Des aînés seraient victimes d’âgisme pour récupérer leur permis de conduire
Le député de Rimouski à l’Assemblée nationale, Harold LeBel, se préoccupe d’un phénomène qui touche les personnes âgées : les démarches qu’elles doivent accomplir pour conserver ou récupérer leur permis de conduire.
Le député a profité de la période des questions au feuilleton de l’Assemblée nationale pour intervenir à ce sujet, en début de semaine.
« L’évaluation de la conduite automobile, en principe, est demandée si vous observez des changements dans votre condition physique ou mentale. Une réduction de nos facultés à la suite d’une maladie doit être évaluée par un ergothérapeute. C’est tout à fait normal, mais l’âge ne doit pas être un critère discriminatoire. On constate qu’un grand nombre de personnes âgées doivent passer un examen de conduite de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) et il arrive très souvent que la SAAQ leur demande des rapports avec un ergothérapeute à la suite d’un échec au test routier », explique-t-il.
« Les frais chez un ergothérapeute actuellement, soit 650 $, et les délais pour obtenir un rendez-vous, soit un an d’attente, sont inacceptables. Dans le passé, ce service gratuit était offert par le Centre intégré de santé et des services sociaux (CISSS) de la région. Depuis quelques années ce service est offert au privé seulement et on constate une augmentation des coûts qui sont devenus difficiles à assumer pour les personnes âgées. En plus du stress qu’ils doivent vivre pour cette évaluation, s’ajoute aussi l’angoisse liée à l’aspect financier », poursuit monsieur LeBel.
Des cas
« J’ai eu plusieurs cas. J’ai une dame qui s’est fait demander par son médecin en quelle année elle était née. Elle lui a répondu, par exemple, en 1942. Sans aucune vérification additionnelle, le médecin lui a carrément dit qu’il ne pouvait rien faire pour l’aider à récupérer son permis. Ça s’arrêtait là. Il n’a demandé aucun autre examen. J’ai dû appeler à Québec pour vérifier le dossier de la dame (à la Société de l’assurance automobile). Ils m’ont dit que tout était correct, mais qu’il fallait un rapport de médecin. Son permis a été suspendu sur le champ. On a insisté et demandé un autre rapport médical, mais le médecin a encore refusé », précise le président du Cercle culturel de l’amitié de Rimouski, un club de 50 ans et plus, Gilbert Rivard.
De 150 $ à 650 $
« Un des problèmes, c’est qu’on n’a pas tous de médecin de famille. Un autre cas : un monsieur de quelque 67 ans a été interpellé par un policier. Celui-ci lui a demandé il était né en quelle année et lui a dit qu’il aurait un autre examen à passer à la SAAQ. Les ergothérapeutes sont un autre problème. Auparavant, on allait au centre de santé. Après, ça a été transféré au privé. Ça coûtait 150 $ au début pour un rapport pour le permis de conduire, mais c’est rendu à 650 $. Ça prend un an pour avoir un rendez-vous. On vient nous dire aussi que les plus jeunes passent avant les plus vieux », renchérit Gilbert Rivard.
« Et en plus, si on manque son premier examen avec l’ergothérapeute et qu’on en veut un autre, il faut débourser un autre 650 $. Les gens âgés ne sont pas tous aussi riches que ça. J’ai écrit à Québec pour que ça redevienne gratuit ou que les frais soient minimes », déplore-t-il.
Service nécessaire
« Dans une société démocratique comme la nôtre qui a des valeurs sociales importantes, comment peut-on en être arrivé là en éliminant complètement ce service public qui était nécessaire pour une grande partie de la population? À mon avis, il y a situation d’âgisme, une discrimination lorsqu’il s’agit d’une personne âgée versus un jeune. Un jeune peut reprendre son examen à la SAAQ sans avoir à aller chez un ergothérapeute », argumente aussi Harold LeBel.
La question de ce dernier est celle-ci « Est-ce que le gouvernement va reconsidérer cette règle afin d’offrir à la population, y compris aux aînés, un service d’ergothérapie au public? »
Nombreux facteurs
Selon l’Ordre des ergothérapeutes du Québec, l’exercice de l’ergothérapie dans le domaine de la conduite de véhicules routiers couvre une vaste étendue d’activités professionnelles qui incluent entre autres facteurs : -le maintien des habiletés requises pour une conduite autonome et sécuritaire; -le dépistage des conducteurs à risque; -l’évaluation des habiletés fonctionnelles requises à l’activité de conduire; -l’établissement d’un plan d’intervention en vue de permettre à une personne : -l’utilisation d’un véhicule en tant que conducteur ou passager, ou de pallier la perte de son permis de conduire.
Un tel plan d’intervention peut notamment comporter la recommandation d’une période d’entraînement visant la révision des techniques de conduite; une modification des habitudes de conduite de la personne; un développement de l’autonomie à conduire ou à accéder à un véhicule adapté, incluant les recommandations en matière d’adaptation du véhicule; l’accès à des moyens de transport alternatifs.