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Les travailleurs de première ligne vivent un stress difficile à supporter

La CSN a mis en ligne une vidéo qui met en scène des travailleurs de plusieurs domaines, dont l’aide à domicile, et qui tombent littéralement de fatigue. (Photo: capture d’image)

Les travailleurs de première ligne qui sont oeuvrent dans les secteurs de la santé et de l’éducation, notamment, sont exposés à un stress très important en raison de la crise sanitaire.

C’est ce qui ressort notamment d’une entrevue exclusive avec la présidente du Conseil central Bas-Saint-Laurent de la CSN, Nancy Legendre, réalisée par le journal le soir aujourd’hui.

Le Conseil central compte quelque 9 000 membres au Bas-Saint-Laurent qui sont syndiqués dans de nombreux secteurs d’activité, dont des milliers doivent négocier avec la menace de la COVID-19 qui plane au-dessus de leurs têtes. En tant que travailleurs de première ligne, ils sont en mesure d’identifier des lacunes importantes dans l’organisation des services par Québec, dans le contexte de la crise sanitaire.

Par exemple, quelques travailleuses en garderie ont manifesté ce matin pour réclamer des mesures spéciales afin d’éviter que certaines d’entre elles ne soient tentées de ne pas déclarer leurs symptômes parce qu’elles doivent continuer à travailler pour des raisons économiques.

« Les contraintes de la COVID-19 que vivent les travailleurs varient d’un secteur à l’autre. Dans le privé, ça va bien, car les propriétaires d’entreprise suivent leurs règles d’entreprise privée. Les règles sont suivies le plus strictement possible et encouragent le télétravail dans la mesure du possible. Dans le secteur public, là c’est autre chose. Nous avons des travailleurs en santé et en éducation qui vivent des moments difficiles. Il se passe bien des choses et ce n’est pas parce que les règles ne sont pas mises en place, au contraire », confie madame Legendre.

« Ils (le gouvernement) ont même mis en place des agents guetteurs pour accueillir les gens et limiter les risques de propagation, mais ça se passe plus ou moins bien. En éducation, ça a demandé une adaptation très importante aux enseignants, aux membres du personnel du soutien scolaire et dans les services de garde », estime Nancy Legendre.

Des bulles-classe inutiles

« Si on regarde les services de garde dans les commissions scolaires, le ministre a fait une grande promotion des bulles-classe pour éviter de promener les élèves, car ce sont les professeurs qui se promènent d’une classe à l’autre, mais en même temps, quand on parle du primaire, on a beau dire qu’on a une bulle-classe, les enfants vont aussi au service de garde de l’école. Les services de garde en milieu scolaire n’ont pas les installations pour gérer des bulles-classe. Alors, on prend les enfants le matin, on les met dans une garderie dans quatre ou cinq locaux, et quand la cloche sonne, on les dirige vers 20 classes différentes. À 15 h 30, quand l’école est finie, on les retourne dans quatre ou cinq classes, alors le concept de bulles-classe ne tient plus », décrit la présidente syndicale.

Les directives s’entremêlent

Nancy Legendre affirme que le milieu syndical a constaté que les ministères québécois semblent manquer de communication entre eux. « On parle du même gouvernement. Si c’était le gouvernement fédéral et le provincial qui avaient des difficultés de communication, on comprendrait pourquoi il y a des distorsions dans les directives. On fait face à deux ministères importants, l’Éducation et la Santé qui ont pourtant la même réalité. Par exemple, les travailleuses de service de garde dans les écoles sont payées quand elles sont en isolement, mais celles des centres de la petite enfance qui relèvent du ministère de la Famille ne sont pas payées. Il n’y a pourtant pratiquement de différence dans le travail qu’elles font et sont exposées aux mêmes risques. On y côtoie près d’une centaine de personnes par jour avec les enfants et les parents concernés. En plus, on essaie d’aider le gouvernement comme travailleurs de première ligne. »

« On voit l’importance des mesures à respecter et on la reconnaît, mais on fait face à des responsabilités énormes. On doit faire remplir aux parents des questionnaires pratiquement tous les matins pour s’assurer que ni les enfants ni les parents n’ont été en contact avec une personne infectée », ajoute madame Legendre.

Santé

Du côté de la santé, les travailleurs se trouvent souvent porteurs des mauvaises nouvelles sur les interventions reportées, en plus de vivre avec la crainte de contracter le virus.

« Les travailleurs de la santé sont toujours sur un pied d’alerte. Ils sont payés lorsqu’ils sont en quarantaine, mais au-delà de cela, ils affrontent une surcharge de travail énorme; ils sont au front et ils sont exposés. Pendant ce temps, le renouvellement des conventions collectives traîne depuis mars. Je déplore que le gouvernement du Québec n’ait pas profité de l’accalmie de la période estivale pour faire un ultime effort et régler les contrats de travail », rappelle Nancy Legendre.

« Lors de la première vague, monsieur Legault en avait beaucoup sur les épaules et on comprend que la négociation n’était peut-être pas sa priorité. Mais au printemps et cet été, il me semble qu’il aurait été des plus pertinents de mettre la priorité sur les conditions de travail des travailleuses et travailleurs. Parce qu’on n’est plus capable de recruter des gens. On peut dire qu’il y a des types d’emploi où on manque vraiment de personnes formées, mais c’est rendu à un stade où les gens ne veulent pas travailler en santé. Certains ont suivi la formation proposée par le gouvernement le printemps dernier, et ont renoncé par la suite », affirme la syndicaliste.

« On souhaite que Madame et Monsieur tout-le-monde soient bien au courant de tout ça. Oui, il y a la question des salaires, mais c’est fini le temps où on disait que les employés du gouvernement sont gras durs. Ça fait longtemps qu’on nous dit à chaque négociation que le gouvernement n’a pas d’argent, qu’on est en période d’austérité et qu’on ne peut pas nous donner beaucoup ou nous donner plus. Mais au-delà des salaires, ce sont les conditions de travail le problème, alors que la reconnaissance du public est bien là. Monsieur Legault peut bien remercier publiquement ses anges gardiens, c’est flatteur et ça fait plaisir, mais il faut plus que ça. Il faut s’attaquer aux conditions de travail», conclut la présidente régionale de la CSN.

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