Les éphémères : buffet à volonté pour les mouchetées affamées!
Les moucheurs qui affectionnent particulièrement la pêche en lac à la truite mouchetée, vivent des moments d’excitation, voire de grandes émotions de la pêche à la mouche sèche, lors de la courte période d’éclosion des éphémères.
Les moucheurs attendent fébrilement ce moment ultime de l’été, qui débute généralement vers la mi-juillet; selon les régions, mais cet été, le phénomène s’est produit plus tôt au Sud de Rimouski, entre le 7 et le 9 juillet, où l’activité a été particulièrement intense.
Avec des imitations de mouches artificielles appropriées, le moucheur utilise une soie flottante au bout de laquelle il attache une mouche sèche. Lorsque les éclosions d’éphémères surviennent; aussi appelées « mannes », les mouchetées affamées deviennent des prédateurs voraces. Des ronds de gobages bruyants couvrent alors la surface du lac et les moucheurs ne savent plus où donner de la tête pour diriger leur soie. Des mouchetées en chasse viennent parfois jusqu’à sortir complètement hors de l’eau dans leur attaque agressive d’une attirante éphémère.
Sur l’eau et dans les airs
Et lors de cette éclosion, lorsque les éphémères émergent en surface, celles-ci sont la cible des mouchetées, mais aussi d’autres insectes et de certaines espèces d’oiseaux; comme des jaseurs des cèdres, lorsque la manne réussit à s’envoler, avant de se faire gober par une truite affamée. Les éphémères sont « attaquées » des deux côtés; sur l’eau et dans les airs.
À noter que les éphémères sont des insectes très vulnérables à la pollution chimique par les pesticides. Leur abondance dans un plan d’eau signifie l’excellente santé de ce dernier.
Selon le Larousse, la manne est « une nourriture providentielle et miraculeuse dont bénéficièrent les Hébreux dans la traversée du désert du Sinaï après leur sortie d ‘Égypte ». Ce qui s’applique à la frénésie des mouchetées pour les éphémères.
Cycle de vie
Le regretté Gérard Bilodeau, de Lévis, résume le cycle de vie de l’éphémère dans un article du magazine Sentier Chasse Pêche de juillet 1994.
« Les éphémères sont des insectes dont une partie du cycle de vie se passe sous l’eau. La femelle dépose d’abord ses oeufs sur l’eau, qui s’enfoncent aussitôt et s’accrochent aux objets ou aux roches de la rivière ou du lac. Ces œufs vont devenir des larves, ou nymphes qui vivent sous l’eau environ un an, se nourrissent de micro-organismes, et restent bien camouflées, à l’abri des prédateurs. Puis, à la période de ponte de l’année suivante, la nymphe devient un insecte ailé prêt à prendre son envol. D’une vie sous-marine, l’éphémère passera le reste de sa très courte vie sur terre, à l’air libre. Le processus de changement en insecte ailé s’appelle une émergence. Lors d’une émergence, l’air est rempli d’insectes en vol, tandis que sur l’eau, on peut voir des éphémères adultes flotter au gré des flots en s’agitant en surface afin de tenter de prendre leur envol. Pour les truites dans le secteur, c’est une occasion d’accéder sans trop d’efforts à une grande quantité de nourriture ».
Subimago à imago
Et il poursuit : « L’éphémère fraîchement sorti de l’eau se nomme subimago. Les couleurs et la taille varient selon le genre et l’espèce, mais le subimago se caractérise généralement par ses ailes opaques. Au bout de quelques heures, cet insecte se transforme encore, et ses ailes deviennent presque transparentes; la couleur du corps subit aussi des changements. Ce deuxième stade de vie adulte se nomme imago, et l’insecte est alors prêt pour la reproduction. Et le cycle de vie recommence. L’éphémère tire son nom de sa durée de vie hors de l’eau, qui varie de quelques heures à cinq ou six jours, selon les conditions et la température », écrivait Gérard Bilodeau.
Et comme Gérard Bilodeau, je souhaite aux moucheurs d’avoir cette chance « éphémère » d’assister à une émergence, et d’en profiter.