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Rétrospective-février 2020: crise autochtone: «Il faudrait plus de sincérité»

Selon l’ancien candidat vert Jocelyn Rioux
Jocelyn Rioux (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

En février, différents blocus autochtones ou en soutien aux autochtones perturbent la circulation des biens sur le chemin de fer, à travers tout le pays, ce qui fait dire à un observateur que les conflits perdureront tant que les politiciens n’auront pas fait preuve de plus de sincérité.

Lors des dernières élections fédérales, le candidat du Parti vert dans Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, Jocelyn Rioux, s’est fait bien sûr le porte-voix des environnementalistes mais aussi celui des peuples autochtones. Il livre ici son opinion sur la crise.

Monsieur Rioux joue un rôle très actif au sein de la communauté métisse du Soleil Levant, dont une partie se retrouve concentrée à New-Richmond, près de Lestiguj, où des manifestants ont érigé des barricades, aux alentours de Campbellton N. B.. La crise origine de Colombie Britannique, où la nation Wet’suwe’ten a érigé un barrage pour empêcher la construction d’un gazoduc.

Transport des marchandises

Le transport par chemin de fer en est affecté d’un bout à l’autre du pays. De nombreux groupes en appui aux Wet’suwet’en, civils ou autochtones, se sont mis à tenir des manifestations qui troublaient parfois l’ordre public, même à Rimouski. Les impacts dans la région Bas-Saint-Laurent sont minimes pour les entreprises, sauf à Sayabec, pour le fabricant de panneaux de particules Uniboard qui a dû effectuer 70 mises à pied temporaires.

Ni d’un côté ni de l’autre

« Aucun groupe ne nous a demandé de l’appuyer, alors nous demeurons neutres. On se mêle de nos affaires. On est au courant de ce qui se passe, mais nous ne nous embarquons pas dans ce dossier. Nous considérons que les autres nations sont assez responsables pour savoir ce qu’ils ont à faire. Si on nous le demandait, on tiendrait un conseil de bande pour en discuter », exprime Jocelyn Rioux.

Cimetière

« À titre d’ancien candidat vert, je peux vous dire que le Parti vert a recueilli 14 823 signatures sur une pétition pour que Teck Ressources mette fin à son projet de gazoduc. Cette compagnie veut passer des tuyaux dans la réserve des Wet’suwet’en. »

« Ces autochtones se sont faits placer dans une réserve, où on leur dit qu’ils sont chez-eux, et une compagnie veut passer un gazoduc sous leur cimetière. Vous comprendrez que c’est normal qu’ils ne soient pas d’accord. La compagnie a dit après qu’elle allait passer trois km à côté du cimetière mais ils ne veulent pas davantage car c’est sur leur territoire. En plus, le gouvernement a des parts dans ce projet, ce qui complique les choses », affirme monsieur Rioux.

Droits

« Déjà, on a enlevé des droits à ces autochtones. Leur enlèvera-t-on encore autre chose? C’est un peu normal selon moi qu’ils aient « sauté » comme ça. Ça n’a pas de bon sens. Il faut les comprendre. Le climat social est lourd mais le peuple canadien il a fait quoi pour aider les autochtones? C’est ce qu’il faut remettre en contexte dans tout ça. »

« Pour qu’on lève ou qu’on ne lève pas les barricades, je ne sais pas où on s’en va. Si on ne voulait pas avoir de problèmes, on aurait dû passer le chemin de fer ailleurs. Je me souviens que pendant la campagne électorale fédérale, tous les partis disaient vouloir reconnaître les droits des autochtones et regarder où on en est! », soutient Jocelyn Rioux.

Sincérité

« En tant qu’homme politique, ce qui me choque, c’est de voir agir les gouvernements, comme au Québec, où Legault (François) dit qu’il faut prôner la réconciliation, mais envoie la Sûreté du Québec démanteler des barricades. Où est la réconciliation là-dedans? Le fédéral n’est pas mieux. Où sont la sincérité et l’honnêteté de ces politiciens par rapport aux autochtones? On veut leur vote mais on les peinture dans un coin », s’interroge Jocelyn Rioux.

« Le gouvernement fédéral libéral est pris entre deux chaises et il tarde à prendre les décisions qui s’imposent. Ce n’est pas en envoyant la GRC démanteler des barricades qu’on va régler les problèmes. C’est à ce gouvernement de s’asseoir avec les manifestants et de négocier », tranche-t-il aussi.

Parti autochtone

L’éventualité de créer un parti fédéral autochtone fait toujours son chemin et cette crise pourrait entraîner la création de celui-ci à plus ou moins long terme.

« Je songe toujours à m’impliquer dans ce projet mais il faut rallier tous les autochtones. Il y aurait de l’ouvrage à faire! Cela pourrait prendre au moins quatre ans à voir le jour. »

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