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Le fossé des générations divise Rimouski

Une scène du dernier conseil municipal, où les personnes à la retraite étaient à droite, et les plus jeunes, à gauche de la salle. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

Un phénomène apparu lors des dernières assemblées régulières du conseil municipal de Rimouski suscite de l’inquiétude chez les habitués de la politique municipale locale.

À commencer par l’auteur de ces lignes qui constate que les demandes et commentaires des citoyens semblent séparés en deux blocs distincts où le fossé tend à s’élargir de plus en plus : les intérêts des moins de 25 ans et ceux des plus de 50 ans semblent se situer à l’opposé et de plus en plus.

Tandis que les plus jeunes demandent de plus en plus de services et de droits, comme de pratiquer le ski attelé, où on se fait traîner en ski de fond par le chien, et plus de services pour les familles, notamment au plan des infrastructures sportives; les plus âgés ne veulent pas d’augmentation de leur compte de taxes, veulent la sécurité, la paix et une administration rigoureuse des deniers publics.

Un lieu

Une enseignante du Cégep de Rimouski qui assiste à toutes les séances du conseil municipal, Patricia Posadas, est bien placée pour commenter la situation, étant militante auprès de groupes écologistes qui comptent beaucoup de jeunes.

« On voit une séparation dans les assemblées du conseil. Ça m’a frappé moi aussi. Cela me fait penser à la consultation menée récemment par la MRC Rimouski-Neigette auprès des 10 à 30 ans. Une des conclusions était que les jeunes disent manquer d’espaces pour aller à la rencontre des plus âgés. Le résultat, on le voit aujourd’hui », estime-t-elle.

D’un extrême à l’autre

« Quand je suis arrivée à Rimouski, dans les années 1990, il me semble que sous l’administration de Michel Tremblay, on coupait dans les lieux et activités de loisirs pour les jeunes. C’était presque une politique anti-jeunes. Après, on est passé à la thématique « Rimouski Vile Étudiante. » Sous le maire suivant, Éric Forest, ça s’est un peu apaisé. De « Ville Étudiante », Rimouski est passée à « Ville du Bonheur », comme si on voulait dorénavant plutôt favoriser les retraités. Je ne dis pas que c’est la faute de la Ville, c’est une responsabilité collective », ajoute l’enseignante.

Ville de retraités

« On dirait que ça a causé l’exode des jeunes de la région. Ce qu’il faudrait, maintenant, c’est que la Ville de Rimouski ou la communauté trouve une façon de permettre la rencontre entre les jeunes et les plus vieux. Sinon, ce que ça donnera, c’est que les jeunes vont s’en aller. Quand monsieur Forest a terminé son mandat, je lui ai dit : « Vous avez transformé Rimouski en Ville du Bonheur pour les retraités mais avons-nous pensé à ceux qui vont pousser les fauteuils roulants? » »

« On s’en vient réputés pour être une ville de retraités. Il y vraiment un travail à faire pour donner plus de place aux jeunes, surtout avec l’Université, les centres de recherche et tout ça à deux minutes de la nature. Il faut privilégier ça pour mieux vendre Rimouski aux jeunes. Il y a de l’intolérance, aussi. Je me souviens d’un projet de logements à loyer modique dans Saint-Germain qui a suscité de l’opposition par des citoyens qui ne voulaient pas d’enfants, de chiens, de bruit et de désordre. Nous sommes très intolérants envers la jeunesse et ça conduit les jeunes à de l’intolérance sur la vieillesse », conclut madame Posadas.

Trop comme pas assez!

Un autre observateur de la scène municipale, Jean-François Deschênes, apporte un élément additionnel au débat. La Ville semble parfois se faire trop généreuse envers les doléances des jeunes.

« Ça me frappe moi aussi. Je dirais que les citoyens jusqu’à 40 ans vont profiter de toutes les infrastructures qu’on leur propose mais que ce n’est pas le souhait des plus âgés. Le meilleur exemple est le projet de stade couvert. On dirait que la Ville accueille le message de la jeune génération qui le veut, mais qu’elle le donne encore plus. Mettons que la moyenne des stades intérieurs coûte 10 M$, on va en faire un projet à 30 M$. Même chose pour le centre animalier à 3 M$ alors que ce n’est pas une obligation d’en faire autant. Un projet de 1 M$ aurait pu faire le travail. »

Deux glaces

« Au Complexe sportif Desjardins, une seule patinoire aurait sans doute suffi, mais on en a mis deux. La piscine était légitime et la première glace aussi mais pour la seconde, était-ce vraiment requis? Je ne comprends pas l’attitude de la Ville. Et la population ne réagit pas. Au lieu de se contenter du verre de bière, ça nous prend le pichet au complet! La Ville ne fait pas le lien entre les générations, on dirait qu’elle le creuse. La Ville devrait considérer les deux côtés de la médaille. Il y a même trois côtés à une médaille, car il y a la tranche qui est très mince. C’est là qu’est la vérité et on l’obtient par le temps et par la sagesse », croit monsieur Deschênes.

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