Les normes de Transport Québec bousculent la réforme du transport collectif
Le travailleur communautaire Michel Dubé, coordonnateur d’Action populaire Rimouski-Neigette, réagit à l’attribution du contrat de service de transport en commun de 5 M$ à la compagnie La Québécoise, par le conseil municipal de Rimouski, lundi.
Monsieur Dubé, dont le rôle est de défendre les personnes à faible revenu, déplore une contradiction dans la façon dont « le système » fonctionne.
La Ville de Rimouski a accordé un contrat de 4,9 M$ à La Québécoise, de Québec, celle qui était déjà en place, pour la desserte de transport par autobus des cinq prochaines années. La somme exacte payée est de 4,98 M$ plus taxes.
Le nouveau contrat coûte 1 M$ de plus, mais le plus bas soumissionnaire conforme s’engage à fournir 2 900 heures supplémentaires en banque d’heures de service que pour son engagement précédent.
Le contrat prévoit également le changement des minibus actuels. Cette démarche s’inscrit comme étape dans le processus d’amélioration du service.
Mais voilà le hic : la Ville de Rimouski est bousculée par le temps, alors qu’une démarche de consultation avait entraîné une série de recommandations, sur lesquelles on doit encore statuer pour améliorer la desserte.
Six mois
« Il faut une période de six mois au fournisseur pour procéder à l’achat d’autobus. C’était impératif d’octroyer le contrat dès ce soir (lundi), pour se rendre au début d’août, où on doit procéder au lettrage des véhicules », a alors précisé le conseiller municipal Sébastien Bolduc, vice-président de la Société des transports de Rimouski.
« Cela va donner à la Ville suffisamment de temps entre maintenant et l’entrée en vigueur du nouveau contrat pour pouvoir réfléchir aux améliorations qui seront apportées », avait ajouté le maire, Marc Parent.
« Je ne reproche rien à la Ville, mais un contrat de cinq ans c’est long. Le conseil sortant aurait sans doute voulu avoir plus de temps pour réfléchir sur les améliorations qu’on souhaite voir adopter. Il aurait sans doute voulu attendre, mais il ne pouvait pas attendre. Il se fait bousculer par les normes et/ou la loi du ministère du Transport. On avait pris du retard, mais là on est allé vite », remarque-t-il.
Campagne électorale
« Nous, on aurait bien aimé que l’amélioration des services de transport collectif soit débattue sur la place publique pendant la prochaine campagne électorale. On peut se demander jusqu’à quel point le conseil suivant aura de la marge de manœuvre. Les prochains élus ont-ils déjà les mains liées par le contrat? Disons qu’une personne très « sociale » se retrouve à la mairie, décide que pour elle l’environnement est très important et veut rehausser sérieusement le service et l’implication de la Ville, pourra-t-elle le faire? », s’interroge monsieur Dubé.
Questions en suspens
« Il reste bien des questions en suspens. Quels véhicules seront choisis? On l’a dit souvent dans les consultations publiques que les véhicules ne sont pas confortables ni accueillants. On aimerait avoir droit à des amortisseurs de qualité. Il y a des critiques qui ont déjà dit que nos véhicules ressemblaient à des sapins de Noël!!! Comment se fera l’entretien? Notre flotte présente est vieillissante et pas nécessairement écologique. Il faut des planchers bas pour une certaine clientèle et des abris sécuritaires. Cela concerne peut-être peu d’usagers, mais ce sont des personnes dont les droits sont bafoués pour des raisons techniques. Il y a encore beaucoup à faire pour répondre aux attentes exprimées », avance Michel Dubé.
Secteurs résidentiels ignorés
Une des grandes lacunes relève de la simple logique, selon Michel Dubé. Les secteurs de la ville où les édifices sont plus vieux sont forcément des secteurs où les loyers sont les moins chers et donc, ceux où on retrouve une concentration de personnes à faible revenu.
« Par exemple, l’avenue Rouleau, entre 2e rue et Arthur-Buies, n’est pas considérée comme un « point d’intérêt » par la Société des transports. Il y a plein de gens dans ce genre de secteur qui prendraient l’autobus, mais qui ne l’utilisent pas parce que leur point d’arrêt est trop éloigné de leur domicile. Ce sont pourtant bien des gens qui en ont besoin, de l’autobus! »
Finalement, monsieur Dubé invite La Québécoise à soigner ses chauffeurs. « Plus heureux, ils seraient sûrement un peu plus souriants. »