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Nouvelle de 17 h

Roger Langevin toujours animé du même feu intérieur

Il approche du cap des 100 œuvres réalisées
L’oeuvre et son auteur. (Photo: Jérôme Langevin)

Le sculpteur rimouskois Roger Langevin est à l’honneur, ces jours-ci, alors qu’une de ses œuvres représentant l’auteur Dany Laferrière vient d’être inaugurée à Montréal.

La sculpture est installée dans le jardin d’art de la Grande Bibliothèque et parrainée par Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).

À 81 ans, Roger Langevin est toujours animé du même feu intérieur et ne manque pas de projets, même s’il a pris sa retraite comme professeur d’art rattaché à l’Université du Québec à Rimouski. Il planche sur trois projets présentement. C’est cette année le 5e anniversaire de l’admission de Dany Laferrière à l’Académie française. L’œuvre de monsieur Langevin porte le nom d’un livre de Dany Laferrière, « L’exil vaut le voyage ».

« La sculpture est très bien placée et très visible. J’en suis fier, comme pour les autres. J’ai maintenant 95 sculptures à différents endroits, au Canada, dont une vingtaine à Rimouski. Je suis toujours dans mon atelier, du lundi matin au vendredi soir, sur la rue Dollard. Je ne travaille pas sur commande. Je réalise des œuvres et ensuite, je trouve preneur. À l’âge que j’ai, ça va beaucoup mieux comme ça. Je n’attends pas que des gens d’organismes publics ou des maires me passent des commandes. Ils ont certainement d’autres chats à fouetter », confie l’artiste.

Une création sur la Chasse-Galerie

« Je n’ai pas le temps de chercher des commanditaires. Je réalise mes sculptures n’importe quand. Elles sont faites et là, on sait de quoi on parle. C’est comme une voiture. Il y a des coups de cœur. Ça vient parfois en même temps : je vise actuellement la municipalité de Contrecoeur, pour accueillir une de mes œuvres. Contrecoeur, c’est là où la légende de la Chasse-Galerie se conclut. Je pense qu’il faut le rappeler aux jeunes qui ne connaissent pas cette histoire typiquement de chez nous », raconte Roger Langevin.

« C’est notre légende la plus connue au Québec, celle des bûcherons qui invoquent Satan pour aller danser avec les femmes à Lavaltrie. Mais les femmes ne sont pas là, elles sont à Contrecoeur, où se termine l’histoire. J’ai eu un contact avec la mairesse de l’endroit et elle est époustouflée, très intéressée. La maquette est extraordinaire. Elle ne porte que sur un seul point d’appui. C’est la jambe du cuisinier qui essaie de monter dans le bateau et on tire après lui parce qu’il est en retard. C’est lui qui sert de point d’ancrage pour les sept autres personnages », poursuit-il.

« Je travaille aussi sur un autre projet. Ce sera assez spécial. L’œuvre devrait se rendre à San Francisco, par l’intermédiaire de COGIR. COGIR est un de mes clients. La sculpture ira dans la cour intérieure d’une résidence pour personnes âgées », renchérit monsieur Langevin.

Laisser sa marque

Un lecteur a fait la suggestion que Roger Langevin fasse partie des personnalités qui seront bientôt honorées par la Ville de Rimouski dans un programme de reconnaissance des citoyens émérites qui va se concrétiser bientôt.

Un texte racontant l’arrivée de Dany Laferrière à Montréal a été inscrit tout autour du bloc formant les escaliers sur lesquels est assise la sculpture de Dany Laferrière. (Photo: courtoisie, Gregory Khuns)

« Je n’ai rien contre! Je suis très attaché à Rimouski. Ma première pièce pour Rimouski a été le Trimural du millénaire, très important et unique au monde. J’ai aussi fait la sculpture des Bâtisseurs et les Trois patineuses qui figurent parmi d’autres au parc Beauséjour. Mais il y a des choses, dans la vie, qui vont de soi. Je suis un privilégié, parce que mes œuvres vont me survivre longtemps. Une partie de moi ne mourra jamais, car mes œuvres monumentales sont fabriquées dans un matériau résistant. Cette pensée-là me réconforte. Je vais « parler » à des gens qui ne sont pas encore nés. »

Dans les détails

« Pour se souvenir d’un auteur, il faut ouvrir ses livres, mais mes sculptures sont là et on n’a pas besoin de les ouvrir pour les lire. C’est toute une responsabilité et je me concentre sur tous les détails. Je vise la perfection pour ne pas avoir de regrets. Par exemple, pour la sculpture de Dany Laferrière, j’ai gravé à la main, au laser, un texte de celui-ci en prenant soin de bien imiter son écriture. Je n’étais pas satisfait du premier résultat et j’ai recommencé. Là, je suis content du résultat. Je me suis inspiré des textes égyptiens qu’on retrouve sur des œuvres monumentales. Un des bons côtés, c’est que ça empêche les graffitis sur la sculpture », précise aussi l’artiste.

L’imposante sculpture représentant Dany Laferrière est transportée sur son site à l’aide d’un camion de remorquage. (Photo: courtoisie, Gregory Khuns)
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