L’existence du PQ semble plus que jamais compromise
La décision de siéger dorénavant comme indépendant du député de Bonaventure à l’Assemblée nationale, Sylvain Roy, assène un autre coup dur au Parti Québécois, dont l’avenir semble compromis plus que jamais et pour de bon.
Après avoir obtenu seulement 17,06% des voix et fait élire seulement 10 députés sous la direction de Jean-François Lisée, en 2018, le PQ ne compte plus que sept députés à l’Assemblée nationale, puisque Catherine Fournier, Sylvain Roy et Harold LeBel sont devenus des députés indépendants pour diverses raisons.
De plus, l’Est du Québec, qui s’érigeait comme le dernier bastion péquiste, perd deux de ses sept députés. Il reste Lorraine Richard (Duplessis), Méganne Perry-Melançon (Gaspé), Joël Arseneau (Île-de-la-Madeleine), Pascal Bérubé (Matapédia-Matane) et Martin Ouellet (René-Lévesque).
Ajoutons que la dernière course à la direction du parti entre Sylvain Gaudreault, Guy Nantel, Frédéric Bastien et le gagnant, Paul Saint-Pierre Plamondon, n’a pas suscité beaucoup d’intérêt en octobre 2020, avec 35 800 votants.
Monsieur Roy est le seul des trois députés indépendants à avoir expliqué son départ par des différends avec le chef.
Embarras général
Invités par le journal à livrer leurs commentaires, messieurs Roy, Bérubé et LeBel se sont tous abstenus. Leurs brèves réponses pour décliner cette invitation en disaient long sur l’embarras général.
Tout ça à l’aube des prochaines élections prévues pour le 3 octobre 2022. Si les péquistes régionaux sont désolidarisés, de grands changements pourraient alors survenir dans l’Est du Québec.
Confiance brisée
« Récemment, il est arrivé un évènement qui a brisé le lien de confiance qui existait entre moi et le chef du Parti Québécois. Pour cette raison, j’annonce que je suis dans l’obligation de quitter le caucus du Parti Québécois. Je siégerai comme indépendant et continuerai de défendre les intérêts des Québécois, des Gaspésiens et des gens de ma circonscription. Je demeure un militant de notre liberté, de notre émancipation et de l’obligation de nous faire respecter que ce soit comme nation ou comme individu », a écrit monsieur Roy sur sa page Facebook, ce midi.
Pas une surprise
La réaction du chef du PQ a confirmé que les relations n’étaient pas au beau fixe entre les deux hommes.
« Pour nous, ce n’est pas une surprise, a réagi le chef péquiste Paul Saint-Pierre Plamondon en entrevue avec Mario Dumont à LCN. Dès mon arrivée comme chef, monsieur Roy a remis en question sa reconnaissance de ma chefferie. Puis, on a eu des difficultés dans plusieurs dossiers, donc nous, on savait que le lien de confiance était difficile à établir. Ce n’est pas faute d’avoir essayé », a rapporté le grand quotidien Le Devoir, en début d’après-midi.
Bas-fonds historiques
Le professeur de Science politique du Cégep de Rimouski et chroniqueur au journal le soir, Benoît Collette, estime que le geste de monsieur Roy entraîne de nombreuses questions : Paul Saint-Pierre Plamondon se rendra-t-il aux prochaines élections? Le PQ survivra-t-il à ces prochaines élections? Le portrait de la députation dans l’Est s’en retrouvera-t-il complètement bouleversé? Les électeurs choisiront-ils « la femme », « l’homme » ou le parti?
« On ne sait pas à quoi monsieur Roy fait référence dans son message, mais ça ne va pas bien pour le PQ. Ça va même mal! On pourrait difficilement dire le contraire. Il ne reste plus beaucoup de députés du PQ. Il y a eu des problèmes financiers après la défaite de Jean-François Lisée, le chef précédent. La course à la chefferie n’a pas soulevé un enthousiasme délirant. Les candidats étaient très typés, très différents, ce qui peut laisser croire que les militants sont noyautés dans différents groupes qui ont des valeurs différentes. Le parti traîne la patte dans les sondages. Il atteint des bas-fonds historiques », remarque monsieur Collette.
Si les députés de l’Est ne forment plus un bloc, notre interlocuteur ne donne pas cher de la peau du parti.
« Monsieur Saint-Pierre Plamondon va peut-être se rendre aux prochaines élections, mais est-ce qu’il va y survivre politiquement? Est-ce que le Parti Québécois va survivre aux prochaines élections? On peut commencer à se poser ces questions-là. Présentement, la CAQ (Coalition Avenir Québec qui forme le gouvernement majoritaire) est très populaire presque partout et l’Est du Québec est la seule région où le PQ est encore très présent. Le PQ a été pratiquement rayé de la carte dans les autres régions du Québec. »
L’article un
Pascal Bérubé est chef parlementaire du Parti Québécois et plusieurs le voyaient comme candidat à la chefferie du Parti Québécois. Son heure serait-elle venue?
« Il serait peut-être naturellement le mieux placé pour prendre la direction. C’est un parlementaire réputé et respecté, reconnu pour bien défendre ses électeurs. Il ne parle pas à travers son chapeau et il a de la prestance. Ses raisons lui appartiennent sans doute. Je me pose la question, mais le problème de base à mon avis au Parti Québécois, c’est l’article un. C’est un parti qui existe pour faire l’indépendance du Québec. C’est sa raison d’être. »
« Ce sont des gens de toutes sortes de tendances qui se sont regroupés au sein d’un même objectif. Si on remet cette question aux calendes grecques, pourquoi, alors, on voterait pour le PQ? Les militants sont là pour faire l’indépendance. Si ce n’est plus une priorité, on sème la confusion chez les militants. Si on perd Sylvain Roy et Harold LeBel qui n’étaient pas des débutants, ça vient affecter le noyau des députés péquistes de la région. Ça pose aussi de grandes questions sur les prochains résultats dans l’Est du Québec, au final », conclut Benoit Collette.