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Nouvelle de 18 h

Des députés se sentent exclus par la Table des élus municipaux

Le nombre de participants à la cellule de crise est réduit, par souci d’efficacité
Harold LeBel, Michel Lagacé et Pascal Bérubé. (Photo: photomontage, archives)

Une décision prise par la Table des élus du Bas-Saint-Laurent (TREMBSL), celle de demander à la députation de ne plus assister aux réunions de la cellule de crise régionale mise en place pour effectuer un suivi de la pandémie, vient de créer un froid entre des députés et des élus municipaux.

Lors des rencontres de cette cellule de crise, de nombreux intervenants comme les directions régionales des différents ministères, le Centre intégré de la santé et des services sociaux (CISSS), la direction régionale de la Santé publique, les élus des villes centres et les préfets de la TREMBSL et les députés provinciaux et fédéraux étaient invités à participer à des mises à jour complètes des autorités provinciales.

Cela permettait de coordonner la diffusion des informations et la mise en œuvre des mesures ou programmes. La Table régionale des élus du Bas-Saint-Laurent coordonnait ces rencontres. Elle a demandé de réduire le nombre de participants aux rencontres de mises à jour par souci d’efficacité.

De manière paradoxale, ce différend entre élus survient au moment où des intervenants politiques, économiques et sociaux tentent de faire entendre une voix commune pour forcer Québec alléger les mesures sanitaires.

Dans tous les sens

Le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, croit qu’au contraire, cela dédoublera les efforts.

« J’ai appris ça hier. Je ne sais pas ce qui a motivé leur décision (des membres de la TREMBSL), mais ça ne nous empêchera pas d’aller chercher de l’information où cela nous apparaît nécessaire. Il serait sain que les élus municipaux se concertent, parce que ça va un peu dans tous les sens. Mes concitoyens savent que mes propositions sont cohérentes depuis le début et ils sont plutôt satisfaits de celles-ci. Que des élus décident de faire les choses d’eux-mêmes, ça va juste dédoubler les choses. Le CISSS devra faire des présentations pour les députés aussi et je ne suis pas sûr qu’on y apprécie la nouvelle situation », déclare-t-il.

Vieilles rivalités?

Certaines de nos sources font allusion à de vieilles rivalités politiques pour expliquer ce que les députés estiment être une mise à l’écart.

« J’ai validé auprès des élus municipaux de mon territoire, pour savoir quels étaient ceux qui étaient en faveur de ça (l’exclusion). Bien peu ont voulu me l’avouer, mais le maire d’Amqui (Pierre D’Amours) a eu l’honnêteté de le faire. Il y a peut-être encore un peu du fond caquiste en lui qui est entré considération, puisqu’il a été mon adversaire de ce parti lors élections de 2012. Je crois que la population va mal réagir à cette situation, parce qu’il faut que tous les élus soient rassemblés et parce que ceux qui ont eu cette idée ont eu une très mauvaise idée », affirme Pascal Bérubé.

Peut-être moins nécessaire?

Le préfet de la MRC de La Mitis, Bruno Paradis s’étonne quand on lui présente la chose comme un conflit.

« Il n’y a pas vraiment de conflit avec ça! C’est très simple : on a eu des discussions. Au départ, les rencontres avaient lieu entre élus municipaux et les députés ont alors demandé de se joindre à nous, ce que nous avons accepté. Certains ont éprouvé un malaise ces derniers temps. Personnellement, je dirais que ces réunions étaient plus pertinentes au début de la crise, parce qu’on ne connaissait pas la COVID-19. Nous n’étions pas conscients à ce moment de tout ce que ça impliquait. »

Ne pas déchirer sa chemise

« Aujourd’hui, moi-même, je n’y participe pas toujours. Il y en a qui ont voulu revenir à la formule avec juste des élus municipaux. Moi, que Harold ou que Pascal soient là ou non, ça m’importe peu. Il y a peut-être d’autres instances auxquelles les députés peuvent s’adresser. J’ai décidé de ne pas déchirer ma chemise là-dessus, parce que, de toute façon, j’ai, de mon côté, de moins en moins de temps à y consacrer. Je sais par contre qu’on a accès à l’information autrement. On doit prioriser nos activités et j’ai décidé de moins participer à ces rencontres », constate Bruno Paradis.

Bruno Paradis (Photo: archives)

Leadership transféré

« Au début de la crise, on a demandé à la ministre régionale de mettre en place une cellule de crise, de mettre en lien les élus municipaux et Québec. Elle l’a fait, mais assez rapidement, elle a transmis le leadership de ce dossier à Michel Lagacé (président de la TREMBSL). Ça a fait en sorte que chaque semaine, on était en télérencontre, les élus de Québec, les élus municipaux, les préfets, les maires des grandes villes, avec la Santé publique assez régulièrement, mais toujours avec le CISSS. On a réglé bien des affaires, notamment pour les barrages; tout le monde se parlait », rappelle le député de Rimouski, Harold LeBel.

Bénéfices politiques

Une des raisons du malaise est, selon monsieur LeBel, que des élus municipaux craignent que les députés utilisent les informations reçues dans la cellule de crise à des fins politiques.

« Ça avait toujours bien été. Puisque la ministre ne participait pas, c’est devenu une cellule contrôlée par la TREMBSL. C’était cependant tellement clair à la base que les députés devraient y être qu’on avait même ajouté les députés fédéraux. Depuis quelques semaines, ça a l’air de moins bien aller. Des élus municipaux se disent moins à l’aise avec les députés; il y aurait des informations données qui pourraient être utilisées politiquement, etc. Ils sont arrivés à la conclusion qu’ils décidaient de nous exclure des rencontres. On l’a appris hier, par courriel », renchérit monsieur LeBel.

Pas content!

« Ma réaction? Je ne suis pas content! Je trouvais que c’était une bonne manière de fonctionner. On faisait preuve de solidarité, d’une concertation qui nous a permis de grandes avancées. Ce qui m’inquiète, c’est ce que ça sous-tend. Ça sous-tend que la direction régionale de la Santé publique et le CISSS ne peuvent pas dire la même chose devant nous, les députés, que devant les maires. C’est assez particulier. Devant les maires, on pourrait aller plus loin que devant nous, parce qu’on a peur qu’on fasse de la politique avec ça? On retiendrait l’information devant les députés, mais pas devant les maires? Voyons! C’est assez particulier comme analyse »

Des élus… de l’opposition

En clair, Harold LeBel espère que cette histoire ne deviendra pas une discrimination envers des députés dûment élus pour représenter leurs citoyens.

« Je ne veux pas lancer la pierre à tout le monde, j’ai de bonnes relations avec tous, mais je ne peux pas accepter qu’on songe même à ne pas nous donner des informations importantes parce qu’on est des élus, des élus… de l’opposition », tranche le député rimouskois.

Souci d’efficacité

Le journal le soir a invité le président de la Table régionale des élus du Bas-Saint-Laurent, Michel Lagacé, à expliquer sa position.

« L’année passée, c’est la TREMBSL qui a mis en place un lieu de discussion avec le CISSS. À ce moment, nous avions identifié quelles étaient les personnes/fonctions que nous souhaitions réunir avec le CISSS. Nous avons alors invité les directions régionales des différents ministères, la députation provinciale et la députation fédérale. Là, il n’y a pas eu de rencontre depuis un mois. La semaine dernière, quand on a eu notre assemblée de la TREMBSL, on s’est questionnés », mentionne monsieur Lagacé.

Une heure à 25-30 personnes

« Fallait-il continuer à tenir des réunions aussi élargies ou réduire le format? Nous avons une heure pour nos rencontres. On se retrouvait à 25-30 personnes et une heure de rencontre, ça passe trop vite. Ça fait presque deux mois qu’on invite plus les directions régionales des ministères. On est maintenant au fait de ce qu’ils avaient à nous dire. La semaine dernière, les membres de la TREMBSL se sont demandé s’ils souhaitaient poursuivre en grand groupe ou confier le mandat à l’exécutif de la TREMBSL. Les membres de la Table ont constaté qu’il était important que les élus municipaux soient présents; on parle beaucoup de vaccination et les enjeux de la vaccination sont par territoires de MRC et ça se passe dans les villes », explique encore monsieur Lagacé.

« On a donc décidé de réduire le nombre d’intervenants, en se disant que la députation a déjà accès à des mises à niveau sur tout ce qui se passe sur la COVID, au Québec. On a dit : « on va se retrouver entre nous », mais il ne faut pas y voir un conflit. On travaille toujours avec les députés », conclut le président de la Table.

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