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Nouvelle de 18 h

La vente des biens des Sœurs du Saint-Rosaire revêt une importance historique

«Si quelque chose à l’intérieur du couvent doit être protégé, c’est bien la chapelle»
La chapelle de la maison-mère des Soeurs du Saint-Rosaire. (Photo courtoisie)

La liquidation des biens de la Congrégation des Sœurs du Saint-Rosaire suscite des inquiétudes sur le plan patrimonial, particulièrement au sujet de sa chapelle dont les caractéristiques lui confèrent une valeur inestimable.

La firme Les Encans Jean D’Amour mène une vente aux enchères des biens de la maison-mère, dont une nouvelle phase sera entreprise demain, la vente publique en présence et sur place.

Cela soulève encore une fois des inquiétudes quant à la sauvegarde du patrimoine religieux et d’une chapelle ornée de marbre rose d’Italie et de bois de Scandinavie; conçue par un architecte rimouskois de renom. L’édifice massif du 300, rue du Rosaire, est bien connu des Rimouskois.

Bienheureuse

« Cet événement nous rappelle toute l’importance historique des Sœurs du Saint-Rosaire dans le parcours de notre ville. Élisabeth-Turgeon, la Bienheureuse des Sœurs du Saint-Rosaire, est venue à Rimouski à la demande de l’Évêque Mgr Jean Langevin vers 1875. Elle est décédée en 1881. Elle avait autour de 41 ans. Elle a été béatifiée le 26 avril 2015. Tristement, la cathédrale était alors fermée, tandis qu’une cérémonie dans l’église mère du Diocèse aurait été la bienvenue. Élisabeth-Turgeon a fondé les Soeurs du Saint-Rosaire qui ont créé de nombreuses écoles non seulement à Rimouski, mais dans tout le Bas-Saint-Laurent en Gaspésie. Elles ont également une importance internationale, car elles sont allées en mission en Afrique et en Amérique du Sud, entre autres », rappelle le professeur d’histoire Pascal Gagnon.

Patrimoine à mettre en valeur

« Elles ont rayonné et elles ont permis à Rimouski de rayonner, aussi, à l’échelle internationale. Leur contribution à l’éducation régionale est inestimable. Dans chaque famille, pendant des générations, à peu près tout le monde, pendant un certain temps, était passé par une école menée par ces religieuses. Elles ont joué un rôle primordial dans l’avancement de l’éducation à Rimouski. Il ne faut pas l’oublier et il faut le mettre en valeur », ajoute cet enseignant du Cégep de Rimouski.

« En plus, les Sœurs du Saint-Rosaire sont bien connues pour leur contribution à la culture, notamment à la musique avec les enseignantes bien connues sœur Pauline Charron et sœur Micheline Blouin. Elles ont formé des générations d’artistes qui ont donné des concerts dans de grandes salles », souligne-t-il aussi.

La chapelle

« Si quelque chose à l’intérieur du couvent de la maison-mère des Sœurs du Saint-Rosaire doit être protégé, c’est bien la chapelle. Elle est vraiment intéressante. Elle a été construite en 1958 et consacrée en 1959 par monseigneur Charles-Eugène Parent. Son architecte est un Rimouskois, Albert Leclerc. C’est une chapelle qui est faite en décagone (10 côtés). Ce qu’on note particulièrement quand on regarde sa décoration, c’est que les angles du cœur représentent les mystères du Rosaire. Le degré de symbolisme est particulièrement fascinant. »

Mgr Charles-Eugène Parent (Diocèse de Rimouski)

« De plus, de nombreux artisans ont contribué à la décoration de cette chapelle. Il y aurait même un professeur de la Chaire des beaux-arts de Florence (Italie) qui aurait travaillé sur la décoration », relate Pascal Gagnon.

La résidence des Soeurs du Saint-Rosaire et son allure caractéristique, à Rimouski. (Photo: Pierre Michaud-archives)

Vendredi

La firme Les Encans Jean D’Amour est dirigée par l’ancien ministre libéral et député de Rivière-du-Loup et une ancienne collaboratrice de l’époque, Véronique Michaud. Monsieur D’Amour explique la démarche de la vente :

« Les religieuses du Saint-Rosaire doivent libérer un certain espace dans leur couvent, car d’autres projets doivent y prendre place dans les prochains mois. On doit vider une grande partie de la maison-mère. On fait une grande vente de meubles. C’est fou la quantité qu’on a! On commence ça demain matin pour le public et ça se poursuit samedi; aujourd’hui c’était pour les employés. On a trois ventes à l’encan virtuelles de fait. »

« Demain et samedi, c’est une vente de gré à gré. Les prix sont affichés. Tout se fait dans le respect des normes de la Santé publique. On accueille 25 personnes à la fois. Les gens arrivent, choisissent, payent et emportent leur marchandise. C’est à la maison-mère que ça se passe. On a aménagé un ancien dortoir du couvent. On a des chaises, des vieilles malles; on a une très grande diversité de biens. Il y a de belles pièces, dont  des pièces antiques, mais les plus beaux morceaux antiques, on les garde pour la fin. Ça va venir plus tard », précise l’ancien politicien.

Jean D’Amour (Photo: archives-Pierre Michaud)

Patrimoine

Selon monsieur D’Amour, il n’est pas question de dilapider des biens patrimoniaux.

« La chapelle, on n’en a rien vendu et elle continue d’être utilisée par les 200 religieuses qui restent. La chapelle est un lieu important pour elles. On n’a pas de plan à ce sujet à court terme. Ce n’est pas dans notre boule de cristal avant un bon bout de temps. Tout ce qui a une valeur patrimoniale est judicieusement conservé », tranche-t-il.

Citation patrimoniale

Le journal le soir a également joint la supérieure générale de la Congrégation, sœur Gabrielle Côté, dont les propos se veulent aussi rassurants :

« Il ne faut pas s’inquiéter. Ça ne restera pas nécessairement une chapelle comme elle est dans son état actuel, mais toute l’architecture et les caractéristiques seront protégées, ça, c’est sûr. On va peut-être réaménager la chapelle pour en faire un lieu multifonctionnel. Nous voulons particulièrement protéger les vitraux et nous sommes en plein dans une démarche de citation patrimoniale. On en entendra parler, mais c’est un peu prématuré. Ça va avancer d’ici le mois d’octobre. »

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