Encore du retard dans la lutte contre la fraude des produits de la mer
Les résultats de la dernière enquête d’Oceana Canada sur la fraude des produits de la mer, publiés mercredi dernière et faisant partie de l’étude nationale et pluriannuelle la plus exhaustive par test d’ADN au Canada, révèlent que 46 % des échantillons de produits de la mer provenant de restaurants et épiceries dans quatre grandes villes canadiennes étaient mal identifiés.
Ceci démontre que le Canada est encore aux prises avec un problème de fraude généralisée en matière de produits de la mer, ce qui menace les Canadiens, les pêcheurs honnêtes, les écosystèmes marins et l’économie des produits de la mer.
En raison des préoccupations des Canadiens et de progrès inadéquats dans l’élaboration d’un système de traçabilité des produits de la mer par le gouvernement, Oceana Canada a réexaminé certaines villes où des produits de la mer avaient auparavant été testés. Ainsi, 46 % des échantillons prélevés à Halifax, Montréal, Ottawa et Toronto étaient mal identifiés (43 sur 94). Ce chiffre n’est qu’à un point de pourcentage près du taux d’identification trompeuse de 47 % constaté sur 472 échantillons testés par Oceana Canada entre 2017 et 2019, et correspond aux études antérieures menées au Canada et dans le monde.
Soutien pour la traçabilité
Une nouvelle étude de marché aussi publiée aussi mercredi, réalisée par Abacus Data pour Oceana Canada, démontre que les Canadiens soutiennent massivement la traçabilité des produits de la mer et veulent que le gouvernement agisse. 87% sont inquiets à l’idée d’acheter des produits de la mer mal identifiés, contre 76% en 2020; et 86% sont préoccupés par le fait que le gouvernement ne s’attaque pas à l’identification frauduleuse des produits de la mer et la pêche illégale au Canada.
En 2019, le gouvernement canadien s’est engagé à mettre en oeuvre un système de traçabilité du navire à l’assiette; ce qui permettrait au Canada de s’aligner sur les pratiques exemplaires mondiales. Cependant, il n’a toujours pas présenté de plan ni d’échéancier pour ce faire. Jusqu’à ce que cela se produise, les Canadiens n’ont aucune garantie que les fruits de mer qu’ils consomment sont sécuritaires, pêchés légalement ou identifiés honnêtement. Oceana Canada demande au gouvernement de concrétiser dès maintenant son engagement en élaborant une solution qui soit obligatoire, complète et conforme à nos partenaires commerciaux et aux pratiques exemplaires mondiales.
Pas un jeu de devinette
« Acheter du poisson ne devrait pas être un jeu de devinette. Les Canadiens méritent d’avoir confiance envers les produits qu’ils consomment », affirme Sayara Thurston, Spécialiste de campagne, fraude des produits de la mer. « Alors que d’autres pays renforcent leurs systèmes de traçabilité existants ou en
élaborent de nouveaux, le Canada accuse un retard encore plus important. Le gouvernement fédéral s’est engagé à résoudre ce problème il y a près de deux ans, mais n’a réalisé aucun réel progrès. La situation est claire et, face à l’absence de progrès, peu surprenante : l’identification frauduleuse des produits de la mer est toujours omniprésente au Canada. »
« Les produits de la mer présentent un risque élevé de fraude alimentaire ; cela inclut les erreurs d’identification, mais aussi les produits illégaux qui se fraient un chemin dans les chaînes d’approvisionnement » explique Mme Thurston. « Les produits de la mer sont l’une des denrées alimentaires les plus commercialisées au monde, et leurs chaînes d’approvisionnement complexes peuvent masquer la pêche illégale, la fraude et les violations des droits de l’homme, et coûter des millions de dollars en recettes fiscales perdues par l’économie légitime. La traçabilité du navire à l’assiette protégerait les consommateurs canadiens, les pêcheurs honnêtes et les populations de poissons vulnérables; en plus d’aider notre industrie des produits de la mer à préserver l’accès aux marchés mondiaux, dont certains exigent déjà une traçabilité accrue. »
L’Union européenne et les États-Unis ont instauré des systèmes de traçabilité pour leurs produits de la mer et le Japon est en train d’en élaborer un. Au Canada, les produits de la mer n’ont pas à présenter les informations prouvant leur origine, leur légalité ou leur caractère durable. L’expérience d’autres pays montre que la réglementation sur la traçabilité du navire à l’assiette permet de stopper la fraude et de protéger les consommateurs tout comme les océans.
Pratiques de pêche illégale
Le rapport 2020 d’Oceana Canada sur les pratiques de pêche illégale, non déclarée et non réglementée a révélé que le Canada perd aussi des millions de dollars chaque année à cause de l’opacité de ses chaînes d’approvisionnement en produits de la mer. Les Canadiens dépensent jusqu’à 160 millions de dollars annuellement en produits issus de la pêche illégale; et le Canada perd jusqu’à 93,8 millions de dollars en recettes fiscales chaque année en raison du commerce illicite des produits de la mer.
Pour en savoir plus sur la campagne d’Oceana Canada sur la traçabilité des produits de la mer et pour signer la pétition demandant au gouvernement de s’attaquer à ce problème, visitez oceana.ca/fr/ArreterLaFraude.