L’automatisation se rapproche des petits commerces
Les consommateurs devront s’adapter autant que les marchandsL’automatisation de certaines opérations commerciales que l’on était habitué de réaliser en personne, avant la crise sanitaire, fait partie des nouvelles réalités qui s’annoncent avec la relance économique, au sortir d’une crise sanitaire de presque 16 mois.
Cela signifie notamment, en ce qui a trait au commerce de détail, que les consommateurs seront appelés à s’adapter à ces nouvelles réalités autant que les entrepreneurs.
C’est ce qui ressort notamment d’une entrevue exclusive accordée au journal le soir par le président de la Chambre de commerce et de l’industrie de Rimouski-Neigette, Guillaume Sirois, au sujet des défis de la relance économique de l’après-crise sanitaire du coronavirus.
Pensons notamment aux personnes qui réagissent vivement et négativement à la vue d’une caisse libre-service dans un magasin à grande surface. Ce genre de scène risque de se reproduire dorénavant également dans de petits commerces et de plus en plus, en raison notamment de la pénurie de main-d’œuvre qui sévit présentement dans tous les secteurs.
Le président de la Chambre de commerce et de l’Industrie Rimouski-Neigette, Guillaume Sirois, signale qu’il y avait déjà une pénurie de main-d’œuvre avant la crise sanitaire, mais qu’elle s’est aggravée et s’ajoute aux nouveaux défis que posent les nouvelles réalités : plus de télétravail, plus de travail-famille, plus de recours à la technologie, plus de souplesse dans les horaires de travail, plus de souplesse dans les horaires des commerces, plus de travailleurs en région, etc.
« Très grave »
« Dans certaines entreprises, dans certains secteurs, on n’en est plus à modifier les heures de travail pour pallier au manque de main-d’œuvre; on en est carrément à cesser la production. C’est très grave. Je pense notamment à ce qui se passe chez Cedrico, dans La Mitis et La Vallée », remarque monsieur Sirois.
L’équation
« La technologie fait partie de l’équation des nouvelles réalités, parce que non seulement elle permet de développer une présence numérique sur le Web, mais aussi, elle permet de réaliser des gains d’efficacité, sur le terrain, dans nos façons de faire. Tout dépendant du type de commerce qu’on opère, on peut être alors capable de gérer l’entreprise avec moins de personnel, en raison de l’efficacité qu’elle nous procure », commente-t-il aussi.
« Il n’y a pas si longtemps, il aurait été impensable de croire qu’on laisserait la technologie entrer dans les commerces de proximité, mais ce n’est pas seulement dans les échanges avec la clientèle que ça s’annonce, c’est aussi dans notre administration au quotidien. Par exemple, ça peut être dans la gestion des entrepôts, où il y a de plus en plus de technologie. Alors, le peu de personnel qu’on peut embaucher parce qu’il y en a moins sur le marché, on l’affecte à des tâches qu’on veut et/ou doit faire avec et par des êtres humains », constate le président de la Chambre de commerce et de l’industrie de Rimouski-Neigette.
Les réticences
« Dans les commerces des grands centres, il y a toujours plus de caisses automatisées. Il y en a partout. Dorénavant, je ne vois pas un nouveau projet d’entreprise ou de commerce pourrait être élaboré sans envisager le recours à la technologie pour contrer le manque de main-d’œuvre. Tous les nouveaux projets vont obligatoirement passer par là. Si on veut survivre, si on veut se développer, on n’a plus le choix », avance Guillaume Sirois.
« La technologie, c’est aussi avoir la possibilité d’embaucher un employé qui n’habite pas notre région, mais qui peut très bien desservir nos clients en télétravail. On est rendu là! Mais ça va aussi dans l’autre sens. Il y a des personnes d’ici qui peuvent être sollicitées par des entreprises de l’extérieur. Ça aussi, c’est une nouvelle compétition qu’il faut affronter », note aussi monsieur Sirois.
Si des clients ont des réticences à utiliser les services automatisés, c’est aussi une responsabilité du commerçant de les convaincre, conclut Guillaume Sirois :
« On fait partie de la solution. C’est sûr qu’un client habitué d’avoir une caissière pour lui répondre et transiger va réagir si on lui demande d’utiliser une caisse libre-service; c’est juste humain d’avoir des réticences au changement. C’est à l’entreprise de démontrer à sa clientèle qu’il y a des bénéfices ou qu’elle lui laisse la possibilité de choisir l’un ou l’autre. On ne parle pas de s’en aller à 100% dans la technologie et de laisser tomber entièrement le côté humain, là, mais il y a une transition à faire. »