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Nouvelle de 18 h

Féminicide : une ancienne victime et un ancien meurtrier tentent d’expliquer

Sylvie Croteau et Gaston Bourdages sollicités par les grands médias
Gaston Bourdages (Photos: courtoisie)

Alors que le Québec vient de connaître son 13e féminicide de 2021, les premières activités promotionnelles en vue du lancement du livre « Dignité piétinée » qui traite de violence, de meurtre, de féminicide et d’emprisonnement laissent entrevoir un engouement pour son lancement prévu le 15 juillet.

Entre autres, les auteurs Sylvie Croteau et Gaston Bourdages, qui sortent de l’ordinaire par leur passé respectif et leur association contre nature, ont fait l’objet de reportages et d’entrevues successivement par le grand quotidien La Presse, par Bernard Drainville du réseau radiophonique Cogeco et par Télé-Québec, récemment.

Madame Croteau est une ex-victime de violence conjugale alors que monsieur Bourdages a commis un meurtre au second degré pour lequel il a été condamné et a terminé de purger sa peine.

Trilogie

« Monsieur Drainville s’est montré très sincèrement intéressé. J’ai surtout retenu les dernières secondes. Il a eu plusieurs silences. En terminant, il a avoué candidement « Monsieur Bourdages, je ne sais pas comment mettre fin à votre entrevue. » Il ne voulait pas que ça se termine. Mon propos l’a déstabilisé. C’est certain que cet accueil intéressé est très encourageant pour nous. Le reportage de Télé-Québec sera diffusé cet automne dans le cadre d’une émission dont le nom est « À la Une ». »

« Nos manuscrits sont à l’étape de la révision. Nous sommes en train de compléter, Sylvie et moi, les dernières corrections avant de faire suivre le tout à notre graphiste. Nous ne passerons pas par les librairies pour la première distribution. Nous sommes en train de choisir un concepteur pour notre site Internet », confie le résident de Saint-Mathieu.

Les deux auteurs ont réalisé qu’ils avaient assez de matière avec leurs expériences de vie pour relever le défi d’écrire une trilogie. C’est à une trilogie qu’ils se consacrent, sous le titre général « Dignité », mais avec un thème différent associé à ce mot-clé, pour intituler chaque tome.

« Pourquoi ai-je tué ? »

« Le second va probablement s’intituler « Dignité aux soins intensifs » et le troisième, « Dignité guérie ». Notre premier tome aura environ 250 pages. Nous dédicaçons notre premier livre chacun à notre façon, en lien avec nos expériences personnelles. Sylvie le dédie à toutes les victimes de violence et pour ma part, je remercie toutes les personnes qui m’ont aidé à répondre à la question « pourquoi ai-je tué? ». C’est un ouvrage qui se veut rempli d’humanité dans la description des situations que vivent les différents personnages. C’est terre-à-terre et avec un langage que probablement beaucoup de gens dans le public méconnaissent », croit Gaston Bourdages.

Ceux qui acceptent et ceux qui ne veulent pas accepter

« On y parle des choses réelles, des choses vraies. Il n’y a pas de contournement. C’est un langage de pénitencier et quand on dit « d’la marde », on dit « d’la marde »! Les lecteurs vivront les choses de l’intérieur. Nous avons entre autres un personnage qui est de l’école du, excusez-moi, « va chier », qui prend conscience de sa criminalité et des blessures qu’il a causées grâce à un autre personnage qui est, lui, en processus de réhabilitation », décrit l’auteur.

En raison de la délicatesse des sujets abordés, Gaston Bourdages s’attend curieusement à un accueil mitigé. « Quand on parle de bonhomme avec une histoire comme la mienne, je sais qu’il y a une clientèle qui acceptera, une qui ne saura pas si elle est capable d’accepter et une qui refusera. Je crains qu’on tombe justement dans des préjugés qu’on essaie de combattre. Mais je trouve que c’est légitime, parce que j’ai jugé un paquet de monde dans ma vie. »

Amendé

« Je me sens amendé vis-à-vis moi-même, mais c’est un squelette dans mon placard de vie. C’est la croix que je porte, mais je sais que la foi m’a sauvé. Il y a des choses écrites. Il y a deux ans, j’ai rencontré, il y a deux ans, lors d’une fête, une dénommée Ginette. La dame qui se fait tuer dans le roman se nomme Ginette. J’ai appris il y a trois mois que la première Ginette avait bien été victime elle-même de violence conjugale et physique. Elle m’a commandé une copie du livre et un jour, elle va voir que « notre » Ginette va se faire tuer. Comme coïncidence, je représente son mari, d’une certaine façon », se souvient Gaston Bourdages.

« Si je n’avais pas la foi, je me serais enlevé la vie. »

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