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Rétrospective 2020-octobre: il y a 50 ans, Pierre Laporte était retrouvé mort

La triste mais désormais célèbre photo de Robert Nadon, de La Presse, où on aperçoit la dépouille de Pierre Laporte dans le coffre d’une voiture. (Photo: La Presse, Robert Nadon)

L’année 2020 marquait le 50e anniversaire de la Crise d’Octobre 1970 au Québec. Le journal le soir a souligné l’événement avec plusieurs reportages, dont celui-ci.

Le 17 octobre 1970, il y a exactement 50 ans, le corps du ministre du Travail, Pierre Laporte, enlevé par le Front de libération du Québec (FLQ), était retrouvé dans le coffre d’une voiture à l’aéroport de Saint-Hubert, au Sud de Montréal.

C’est l’événement le plus tragique de la crise d’Octobre 1970, alors que le politicien avait été kidnappé par le FLQ tout juste devant sa demeure, le 10 octobre précédent. Cet enlèvement a incité le gouvernement fédéral à instituer la Loi des mesures de guerre six jours plus tard.

En fin d’après-midi le samedi 17 octobre, le ministre est toujours retenu contre son gré dans une maison de la rue Armstrong à Saint-Hubert. Deux de ses trois ravisseurs, Jacques Rose et Francis Simard, sont ses gardiens. Le captif s’est grièvement blessé, la veille, lors d’une tentative d’évasion par une fenêtre. Il s’est coupé à plusieurs endroits du corps et a perdu beaucoup de sang.

Pierre Laporte (Photo: The GAZETTE-Files)

Tentative d’évasion

Les explications concernant cette mort controversée divergent, mais il semble que les deux felquistes ont voulu d’abord épargner la vie de celui qui était considéré comme le numéro deux du gouvernement Bourrassa en le reconduisant dans un hôpital. Ils prévoyaient le laisser dans la voiture qui avait servi à son kidnapping et aviser les services d’urgence de sa présence par la suite. Mais le ministre Pierre Laporte aurait eu à cet instant critique une crise de panique. Comme il hurlait et gesticulait, ce serait en tentant de le maîtriser que les ravisseurs auraient causé sa mort.

Ces derniers auraient revu leurs plans, placé le corps de la victime dans la Chevrolet Biscayne verte qui avait servi à son enlèvement et conduit jusqu’à l’aéroport de Saint-Hubert, où ils ont laissé le véhicule et la victime sur place.

Les funérailles de Pierre Laporte. (Photo: Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Pour des motifs politiques, Paul Rose, Jacques Rose et Francis Simard auraient décidé tout de même de présenter le drame comme une « exécution » dans leur manifeste, mais également d’en partager entièrement la responsabilité. Volontaire ou non, reste que le geste qui fut perçu comme tel marqua la fin d’un certain appui populaire au Front de libération du Québec (FLQ). Les kidnappeurs, membres de la Cellule Chénier du FLQ, seront arrêtés, jugés et emprisonnés.

Histoire de la photo

L’histoire de la photo la plus célèbre de cet épisode, que nous publions en en-tête de cet article, a été racontée par son auteur, Robert Nadon, photographe de La Presse à l’époque, dans un texte paru sur le site de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec en janvier 2019.

En voici les principaux extraits :

« En 1970, je travaillais les week-ends à La Presse. En octobre, j’avais 27 ans et la fougue de la jeunesse. Le samedi 17, j’étais en train de développer des photos dans la chambre noire du journal quand j’ai reçu un appel téléphonique de Pierre Robert, directeur de l’information à la station de radio CKAC de Montréal. Nous nous connaissions bien tous les deux. Quelques semaines auparavant, j’avais été à même de lui rendre un service professionnel. Il ne l’avait pas oublié. Il m’a informé que CKAC venait de recevoir un communiqué annonçant la mort du ministre Pierre Laporte. Le Front de libération du Québec (FLQ) précisait où l’on pouvait retrouver le corps. « J’y envoie le reporter Mychel Saint-Louis, mais je lui ai demandé de t’attendre. » »

Arrivée à l’aéroport

« J’ai sauté dans ma voiture. Il était environ 23 heures lorsque je suis arrivé à Saint-Hubert. Mychel Saint-Louis m’y attendait. Nous avons pénétré sur le terrain peu éclairé avec, à ma suggestion, chacun de nos véhicules. Nous avons aperçu rapidement une Chevrolet, qui avait visiblement été abandonnée, dont les portières et le coffre étaient fermés. Nous n’avons pas touché à l’auto, mais j’ai commencé à en faire des photos. »

Sur la pointe des pieds

« Puis, du téléphone de sa voiture, Mychel Saint-Louis a appelé la police. Quelques minutes plus tard, des dizaines de policiers sont arrivés en trombe, refermant la grille de la compagnie d’aviation derrière eux, ce qui a empêché les représentants des médias, alertés eux aussi, d’avoir accès au terrain. Une vingtaine de policiers ont entouré l’automobile épaule contre épaule, pendant qu’un de leurs confrères forçait le coffre. Ouvert, celui-ci laissa voir un corps sous une couverture. Un photographe de la police a commencé à en faire des clichés, me bloquant l’accès direct au coffre. C’est debout sur la pointe des pieds et en tenant mon appareil à bout de bras que j’ai photographié la scène.»

Réaction de René Lévesque

Par ailleurs, le charismatique chef du Parti Québécois, René Lévesque avait réagit à la mort de Pierre Laporte sur cet extrait des archives de Radio-Canada que nous vous présentons ci-dessous.

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