Un artiste rimouskois se dit chanceux dans sa malchance
Le comédien professionnel Steven Lee Potvin, originaire de Rimouski, s’estime chanceux de pouvoir poursuivre son métier, malgré les inconvénients de la crise du coronavirus.
Il s’estime aussi chanceux dans sa malchance de santé : il vient de subir une intervention d’urgence pour l’appendicite et il s’est installé temporairement au lac Saint-Mathieu pour sa convalescence.
Du côté professionnel, le rêve de Steven Lee Potvin d’incarner un rôle majeur dans une pièce majeure, le 25 février dernier, a pu se réaliser à quelques semaines de la mise sur pause des activités au Québec. Les représentations ont pu être présentées pendant trois des quatre semaines pendant lesquelles la pièce « Rouge » occupait l’affiche du Théâtre La Bordée, à Québec.
La pièce de l’Américain John Logan, qui a connu du succès sur Broadway, rappelait une étape importante de la vie du peintre Mark Rothko, où le maître, le peintre en question, côtoyait un élève, son assistant, interprété par Steven Lee Potvin.
Au repos
« La convalescence coïncide bien avec le confinement. J’avais un problème chronique qui revenait régulièrement et là, c’est réglé. Je suis un cas rare qui faisait plein de crises d’appendicite. Je suis entré d’urgence à l’hôpital. Je suis arrivé à temps. »
« On a fait 15 représentations avec la pièce, trois semaines sur quatre prévues. À la troisième semaine, c’est là que la mesure limiter les salles au maximum de 250 personnes est survenu. On a joué devant 250 personnes la troisième. Le samedi, quand on a fait notre salut, on nous a dit en coulisses que c’était terminé, qu’on n’avait plus le droit de se réunir dans des lieux publics. Ça a été annoncé pendant qu’on jouait, alors, on ne savait pas que ce serait notre dernière représentation », rappelle monsieur Potvin.
Chanceux
« Je suis content de ma pièce. C’était vraiment « trippant », surtout de jouer dans un théâtre qui est une institution. Nous avons été chanceux. Les critiques ont été élogieuses dans les grands médias. Je me considère vraiment chanceux d’avoir fait partie d’un spectacle aussi bien reçu. C’était motivant d’aller jouer là tous les soirs », exprime-t-il.
« Je suis vraiment satisfait malgré la semaine qui a manqué. On s’est demandé ce qu’on ferait de cette semaine manquante. On a pris la balle au bond, on en a fait un radio-théâtre. On l’a enregistré dans une station de radio avec un narrateur et de la musique. Les gens peuvent le télécharger en « podcast » sur le site de La Bordée. Nous avons aussi effectué un montage qui est disponible sur youtube avec photos de la pièce et avec narration. Comme on parle beaucoup de peinture dans la pièce, on y voit aussi des tableaux de Mark Rothko », indique Steven Lee Potvin.
Affecté par la crise
Comme tous les autres artistes, monsieur Potvin est affecté par la crise au plan des engagements. Il a été complètement payé par La Bordée mais l’avenir immédiat est incertain. Toutefois, son engagement pour la tournée de la pièce « Foreman » à l’automne ne semble pas compromis.
« Ça chamboule toute la vie pendant la crise, mais aussi pour ce qui s’en vient. Il y a déjà plein de choses annulées l’été prochain. Il y aura beaucoup de cas par cas. Les programmations sont remises en question, tout le monde a des scénarios mais c’est le gouvernement qui aura le dernier mot. C’est déjà difficile d’être un artiste autonome et de vivre dans l’incertitude! Par contre, je me trouve chanceux, car il y a des contrats de voix que je peux faire à partir de chez-moi. »
Automne
« Il y a même de l’incertitude pour l’automne, car certains des spectacles qui ont été annulés vont peut-être être repris. Des programmations sont appelées à changer. Il pourrait y avoir un effet domino », ajoute-t-il.
Enfin, Steven Lee Potvin se considère aussi chanceux de pouvoir passer sa convalescence au lac Saint-Mathieu pour encore un mois, alors que ce mois devrait représenter le dernier de la période de confinement obligée par la crise.