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Nouvelle de 17 h

3 400 trous dans la cathédrale… pour rien!

L’église mère de Rimouski aurait pu demeurer ouverte depuis bientôt six ans
L’ingénieur Marcel LeBlanc du côté Ouest de la cathédrale, lors du dévoilement du dernier carnet de santé (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

Les membres de l’assemblée de la Fabrique Saint-Germain ont frappé un grand coup dans l’opinion publique, ce matin, en dévoilant les détails du carnet de santé réalisé par l’ingénieur Marcel LeBlanc.

Une activité publique et de presse a réuni quelque 75 personnes dans la cathédrale, alors que la Fabrique Saint-Germain et le Regroupement diocésain pour la sauvegarde de la cathédrale de Rimouski avaient effectué une centaine d’invitations. Ils avaient invité l’archevêque, Denis Grondin, à y assister, mais il n’était pas présent. Toutefois, les médias étaient représentés en grand nombre.

La cathédrale a été fermée en novembre 2014 pour cause de décrépitude, parce qu’elle aurait représenté un danger pour les personnes qui s’y seraient retrouvées.

Il ressort cinq éléments importants de ce fameux bilan : 1-les 3 400 trous effectués pour installer des filets de protection tout autour de la cathédrale ont été inutiles; 2-La décrépitude de la cathédrale ne justifiait pas sa fermeture depuis novembre 2014; 3-les besoins urgents sont évalués à 350 000 $ avant de rouvrir la cathédrale au public; 4-Les travaux résumés au strict nécessaire pour refaire la santé du bâtiment seraient de l’ordre de 2,3 M$ et non pas de 3,5 M$ tel que l’établissait le rapport d’une firme d’architectes, il y a quatre ans; 5-Les marguilliers ont la ferme intention de rouvrir la cathédrale au public le plus tôt possible, dès que les travaux de base de 350 000 $ auront été réalisés.

Un appel

« Nous allons d’abord lancer un appel au public et trouver de l’argent, puis nous rouvrirons la cathédrale », a confié le président de la Fabrique Saint-Germain, Jean-Charles Lechasseur. « La Fabrique lance un appel aux autorités politiques et sociales et à tous les Rimouskois pour qu’ils expriment avec force leur attachement à la cathédrale », avait-il dit plus tôt.

Monsieur Lechasseur a aussi déclaré que la cathédrale demeurerait sacralisée, tout en permettant la tenue d’activités sociales et culturelles. Il n’y aurait pas de nouveaux murs pour, entre autres, préserver la qualité du son de l’orgue Casavant, un des rares au Québec de cette qualité, qui a été calibré en fonction de la structure actuelle.

Inutiles

L’ingénieur LeBlanc a fait valoir que les techniques de construction du XIXe siècle étaient plus efficaces qu’on ne le pense. Il propose des solutions pratiques et peu coûteuses pour la restaurer, dont le recours à d’anciennes techniques spécifiques à une construction faite principalement de pierre.

Les travaux pour la pose des filets ont aussi davantage abimé la cathédrale qu’ils ne l’ont aidée, car les tiges utilisées pour les retenir ont été plantées dans la pierre au lieu de l’être dans le mortier. On ne pourra pas les retirer. Il faudra les « meuler ». Ces travaux ont inutilement causé des dépenses de 60 000 $ qui s’ajoutent aux quelque 100 000 $ autres travaux préventifs, comme les clôtures de métal.

La cathédrale aurait pu demeurer accessible aux fidèles, selon le rapport présenté.(Photo: journallesoir.ca, Pierre Chassé)

Aucune dangerosité

« La fermeture de la cathédrale pendant tout ce temps était inutile. Il n’y a aucune dangerosité. Et si on me demande mon avis sur l’installation des filets, elle a aussi été inutile. Si on enlevait les filets, il n’y aurait aucun danger. J’ai effectué le tour de la cathédrale plusieurs fois et à une occasion, j’ai vérifié ce qui se retrouvait dans tous les filets de sécurité au total, comme « morceaux » de la cathédrale qui seraient tombés. Tout ce que j’ai trouvé, c’est une poignée de mortier effrité qui tenait dans une seule main », note monsieur LeBlanc.

« La structure est solide. Partout autour de la cathédrale, les 29 contreforts sont parfaitement verticaux », renchérit l’ingénieur.

« Notre expertise et notre analyse de l’état des lieux nous confirment que des travaux de l’ordre de 350 000 $ en préouverture seraient requis. Notre étude démontre aussi qu’à moyen terme, des travaux importants de toitures s’imposent, des travaux de maçonnerie sont requis, des travaux mineurs sont nécessaires dans le clocher et plusieurs travaux divers devront s’étaler dans le temps », précise aussi monsieur LeBlanc.

Des personnes invitées par la Fabrique à assister à son point de presse prennent place dans la cathédrale, une première depuis près de six ans. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

Travaux nécessaires

Selon ce dernier, la structure de la cathédrale est solide et son clocher, aussi en bon état, ne présente aucun danger.

Le carnet établit les priorités et les délais suivants :

-Travaux divers : fientes de pigeon dans l’entretoit (immédiat), électricité, plomberie et ventilation (d’ici trois ans), fondations (immédiat), clôtures (immédiat), pente de terrain (trois ans), alimentation en eau (trois ans), entrée au sous-sol (immédiat), pour un total de 298 420 $ plus frais de contingence et taxes;

-Travaux d’architecture : peinture (un an), tapis et bancs (immédiat), fenêtres (deux ans), tablettes (immédiat), arches décoratives (deux ans), salle Saint-Germain (deux ans), pour 206 220$ plus frais de contingence et taxes;

-Travaux de toiture : toiture de la sacristie (en attente), toiture principale (un an), toiture déambulatoire (un an), isolation (deux ans), pour 835 972 $ plus frais de contingence et taxes;

-Travaux de maçonnerie : contreforts (un an et deux ans), curetage (un an), filets (immédiat), arches structurales (un an), barbacanes (deux ans), têtes de contreforts (deux ans), pour 435 500 $ plus frais de contingence et taxes;

-Travaux pour le clocher : persiennes (deux ans), renforts (deux ans), étanchéité (deux ans), attestation annuelle, pour 77 300$ plus frais de contingence et taxes.

Caractéristiques et historique

D’autres éléments d’information très intéressants se retrouvent dans le rapport de Marcel LeBlanc.

La cathédrale a été construite entre 1860 et 1864 et ses dimensions sont de 250 pieds par 75 pieds. Son clocher culmine à 225 pieds et sa voûte centrale, à 60 pieds. La sacristie a été ajoutée en 1901-1902. Des travaux majeurs ont eu lieu en 1967, à la suite du concile Vatican II pour rapprocher les célébrants et l’Église, des croyants.

Des marguilliers et organisateurs de la rencontre de presse accueillent les invités à l’entrée de la cathédrale, rendue accessible pour une première fois en près de six ans. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

En 1984, des travaux ont été effectués sur l’isolation de l’entre-toit on a rafraîchi la peinture. En 2000, des travaux de peinture ont été réalisés sur la toiture et le clocher. La cathédrale a été fermée en 2014, alors que l’archevêque était monseigneur Pierre-André Fournier. Ce dernier est décédé en janvier 2015 et a été remplacé par monseigneur Denis Grondin.

Ci-joint une vidéo filmée pendant la présentation d’une pièce à l’orgue de l’organiste attitrée de la cathédrale, Josée April, qui permettra aussi de prendre connaissance de l’état des lieux.

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