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Pris dans un hachoir à viande : contourner un dispositif de sécurité est illégal

(Photo: Unsplash photos)

La Commission des normes, de l’équité, de la sécurité et de la santé au travail (CNESST) rend publiques les conclusions de son enquête sur l’accident du travail lors duquel un aide-boucher de l’entreprise 9346-4311 Québec inc., mieux connue sous le nom de Boucherie Huot enr., a été gravement blessé.

L’accident est survenu le 10 novembre 2016.

Chronologie de l’accident

Le jour de l’accident, le travailleur assistait ses collègues dans diverses tâches au département de la viande hachée. Quelques instants après avoir démarré un hachoir à viande, qui était rempli, le travailleur est monté dans l’escabeau permettant d’accéder à la trémie de l’appareil. Alors que l’appareil était en marche, le travailleur a ouvert le couvercle protecteur du hachoir, s’est penché et a introduit ses bras, vraisemblablement pour décoller des résidus de viande des parois du hachoir.

Le système d’interverrouillage du couvercle protecteur ayant été contourné pour permettre au hachoir de fonctionner en tout temps, le travailleur a été entraîné par des pièces en mouvement et s’est retrouvé coincé à l’intérieur de l’appareil. Constatant la situation, un collègue a actionné l’arrêt d’urgence et a demandé de l’assistance. Le travailleur a été dégagé de l’appareil.

Il a ensuite été pris en charge par les services d’urgence et a été transporté à l’hôpital pour y soigner des blessures à la tête et au membre supérieur droit.

Causes de l’accident

L’enquête a permis à la CNESST de retenir quatre causes pour expliquer l’accident :

  • Le contournement du système d’interverrouillage du protecteur du hachoir exposait le travailleur à des pièces en mouvement.
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  • La méthode de travail appliquée pour intervenir à l’intérieur de la trémie du hachoir ne prévoyait aucune mesure de contrôle des énergies.
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  • La gestion relative à l’entretien et la maintenance du hachoir étaient déficientes.
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  • Le manque de formation et de supervision du jeune et nouveau travailleur a fait en sorte que ce dernier ignorait le bon fonctionnement du hachoir et les dangers inhérents à son utilisation.

Interdit d’utilisation

À la suite de l’accident, la CNESST a interdit l’utilisation du hachoir impliqué dans l’accident ainsi que celle d’un deuxième hachoir qui y était relié. Afin que la remise en marche du hachoir à viande soit autorisée par la CNESST, les mesures correctives suivantes ont été exigées :

  • s’assurer que toutes les composantes du dispositif d’interverrouillage sont fonctionnelles;
  • instaurer une procédure pour le contrôle journalier du fonctionnement du dispositif de sécurité du hachoir;  
  • informer les travailleurs qui manœuvrent cette machine des directives de sécurité établies par le fabricant et des méthodes de travail sécuritaires à respecter et leur offrir une formation adéquate, notamment en leur remettant des directives écrites.

L’employeur a depuis mis en place des correctifs pour assurer que le dispositif de sécurité des hachoirs est fonctionnel et que la formation des employés est adéquate. Il a aussi établi une procédure pour la méthode de contrôle des énergies.

Comment éviter un tel accident

Le contournement d’un dispositif de sécurité d’un équipement va à l’encontre de la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST), des règlements qui en découlent et des règles de l’art. Rappelons que, selon l’article 51 de la LSST, l’employeur doit fournir un matériel sécuritaire et assurer son maintien en bon état. Il doit également :

  • utiliser les méthodes et techniques visant à identifier, contrôler et éliminer les risques pouvant affecter la santé et la sécurité du travailleur;
  • s’assurer que l’organisation du travail et les méthodes et techniques utilisées pour l’accomplir sont sécuritaires et ne portent pas atteinte à la santé du travailleur;
  • informer adéquatement le travailleur sur les risques reliés à son travail en lui assurant la formation, l’entraînement et la supervision appropriés afin que le travailleur ait l’habileté et les connaissances requises pour accomplir de façon sécuritaire le travail qui lui est confié.

Suivis de l’enquête

Pour éviter qu’un tel accident se reproduise, la CNESST demandera à l’Association des Bouchers et Bouchères du Québec, à l’Association des marchands dépanneurs et épiciers du Québec ainsi qu’à l’Association des détaillants en alimentation du Québec d’informer leurs membres des conclusions de l’enquête.

De plus, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur diffusera, à titre informatif et à des fins pédagogiques, le rapport d’enquête dans les établissements de formation offrant le programme d’études en boucherie.

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