare, plus les travaux à effectuer étaient importants et nécessaires. Jusque au jour où, ce fameux 28 novembre, d’un commun accord, la Fabrique Saint-Germain et l’Archevêché de Rimouski condamnèrent l’accès de la cathédrale au public, en raison de son état de décrépitude avancé. La première église de Rimouski est devenue une menace pour la sécurité du public, ce jour-là.
En résumé
Le bilan de ces cinq ans pourrait être résumé avec des mots clés et phrases clés: conflits de personnalité, immobilisme, patrimoine menacé, sentiment d’appartenance, sentiment d’impuissance, absence de moyens, querelles, litiges, absence de leadership, sacraliser, désacraliser, occasions ratées.
Par-dessus tout, tout le monde déplore la démolition appréhendée de la cathédrale mais personne, en réalité, n’a encore voulu mettre réellement la main dans sa poche.
Les critiques fusent sur la gestion du dossier par l’archevêque, Denis Grondin, et son entourage. La Fabrique est officiellement propriétaire de la cathédrale mais en bout de ligne, l’édifice est aussi la propriété de l’Archidiocèse. Une nouvelle a filtré hier, à l’effet qu’un nouveau comité serait créé pour relancer le projet de rénovation de la cathédrale, mais rien d’officiel. L’archevêque demeure silencieux.
Les intervenants dans le dossier joints par le journal le soir font preuve de pessimisme.
Notre-Dame-de-Paris
Invité à réagir à ce 5e anniversaire, le professeur d’histoire Pascal Gagnon, rappelle que selon des spécialistes, il faut se faire une raison : la lenteur est une vertu quand on parle de restaurer la cathédrale Notre-Dame-de-Paris. « À Rimouski, on a déjà la lenteur, reste maintenant à avoir la raison. Mais ça s’en vient tranquillement. On a déjà eu des fouilles archéologiques, un livre et une consultation publique », ironise-t-il à ce propos.
Unique ou presque
Celui-ci a maintes fois rappelé que la cathédrale témoigne du rôle des institutions religieuses dans le développement de la ville. De plus, monsieur Gagnon a fait connaître l’architecte Victor Bourgeau comme concepteur de cette cathédrale et de seulement deux autres similaires au Québec (Trois-Rivières et Montréal).
Absence de leadership
Un membre du Regroupement diocésain pour la sauvegarde de la cathédrale de Rimouski, sensible au caractère sacré et au caractère patrimonial de l’édifice, Jean-Claude Roy, insiste sur un point:
« Il faut reconnaître l’absence de leadership de Denis Grondin comme étant le vrai problème. Il a fait faire un sondage dont il n’a pas tenu compte; il a encouragé des gens à produire des mémoires et des projets dont il n’a même pas accusé réception, pour, en bout de ligne, les rejeter du revers de la main. »
Monsieur Roy conclut: « L’archevêque a mentionné qu’il ferait une mise de fonds importante dans un projet de rénovation de la cathédrale et cela ne s’est pas encore produit. Monseigneur Grondin n’a plus aucun respect de son milieu, car il est allé jusqu’à recourir à des mesures judiciaires contre des bénévoles marguilliers, pour imposer ses vues. Il devrait s’en aller, tout bonnement. »