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Nouvelle de 17 h

Un ex-infirmier dénonce le climat de travail en place à l’hôpital

Nicolas Landry, ex-infirmier ASI (assistant au supérieur immédiat) a travaillé pendant plus de trente ans dans le domaine de la santé. Il s’est présenté aux locaux du Journal le soir ce matin avec des documents en support à ses dires. Photo: Pierre Chassé, journal le soir

Plusieurs personnes ont réagi suite à notre article traitant de l’omerta qui semble subsister à l’hôpital de Rimouski contribuant à rendre le climat de travail invivable pour certains. Six personnes sont d’ailleurs entrées en communication avec le journal le soir. Fait inquiétant, parmi celles-ci, quatre sont toujours à l’emploi du Centre intégré de santé et de services sociaux du Bas-Saint-Laurent (CISSSBSL) mais refusent de donner leur nom ce qui semble confirmer cette peur de représailles que plusieurs employés dénoncent à travers le Québec entier.

Intimidation et menaces

Deux ex-infirmiers, Nicolas Landry et Dominic Thibeault, n’étant plus à l’emploi du CISSSBSL du Bas-Saint-Laurent ne craignent cependant pas d’être identifiés. L’un d’eux, Nicolas Landry, nous a même proposé une rencontre dans nos locaux, documents à l’appui, afin de faire valoir le climat qui règne dans certains départements. Celui qui a été assistant-infirmier- chef aux soins intensifs de l’hôpital de Rimouski pendant plusieurs années n’y va pas avec le dos de la cuillère : « J’ai dû quitter mon emploi suite à des pressions insoutenables, d’intimidation et de menaces de perdre mon emploi par mon supérieur immédiat. En fin de compte, cette pression a eu raison de moi et j’ai dû démissionner.»

Il avoue candidement qu’il a eu ses parts de démêlées avec son employeur en pointant certains documents, mais l’article paru dans le journal le soir l’a interpellé et il a décidé de parler pour plusieurs employés actifs qui ne peuvent le faire. Selon lui : «  plusieurs employés ne veulent pas être identifiés, car quand il dénonce des problèmes qu’ils vivent, particulièrement avec leur supérieur, ils se sentent traqués comme des bêtes par la suite. La machine en place ne priorise pas le petit employé. Je n’hésite pas à parler de régime de terreur. Cela continue de m’affecter aujourd’hui », a-t-il expliqué.

Entrevue de départ du CISSSBSL

Les propos de monsieur Landry, qui se demande comment les employés oseraient parler dans ces circonstances, sont appuyés par un autre ex-employé du CISSSBSL, Dominic Thibeault, qui travaille maintenant dans un autre hôpital, mais dans la région de Québec. Il a volontairement mis à la disposition de monsieur Landry pour partage, le formulaire de son entrevue de départ avec le CISSSBSL. Curieusement, le point 1 des directives de l’entrevue indique que :  l’information recueille par le questionnaire aidera l’établissement à comprendre les facteurs qui provoquent le plus de départs chez ses employés.

À la question :Seriez-vous prêt un jour à revenir au sein de notre établissement ? La réponse de l’ex-infirmier Thibeault est on ne peut plus claire, : « Jamais. Je n’ai aucune envie de revivre cette très mauvaise expérience, pour moi harcèlement et intimidation, c’est tolérance zéro. Je vous conseille sérieusement de vous questionner sur la gestionnaire d’une certaine unité (que l’on ne nomme pas ici). Plusieurs infirmières de l’extérieur de Rimouski ont eu la même expérience que moi et je peux le prouver facilement. Plusieurs infirmières de votre centre hospitalier ont peur de cette gestionnaire et ce n’est pas normal », explique-t-il dans son entrevue de départ.

Ça prend de « l’huile à bras »

Nous avons tenté de rejoindre vers 16h00 des représentants de la Fédération interprofessionnelle de la Santé du Québec-FIQ, en vain, nous sommes tombés dans des boîtes vocales. Nous nous sommes donc tournés du côté de Yanick Proulx, conseiller syndical du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), il se dit pas surpris par ce qui est rapporté par certains employés : « C’est gros le CISSSBSL, il y en a des départements et des employés, le problème se situe dans le fait que le climat de travail est souvent tributaire de la relation qui se vit entre le superviseur et l’employé qui est sous sa responsabilité. Ça devient du cas par cas, de la parole de l’un contre la parole de l’autre. C’est souvent très difficile de voir clair, cependant mon expérience me démontre que ça prend beaucoup « d’huile à bras » pour venir à bout d’un gestionnaire qui a des comportements non souhaitables. À choix égal, ils sont plus prompts à sévir contre les employés qu’envers les gestionnaires. Il y a une espèce de climat de protection qui existe pour le management », de plaider le conseiller syndical.

Politique de tolérance zéro : CISSSBSL

Nous avons demandé au CISSSBSL de réagir aux commentaires reçus, voici la réponse obtenue du service des communications : «  Le CISSSBSL a une politique de tolérance zéro concernant le harcèlement au travail. Le processus de traitement des plaintes permet aux employés de signaler toutes formes de harcèlement et de violence de toute sorte. La politique et son processus assurent également qu’aucune forme de représailles ne sera faite aux plaignants. Toutes les situations sont analysées et traitées avec impartialité et confidentialité. Un service de médiation est aussi offert pour résoudre les dénouer les situations. » Par ailleurs, étant donné le caractère de confidentialité des dossiers en question, le CISSSBSL s’est abstenu de commenter les situations qui lui ont été présentées. Dans une conversation antérieure avec Ariane Doucet-Michaud, conseillère-cadre aux communications stratégiques à la présidence-direction générale et relations avec les médias du CISSS du Bas-Saint-Laurent, celle-ci encourageait les employés à utiliser une boîte de courriels ([email protected]) qui a été mise en fonction afin de permettre aux travailleurs de dénoncer des situations en toute confidentialité.

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