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Nouvelle de 18 h

5,7 M$ pour écouter la mer: à quoi ça sert?

Explications d’un scientifique
Guillaume Saint-Onge à bord du Coriolis II. (Photo: courtoisie)

Un projet unique au monde codirigé par l’Institut des sciences de la mer de Rimouski (ISMER) de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) et le centre de recherche appliquée Innovation maritime d’une valeur de 5,7 M$ a été annoncé hier, à Rimouski.

Le commun des mortels est à même de se demander : pour quoi faire? Cet investissement conjoint appuyé par les gouvernements du Québec et du Canada en vaut-il la peine?

Métal du Golfe_VF

Pour répondre à ces questions, le journal le soir s’est adressé au directeur de l’ISMER, Guillaume Saint-Onge.

« Oui, ça vaut la peine! Fondamentalement, c’est capital de bien comprendre l’effet du bruit sur l’environnement marin. On se situe, en plus, dans un endroit idéal près du Saint-Laurent, qui possède une biodiversité d’une richesse extraordinaire, avec un ensemble de mammifères marins et des baleines dont plusieurs sont en voie de disparition, dont le béluga. C’est capital pour tout ce qui est développement durable, cohabitation entre la navigation et les mammifères. Pour agir, il faut se baser sur la science », commente monsieur Saint-Onge.

« Pour se baser sur la science, il faut des données. Il faut mesurer ce bruit-là et savoir ce qui en est. L’originalité du projet de la station de recherche acoustique marine, c’est qu’il va mesurer le bruit que font les navires dans l’eau, mais aussi, que les navires eux-mêmes qui souhaitent participer seront instrumentés pour mesurer leur propre bruit. Le volet de l’ISMER, c’est celui où on va mesurer le bruit sous l’eau. Innovation maritime, de son côté, va superviser l’instrumentation des navires pour savoir d’où provient le bruit produit par les navires. Ce sont deux exercices qui se feront en parallèle et qui se servent des expertises de deux instituts. Une fois les données caractérisées, on pourra travailler avec les armateurs pour trouver des moyens de réduire ce bruit », précise Guillaume Saint-Onge.

Deux entreprises spécialisées

Tous les armateurs intéressés pourront participer à cette recherche, mais quatre entreprises majeures ont déjà accepté, soit Canada Steamship Lines, FedNav, Transport Desgagnés et Algoma Central Corporation. Les instruments de mesure seront développés par deux entreprises de Rimouski, OpDAQ Systèmes, pour les navires et Multi Électronique, pour les bouées. Il y aura donc aussi des retombées importantes pour l’emploi en région. Juste à l’ISMER, on prévoit recruter huit personnes.

« On va écouter l’environnement marin, également, lorsqu’il n’y aura pas de navire de passage sur le fleuve. Cela permettra de développer d’autres projets de recherche sur les mammifères marins », explique monsieur Saint-Onge.

Les activités « sociales » des mammifères marins

Et en quoi le bruit des navires peut-il perturber les mammifères marins?

« Les mammifères marins se déplacent; ils socialisent avec les sons qu’ils émettent. Ça nuit à leur communication. Plus il y a de bruit, plus leur communication, qui est importante entre eux, est perturbée. Ils émettent des sons notamment pour reconnaître l’environnement dans lequel ils vivent. Il y a diverses activités importantes pour leur espèce. Ils pourraient avoir de la difficulté à se déplacer et pour n’importe quelle action qui nécessite qu’ils communiquent entre eux. Ces bruits et sons ne sont pas émis sur les mêmes fréquences. Nous avons des travaux déjà faits là-dessus », répond monsieur Saint-Onge.

Le Coriolis II

Le navire de recherche de l’ISMER, le Coriolis II, sera mis à contribution. Il permettra d’aller installer les bouées intelligentes. Si tout va bien, elles seront déployées au printemps. « On récupérera les instruments et les données à l’automne et nous allons faire ça pendant trois ans, sur environ six mois par année, en dehors de la saison hivernale. »

Le député fédéral salue le projet

Le député fédéral de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, Maxime Blanchette Joncas, a diffusé un communiqué de presse saluant le lancement du projet, ce matin. Le député accueille avec enthousiasme la confirmation d’une participation fédérale de 2,5 M$. Le gouvernement québécois y verse pour sa part 1,5 M$.

Position privilégiée

« Ce projet vient confirmer que le Bas-Saint-Laurent occupe une position privilégiée en recherche maritime appliquée non seulement ici, mais à travers le monde. Comme député, j’ai eu l’occasion d’échanger avec le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, de la pertinence de ce projet. Je me réjouis qu’il ait accordé une attention particulière à ce dossier, qui entraînera des retombées importantes dans le domaine du transport maritime et sur les mammifères marins, comme les bélugas », se réjouit Maxime Blanchette-Joncas.

Nouvelles connaissances

« L’acquisition de nouvelles connaissances sur le bruit généré par le transport maritime constitue un enjeu important pour la protection des mammifères marins du Saint-Laurent. Les données issues de la nouvelle station de recherche acoustique marine permettront de développer des solutions concrètes pour atténuer les impacts sonores et favoriser une cohabitation durable dans cet écosystème pourvu d’une biodiversité marine exceptionnelle, tout en permettant à l’UQAR-ISMER et à Innovation maritime de développer une expertise et une relève de pointe uniques au Canada », déclarent par ailleurs les directeurs de l’ISMER-UQAR et d’Innovation maritime, Guillaume Saint-Onge et Sylvain Lafrance, dans ce communiqué.

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