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L’adoption du projet de Groupe Fari attise le feu du conflit interne au conseil municipal

Virginie Proulx répond aux questions de ses collègues lors de l’assemblée en visioconférence d’hier. On remarquera Marc Parent, Jocelyn Pelletier et Simon Saint-Pierre qui l’observent dans les cases du haut. (Photo: capture d’écran)

L’adoption d’une résolution permettant de passer à l’étape finale en vue du projet de résidence pour personnes âgées de 20 M$ de Groupe Fari sur la rue des Flandres, à Rimouski, a donné lieu à des échanges qui témoignent de l’hostilité persistante entre la conseillère municipale du district du Bic, Virginie Proulx, et plusieurs autres membres du conseil municipal.

Lors du vote à ce sujet, hier soir, en assemblée ordinaire, madame Proulx s’est en quelque sorte permis de faire la leçon aux autres membres du conseil, en mentionnant que pour ce genre de projet, dans le futur, la Ville devrait faire preuve de plus de transparence et devrait impliquer les citoyens plus tôt dans le processus.

Ce geste a été perçu par des membres du conseil comme une occasion pour madame Proulx de se faire du capital politique en vue de la prochaine élection à la mairie. Pour ceux qui ont raté l’assemblée du conseil, un visionnement de la reprise télévisée ou de la retransmission par le web devrait valoir le coup d’œil.

Nous aurions pu…

« Nous aurions ainsi pu améliorer l’acceptation sociale et éviter le mécontentement qui est ressenti par des citoyens qui sont contre le projet, ce, au bénéfice de tous. J’espère que le conseil municipal va tirer des leçons de cette expérience et qu’il va impliquer à l’avenir davantage les citoyens, en amont des projets qui touchent leur milieu de vie », a notamment fait remarquer Virginie Proulx, tout en votant « pour ».

« Je suis satisfait de nos décisions de ce soir qui nous permettent d’avancer dans la réalisation du projet », a dit le maire, Marc Parent, cédant la place à des élus qui avaient manifesté leur intention de répondre à madame Proulx.

« Tour du voisinage »?

Le ton de Jocelyn Pelletier, du district Saint-Robert, était provocateur envers celle-ci. « Est-ce que vous suggérez que les promoteurs, avant de présenter leur projet au Service d’urbanisme, fassent le tour du voisinage quand ils envisagent d’acheter un terrain ? »

« Évidemment, non, mais d’emblée, avant de sortir un projet, on devrait aller voir les citoyens concernés avec le promoteur et avec la Ville. Regarder ce qu’on pourrait faire ensemble pour essayer d’adapter le projet, pour qu’il ait une meilleure acceptabilité sociale », s’est notamment défendue madame Proulx.

« Madame Proulx, quels citoyens allez-vous visiter? », a renchéri monsieur Parent.

« Évidemment, ceux qui sont les plus affectés », a répondu madame Proulx.

« Alors, comment allez-vous déterminer qui sont les citoyens qu’il faut rencontrer? », est revenu à la charge le maire.

« Ceux qui sont près du projet; ceux qui ne sont pas contents de voir un gros édifice arriver chez eux », a entre autres répété madame Proulx

« Et bien entendu, tout ça aurait été fait avec une entente précisant que ces citoyens-là n’allaient pas aller partager l’information sur les réseaux sociaux ou dans les médias », a ironisé monsieur Parent.

« Ça aurait pu être ça », s’est contentée de dire Virginie Proulx.

Porte-à-porte?

Le conseiller de Saint-Pie-X, où le projet doit être réalisé, Simon Saint-Pierre, en a « rajouté une couche », sur le même ton que monsieur Pelletier : « Si je vous comprends bien, madame Proulx, n’importe quel promoteur immobilier qui veut faire un changement de zonage, à Rimouski, devrait faire du porte-à-porte autour de son projet? »

« Bien non, ce n’est pas ce que je dis », a notamment réagi la candidate à la mairie, avant de répéter ses principaux arguments… et que monsieur Saint-Pierre répète sa question.

Le conseiller du district Sacré-Cœur, Sébastien Bolduc, a été le dernier à intervenir, mais ses commentaires ont été moins cinglants et sa question plus respectueuse.

Nous vous ferons grâce du reste, mais l’auteur de ces lignes ne pouvait passer sous silence ces échanges inutiles qui reflètent fort bien la tension qui règne entre certains élus, en cette dernière année de mandat, et tandis que Virginie Proulx est toujours exclue des réunions en comité plénier.

Explications

Par ailleurs, la Ville a diffusé ce matin un communiqué officiel qui explique les raisons pour lesquelles le conseil municipal a décidé de passer directement à l’étape finale de son autorisation.

« Les membres du conseil municipal ont adopté une résolution mettant fin au processus d’approbation du projet de résidence pour personnes âgées sur la rue des Flandres, tel qu’amorcé initialement dans le cadre du projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI). Cette décision s’appuie sur le fait que le projet est plutôt assujetti à l’article 123.1 de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme portant sur la réalisation de projets qui répondent à des caractéristiques sociales, dans un processus incluant une consultation publique, sans toutefois nécessiter d’approbation référendaire », précise la Ville.

Légitimité

« Après l’analyse de cette disposition, nous en sommes venus à la conclusion que le projet de résidence pour aînés sur la rue des Flandres correspond au type de projets qui peuvent bénéficier d’une exception au processus d’approbation référendaire. Tout en maintenant toute la légitimité de ce processus, le législateur a prévu une exception au mécanisme pour des projets à caractère collectif ou visant des personnes vulnérables ayant besoin de soins et d’hébergement, compte tenu de leur portée sociale. Cette nouvelle construction répond aux besoins de l’ensemble de notre collectivité, dans un contexte de crise du logement et de vieillissement de la population. D’ailleurs, une grande partie de la population rimouskoise s’est montrée favorable au projet au cours des dernières semaines », soutient le maire, Marc Parent.

« Le 10 mars dernier, la Ville de Rimouski avait annoncé la mise sur pause du processus après le dépôt du premier projet de résolution, et ce, afin de bien répondre aux besoins d’information de la population. Depuis, plusieurs étapes bénéfiques ont été franchies pour répondre aux préoccupations des résidents. Différentes solutions ont été proposées, dont l’implantation d’un projet pilote de diminution de vitesse à 40 km/h dans le secteur des Prés du Saint-Rosaire, l’engagement de protection du boisé, ou encore, l’entretien des bandes riveraines », mentionne le communiqué.

Prochaines étapes

Dans le cadre du nouveau processus d’autorisation du projet entamé par la Ville de Rimouski, une consultation publique écrite se tiendra du 29 avril au 13 mai. Le conseil municipal statuera sur la demande de projet particulier soumise par le Groupe FARI lors de la séance publique du lundi 17 mai.

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