Qu’aurait dit Sandy Burgess du dossier de la cathédrale?
Des anciens collègues se souviennent de l’éditorialiste et régionaliste qu’il étaitLe dossier de la cathédrale de Rimouski a peu progressé ces dernières années, malgré la récente initiative du député Harold LeBel, et on peut se demander si la présence d’un éditorialiste qui ne mâchait pas ses mots, comme le regretté Sandy Burgess, aurait pu servir de moteur à ce dossier.
Né le 14 mai 1931, Sandy Burgess a été un journaliste et un éditorialiste respecté dans tout le Bas-Saint-Laurent. Défenseur des pauvres et des opprimés, il n’avait pas son pareil pour dénoncer les injustices sociales et les abus politiques. Sa carrière s’est déroulée à CJBR, à CFLP, à Radio-Canada et au journal Progrès-Écho.
Sa forte personnalité était soutenue par une culture encyclopédique, un amour intense pour sa région, une générosité envers les gens et aussi, par un humour pétulant. Ses éditoriaux, qu’il lisait avec sa voix forte, avaient de grandes répercussions dans l’opinion publique. Il a contribué à former de nombreux journalistes et annonceurs, notamment Bernard Derome et Pierre Nadeau. Il est décédé le 30 août 1983. Une rue porte son nom à Rimouski.
Bourse
Ces dernières lignes sont tirées d’un hommage de Mario Bélanger publié sur le site Internet de La Fondation Sandy-Burgess, qui vient de remettre sa 10e bourse au total, depuis sa fondation en 2009. Une nouvelle formule est en vigueur et c’est la troisième bourse d’excellence de cette nouvelle mouture (1 000 $) qui a été attribuée ce matin à Justin Dubé, un étudiant en histoire de l’Université du Québec à Rimouski. La bourse est offerte par un legs de l’homme d’affaires Gonzague Drapeau, décédé le 8 septembre 2018, et grâce à la collaboration de la Fondation de l’UQAR.
Anniversaire de son décès
Le 30 août, dimanche dernier, marquait donc le 37e anniversaire du décès de monsieur Burgess. Son souvenir nous interpelle dans un dossier comme celui de la cathédrale de Rimouski. L’auteur de ces lignes l’a connu en tout début de carrière.
Quand un dossier important « traînassait » à cause de l’orgueil mal placé ou du laxisme de certains individus, par exemple, la voix de monsieur Burgess les ramenait au ras du sol dans une intervention bien sentie à la radio. Il n’hésitait pas à dévoiler des informations et à citer des noms, pour « brasser la cabane ».
« Quand on pense à Sandy Burgess, on peut dire qu’il était extrêmement direct et qu’il ne prenait pas de détour dans ses interventions. Sandy était un fidèle pratiquant et il aurait été très touché par la fermeture de la cathédrale. Il en aurait été aussi affecté parce qu’il défendait le patrimoine. Quand on sait que la cathédrale, c’est le cœur du centre-ville de Rimouski et qu’elle a survécu au feu de 1950, Sandy Burgess se serait sûrement battu pour sauvegarder la cathédrale, avec sa meilleure arme : son éloquence », mentionne un retraité bien connu du secteur des communications, René Michaud.
« S’il y avait des personnalités responsables de cette situation, il les aurait sans doute visées et dénoncées », ajoute monsieur Michaud, un ancien notamment de la radio CFLP.
« Profondément heurté »
Le journaliste Claude Ross, un monument des médias rimouskois, a aussi travaillé avec Sandy Burgess, mais à CJBR (devenue Radio-Canada) :
« Sandy était un fidèle pratiquant et cette affaire concernant la cathédrale l’aurait profondément heurté. Mais je crois qu’il aurait quand même mis son poing sur la table. Quand il se fâchait, il prenait position et il était ferme. Personne n’était épargné. Il aurait sans doute pris le dossier en main et en aurait fait une affaire de fierté collective. »
Claude Ross croit pour sa part que c’est la transformation de la cathédrale dans les années 1960 pour favoriser le rapprochement entre les fidèles et l’église, à la suite du concile Vatican II, qui a coûté à la cathédrale sa valeur patrimoniale.
« Y-a-t-il un rassembleur dans la salle? »
Pour le président de la Fondation Sandy-Burgess, Harold Michaud, lui-même ancien journaliste, une des premières déclarations de monsieur Burgess dans un éditorial sur la cathédrale aurait très bien pu être « Y-a-t-il un rassembleur dans la salle? ». En effet!
« C’est un exercice un peu difficile que vous me demandez, mais c’est toujours bien important d’évoquer la mémoire de Sandy Burgess. Je me dis que si Sandy était toujours là, bien… le dossier serait réglé depuis longtemps! Alors que ça fait maintenant près de six ans que la cathédrale est fermée! Ça n’aurait jamais été aussi long! Je l’ai connu comme éditorialiste à CFLP. Il aimait beaucoup sa ville et sa région, l’Est du Québec au complet, à ses yeux. Il ne faisait pas que des commentaires : il cherchait des solutions et il trouvait des solutions. Il ne faisait pas de critiques gratuites sur le conseil municipal et les autres instances, religieuses et politiques. La question de son éditorial aurait pu être « Y-a-t-il un rassembleur dans la salle? » Parce qu’on voit bien qu’il y a des gens qui ne se parlent pas dans le dossier de la cathédrale. Il y a un gros problème de communication. »
Le bien commun
« Il aurait été du genre à proposer une médiation entre les parties concernées. Il était expéditif, parfois, mais il était capable de passer au-dessus des étiquettes de parti ou d’opinion. Il disait : « bien là, on a un problème local à Rimouski et il faut le régler. Asseyez-vous et parlez-vous! » L’expression la plus juste pour définir Sandy Burgess, c’est qu’il défendait le bien commun; il ne travaillait pas pour sa gloire personnelle ou pour faire des sous, il travaillait pour le bien commun », conclut Harold Michaud.