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Faits divers

Rémy Bélanger de Beauport témoigne de son attaque le soir d’Halloween, à Québec

Toujours hospitalisé, près de trois semaines plus tard
Rémy Bélanger de Beauport dans la vidéo qu’il a rendue publique hier. (Photo: capture d’écran Facebook)

Le musicien et militant social Rémy Bélanger de Beauport adresse un vibrant témoignage à ses amis et à la population sur l’attaque dont il a été victime le soir d’Halloween, alors qu’une personne éprouvant des problèmes de santé mentale a tué deux personnes et en a blessé cinq autres, dont lui, à Québec.

Monsieur Bélanger de Beauport, un ex-Rimouskois, a enregistré et diffusé un message audiovisuel de quelque 45 minutes sur sa page Facebook, hier. « Une fois pour toutes, je vais dire à tout le monde, exactement, ce qui s’est passé », déclare notamment l’homme de 37 ans. Le document est fidèle à ce grand artiste : simple, bien mis en scène, bien découpé sur le plan des informations et empreint de franchise.

Métal du Golfe_VF

Le 31 octobre dernier, Rémy Bélanger de Beauport complétait son parcours habituel de marche de fin de soirée, en passant par la rue Saint-Jean et la rue du Trésor pour arriver à la Place d’Armes, devant le Château Frontenac. Il prend une photo du Château à 22 h 18.

« Un gars chaud de l’Halloween »

« Je remets mon téléphone dans ma poche. Je me dirige vers le portail où il y a le service de valet parking du Château, pour poursuivre ma marche, pour aller peut-être vers les Plaines d’Abraham. Devant moi arrive un gars aux cheveux mi-longs, foncés. Il semble déguisé pour l’Halloween, mais légèrement. Il a quelque chose sur la tête. Il porte une cape. Il traîne dans sa main un long sabre. Il s’approche de moi. Tout se passe tellement vite. Mais j’ai l’impression que c’est un gars chaud de l’Halloween, un gars du genre qui fait semblant de te frapper juste pour « t’écoeurer » », relate la victime.

« Son sabre a frappé ma tête »

« Le genre de chose qu’on est habitué de voir quand on habite en ville. Il a levé son sabre dans les airs. Je n’ai jamais pensé qu’il me frapperait, je croyais qu’il allait faire semblant, mais son sabre a frappé ma tête, directement. J’ai vu des étoiles. J’ai perdu l’équilibre. Je suis tombé par terre. Je me suis retourné en me disant : « qu’est-ce que tu fais là? ». Je ne m’attendais tellement pas à ce que ça arrive! Je ne comprenais pas. Ensuite, il a continué de me frapper et le reste est un peu flou. Je ne me suis jamais retourné pour lui faire face ou lui rendre ses coups. Je me suis dit que ma seule chance de m’en sortir était de crier à l’aide », rappelle aussi monsieur Bélanger de Beauport.

« À l’aide, « help! » »

« J’ai crié à l’aide en français et « help » en anglais. Il y avait deux jeunes assis près de la fontaine de Place d’Armes. Je me suis dirigé vers eux. Quand ils ont vu que j’étais ensanglanté, ils se sont sauvés. Ils ont bien fait. Je me suis dit que j’espérais qu’ils ne fassent pas partie des victimes, que je ne l’ai pas entraîné vers eux. J’ai plusieurs flashes en tête. Au sol, je vois ma main ouverte. À côté de ma main ouverte, il y a mon index complètement séparé du reste de ma main. Je me vois prendre l’index dans la rue, le mettre dans ma autre main, refermer mes doigts et me dire : peu importe ce qui arrive, ma main est refermée sur mon doigt. Je ne sais pas pourquoi il ne m’a pas achevé. Je suis monté sur la fontaine, je me suis accroupi, j’ai levé la tête et vu que mon assaillant était parti. »

« Est venue ensuite une seconde de réflexion qui a probablement sauvé ma vie. J’ai décidé de me rendre au Château Frontenac pour être secouru. Je me suis levé et je me suis traîné comme j’ai pu jusqu’au valet parking du Château Frontenac. Je salue les employés du Château qui m’ont sauvé. Vous avez été exceptionnels de me garder avec vous et de me secourir. Les ambulanciers sont arrivés plus tard, m’ont examiné et m’ont transporté à l’hôpital. J’avais de plus en plus l’impression que mes bras étaient difficiles à lever. Vous comprendrez pourquoi », témoigne encore Rémy Bélanger de Beauport.

Avenir de musicien compromis

L’avenir de cet artiste sur le plan musical est peut-être compromis, car il a subi de très graves blessures aux mains.

Le bilan de santé qui fait suite à son agression est terrible : fracture des omoplates, fractures à l’épaule et au crâne, lacérations, presque tous les doigts de sa main droite atteints par le sabre. Après plusieurs chirurgies, il a pu faire recoudre son fameux index. Le majeur est sectionné à 50 %, l’annulaire est sectionné au tiers. Il fait preuve de résilience et assure qu’il reprendra sa carrière de musicien et d’artiste après une réadaptation qui s’annonce difficile.

Rémy Bélanger de Beauport dit avoir pardonné à son agresseur et en profite pour lancer un cri du cœur afin qu’on soutienne davantage les personnes qui ont des problèmes de santé mentale. Il est même prêt à le rencontrer. On peut prendre connaissance de son témoignage en cliquant sur ce lien.

Campagne

Par ailleurs, des amis musiciens de Rémy, des membres du Grand groupe régional d’improvisation libérée (GGRIL), ont émis le communiqué suivant ce matin:

« La communauté rimouskoise, qu’elle soit issue du cégep, du monde des arts ou du militantisme, est bouleversée par l’épreuve que traverse en ce moment Rémy Bélanger de Beauport, musicien violoncelliste improvisateur, militant et mathématicien. Le 31 octobre passé, Rémy a croisé la route du jeune homme qui, armé d’un sabre, a semé
la terreur dans la ville de Québec : deux personnes ont été tuées, cinq autres blessées. À la
suite de cet événement, ses ami.e.s de Rimouski, ses ex-collègues et les membres du GGRIL (Grand groupe régional d’improvisation libérée) ont décidé de lancer une campagne de sociofinancement dans le but de l’aider dans sa convalescence. »

« À son propos, Éric Normand, membre du GGRIL, dit : « Rémy est une personne engagée,
un être généreux qui ouvre les portes fermées, qui défonce le mur des préjugés. Nous ne
sommes pas surpris de l’entendre témoigner de son amour et de son empathie pour
l’homme qui l’a agressé. Rémy ne juge pas. Rémy agit et propose des solutions; Rémy est
un combattant. » »

« Ces qualités exceptionnelles expliquent sans aucun doute pourquoi
l’objectif de départ de la campagne fut atteint en quelques heures à peine. Dans une vidéo diffusée sur sa page Facebook, Rémy revient sur l’attaque qui le laisse grièvement blessé. Malgré sa force d’esprit impressionnante, nous comprenons que les jours et les mois à venir seront très difficiles. »

« Aujourd’hui, à la lumière du témoignage de Rémy et de la description de ses blessures, force est de constater que cet objectif initial aurait été bien insuffisant. C’est pourquoi nous souhaitons donner un second souffle à la
campagne de sociofinancement, dont l’objectif a été revu à 40 000$. Nous savons que Rémy suit ce qui se passe et que ce grand élan d’amour le touche énormément. Certains messages sont bouleversants et témoignent de notre immense solidarité envers notre camarade. Nous avons foi en sa force de guérison, mais nous savons
qu’il faut nourrir cette foi. Nos dons font le bon travail. Nous vous invitons à partager de
nouveau la campagne de sociofinancement et à faire circuler l’information à propos de
celle-ci. »

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