La pharmacie prend plus de place dans le système de santé
Les maladies coronariennes et le diabète sont en croissanceLe rôle de la pharmacie dans le système de santé évolue de jour en jour et de plus en plus de femmes dirigent des entreprises de ce type.
C’est ce qui ressort notamment d’une entrevue réalisée par le journal le soir avec une pharmacienne à la fois jeune et expérimentée de la région, Marie-Ève Caron, qui possède en copropriété une pharmacie située à Sainte-Luce (district Luceville), dans la Mitis, et une autre à Matane, dans la Matanie. Cette occasion d’entrevue a été proposée au journal par la chaîne Proxim qui célèbre ses 15 ans cette année. Nous nous sommes rendus à la pharmacie du 52 des Érables à Sainte-Luce, dans laquelle madame Caron est partenaire avec une autre pharmacienne, Katy Gauthier-Pelletier.
La pharmacienne constate que le vieillissement de la population a un impact direct sur l’industrie pharmaceutique qui prend ainsi de plus en plus de place dans la vie de tous les jours. Aussi, que la robotisation poursuit sa marche et que l’implication du pharmacien ou de la pharmacienne a pris de l’ampleur récemment dans la dispensation des soins de santé. L’entreprise a reçu le prix Pharmacie de l’année en 2018, parmi tous les membres du Groupe Proxim.
Cheminement
« Dans notre profession, il y a de plus en plus de pharmaciennes. Je dirais que c’est maintenant 50-50. En 2008, je suis devenue pharmacienne. En 2009, je suis devenue propriétaire-pharmacienne à Matane, avec Jasmin Lavoie. En 2016, Katy s’est jointe à l’équipe. On a racheté la seconde pharmacie à Sainte-Luce, en 2017. Nous avons une cinquantaine d’employés au total, dans les deux pharmacies. Nous avons parmi notre personnel six pharmacien.nne.s, 40 techniciennes et des caissières et manutentionnaires », rappelle madame Caron.
Nouveaux services
Depuis le début de 2021, les pharmacien.ne.s peuvent offrir des services de santé plus élaborés. « La chose la plus importante, c’est la vaccination. Il y a de nouveaux actes qu’on peut poser, non pas pour remplacer les médecins, mais pour travailler en complémentarité, ce qui libère les médecins de certaines tâches. On peut prolonger des ordonnances qui ont perdu leur médecin de famille ou dont les rendez-vous sont retardés. On peut également faire le suivi de certaines maladies chroniques, dont celles liées à l’hypertension et à la glande thyroïde », précise Marie-Ève Caron.
La crise
Celle-ci souligne que la crise sanitaire a causé aux pharmacies le même genre de problèmes qu’à tous les commerces : achat et installation de plexiglas, de postes de désinfection des mains, mesures sanitaires additionnelles, etc.
« On a été un peu comme des girouettes au début. On ne savait pas sur quel pied danser. Maintenant que les ajustements ont été apportés, les choses se sont stabilisées. Il faut cependant reconnaître que ça pèse lourd sur le moral des employés qui commencent à être à bout de souffle. Nous sommes un peu sur le même pied que tout le monde dans le domaine de la santé. Heureusement, nous n’avons pas de problèmes de main-d’œuvre. Pour le moment -je touche du bois- ça va bien. Nous semblons avoir une belle attractivité. Nous proposons un beau milieu et un beau climat de travail. Nous avons développé une belle fraternité, un peu comme une grande famille. On soutient la conciliation travail-famille et on favorise des horaires stables. Mais un peu comme tout le monde, nous aimerions avoir plus de marge de manœuvre. Nous prendrions certainement un ou deux pharmaciens de plus sans problème. On fait également de la formation sur le tas. »
Changements
« Ce que je constate quand je regarde la différence entre mes débuts de pratique et maintenant, c’est que notre entreprise a amorcé une relation étroite avec sa clientèle qui s’est intensifiée. Les gens viennent nous demander de l’aide de plus en plus spontanément et ça s’est accentué avec la pandémie. On sent que les gens nous font confiance. On donne plus de services et plus de conseils qu’avant. On est encore plus près des gens qu’on ne l’était », ajoute madame Caron, faisant aussi valoir qu’elle a dû énormément développer ses facultés de femme d’affaires.
Les services par Internet sont aussi plus répandus qu’auparavant.
Diabète très présent
Les médicaments qui sont les plus prescrits en 2021 témoignent des problèmes de notre société. On a beaucoup parlé des antidépresseurs ces dernières années, mais Marie-Ève Caron souligne qu’on vend aussi beaucoup de traitements relatifs au diabète et aux maladies coronariennes.
« Sans oublier l’hypertension. Pour ce qui est des antidépresseurs, il s’en prescrit encore beaucoup et on nous a souvent demandé si on voyait une recrudescence, avec la pandémie. La réponse est : pas nécessairement, car j’ai l’impression que les gens sont plus éveillés à détecter la dépression. De plus, on en parle davantage, ce qui a un impact positif. En général, les gens sont plus informés et viennent nous consulter davantage pour obtenir des compléments d’information. »
Les robots
Il y a quatre ans, l’auteur de ces lignes avait rédigé un article portant sur la progression de la robotisation dans les pharmacies. Les deux robots les plus répandus étaient ceux qui préparent les commandes individuelles et ceux qui préparent les récipients contenant les différentes pilules, d’un même patient, et les classent par date pour en faciliter une consommation adéquate (« dosettes »). On en était à environ 30% des pharmacies qui en possédaient.
« Nous avons un robot à la pharmacie de Matane. C’est un système qui s’appelle VBM. Ça monte les piluliers, ça prend des photos à des fins de contrôle, ça détecte les erreurs de prescription. On a quand même besoin d’une opératrice qui doit recharger la machine, mais c’est efficace. Il faut savoir que la machine fait moins d’erreurs que l’humain. On obtient un taux de précision incroyable. Quand on a commencé, nos employées nous disaient qu’elles craignaient de perdre leur poste et ce n’est vraiment pas ça qui s’est produit. C’est juste qu’on fait autre chose. On ne mettra jamais de personnel à pied à cause de ça. On est loin de là. On a aussi une machine qui compte les pilules, qui est commune », fait remarquer Marie-Ève Caron.
Offre complémentaire
Même si on peut s’y rendre pour faire l’achat de produits domestiques, notamment, l’aspect pharmacie prend beaucoup plus de place que l’aspect commerce au détail. On se rend rarement à la pharmacie que pour faire des achats d’articles courants, mais on en profite parfois pour faire des emplettes après avoir pris possession de ses ordonnances.
« C’est une offre de service complémentaire. On ne veut pas nécessairement vendre du papier de toilette, sauf que les gens aiment beaucoup avoir la possibilité de faire tous leurs achats au même endroit. »