Un défenseur de la cathédrale voit un affront dans les travaux de l’église Saint-Pie-X
La Fabrique de la Bienheureuse Élisabeth-Turgeon de Rimouski investit 310 000 $ (plus les taxes) sur la réfection de l’église Saint-Pie-X, ce qui déplaît à un défenseur de la cathédrale qui aurait elle aussi besoin de travaux et devrait passer en priorité, à ses yeux.
Le président de la Fabrique, Christian Gagnon, précise que ces travaux sont financés par le Conseil du patrimoine religieux à hauteur de 279 000 $. Les travaux qui ont eu lieu cette semaine visaient à remplacer la toiture, mais d’autres travaux sont prévus pour remplacer des fenêtres. La première phase doit se conclure demain.
« Le gros des travaux doit être terminé ce vendredi. Il va rester des fenêtres à remplacer. On me dit que ça va aller à novembre. Cette semaine, on s’occupait prioritairement de la toiture et comme la nouvelle toiture est plus épaisse que la précédente, il a fallu remplacer quelques fenêtres. Dans le hall d’entrée, il y avait un puits de lumière, mais on l’a condamné », note monsieur Gagnon.
Choix de l’entrepreneur
Des lecteurs se sont interrogés sur le choix de l’entrepreneur qui effectuait ces travaux de toiture, Toitures Quatre saisons, de Québec, alors que des entreprises locales auraient pu faire le travail. « Ce spécialiste en toitures est le sous-traitant de l’entrepreneur général, Technipro, de Rimouski. Le contrat de l’entrepreneur général a fait l’objet d’un appel d’offres, car il s’agit de deniers publics. Nous sommes tenus à respecter ce processus », répond monsieur Gagnon.
Les activités habituelles de la paroisse Saint-Pie-X n’ont pratiquement pas été perturbées, mise à part la fermeture temporaire de quelques bureaux, pour des raisons de sécurité. Les messes continuent comme d’habitude.
Deux fabriques
Il convient de rappeler que Saint-Pie-X a été intégrée au sein de la Fabrique de la Bienheureuse Élisabeth-Turgeon, créée par l’archevêque Denis Grondin en 2018 pour séparer les autres paroisses de la Fabrique Saint-Germain, laquelle est propriétaire de la cathédrale. Monseigneur Grondin justifiait d’ailleurs la création de cette paroisse par la mésentente qui régnait alors et qui règne toujours avec ceux qui veulent faire passer la restauration de la cathédrale en priorité.
La cathédrale est fermée depuis novembre 2014, en raison de son délabrement et pour des raisons de sécurité, justifiait-on alors. On se retrouve donc avec deux fabriques à Rimouski, la Fabrique Saint-Germain existant toujours.
« Dans le même sens »
Pour le président du Regroupement diocésain pour la sauvegarde de la cathédrale de Rimouski, Jacques Landry, les travaux sur l’église Saint-Pie-X ne sont que la continuité du bras de fer entre l’Archevêché et les défenseurs de la cathédrale : ni plus ni moins qu’un affront.
« On continue d’aller dans le même sens. On se veut conséquent avec les autres gestes posés. À l’heure actuelle, je me demande comment on pourrait justifier payer un bon montant sur les travaux de l’église Saint-Pie-X. On a des églises à ne plus savoir qu’en faire, alors que la cathédrale devrait être la première protégée et réparée. C’est décevant, mais c’est pas mal la même attitude qu’on a vu depuis le début de la saga de la cathédrale, de la part de l’Archevêché. »
L’obtention de subventions pour l’église Saint-Pie-X rappelle que la cathédrale ne peut bénéficier du même genre de soutien parce qu’elle n’a pas été classée comme faisant partie du patrimoine religieux. Les défenseurs de la cathédrale considèrent que ce non-classement est dû à une intervention téléguidée par l’Archevêché lors de son évaluation.
Ailleurs
« Il y a d’autres volets de subventions pour le patrimoine, où la cathédrale pourrait être éligible. Je pense à l’intervention du député Harold LeBel qui a déposé une demande en ce sens pour faire de la cathédrale un bien patrimonial (NDLR : au sens civil et non religieux). Toutefois, je trouve qu’il y a quelque chose de biaisé dans la démarche. Soixante-quatre églises au Québec où on tient encore des cérémonies religieuses en ont bénéficié pour 15 M$. On nous demande de proposer un projet qui fera consensus, mais à ma connaissance, on n’a pas demandé quelque chose du genre aux autres fabriques qui en ont profité. On ne leur a pas demandé de cesser de faire des messes », poursuit monsieur Landry.
« La cathédrale n’aurait jamais due être fermée, comme l’a démontré récemment l’ingénieur Marcel LeBlanc. Un jour, les vrais fauteurs de troubles auront à répondre de leurs actes devant la population », conclut-il.
Selon ce dernier, des entrepreneurs généraux de Rimouski sont toujours intéressés à faire leur part pour la cathédrale.