Nouvelle de 18 h > Dossier : « connaître le fond de l’histoire sur les CHSLD »
Nouvelle de 18 h

Dossier : « connaître le fond de l’histoire sur les CHSLD »

Nombreux sont ceux qui souhaitent savoir « le fond de l’histoire » sur le sort des aînés vivant en CHSLD. (Photo: Unsplash photos)

Le député de Rimouski à l’Assemblée nationale, Harold LeBel, joint sa voix à celles de plus en plus nombreuses qui réclament une enquête publique sur la situation dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).

En début de semaine, c’était la députée de Duplessis et porte-parole du Parti Québécois pour les aînés, Lorraine Richard, qui sonnait l’alarme. Qui plus est, la pandémie aura mis en lumière les lacunes dans les CHSLD.

Métal du Golfe_VF

Le député de Rimouski, Harold LeBel, a déposé une question au feuilleton de l’Assemblée nationale, hier. Il a aussi mis en ligne une publication vidéo sur Facebook. Par ailleurs, dans un communiqué de presse diffusé hier, il rappelle également par le biais d’une autre vidéo qu’il pose des questions depuis plus d’un an (octobre 2020).

Cafouillage

Selon le député, la ministre de la Santé et des Services sociaux de l’époque, Danielle Mc Cann, n’aurait pas su répondre à une question cruciale sur la mise à jour du plan pour l’arrivée massive d’aînés vulnérables dans les CHSLD au début de la pandémie. « Il y a des contradictions. »

Un autre exemple s’ajoute à cette critique. « Un courriel important sonnant l’alarme sur la situation au CHSLD Herron et sur 23 décès qui risquaient de survenir avait, selon la ministre de la Santé, « probablement » été reçu par du personnel de son cabinet, puis transféré au cabinet de la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais. Il n’y a eu aucun suivi de cet appel à l’aide. Voilà deux exemples de cafouillage qui s’ajoutent à des rapports d’inspection détruits et autres révélations inimaginables que nous découvrons semaine après semaine », indique le député dans le préambule de sa question.

« Parmi les causes « d’une crise humaine sans précédent », la protectrice du citoyen, Marie Rinfret, a identifié une mauvaise estimation de la capacité des CHSLD à faire face à la situation, la sous-évaluation de la vulnérabilité au virus des résidentes et résidents en CHSLD, une méconnaissance du personnel devant une situation d’infections lors d’une éclosion majeure qui a été aggravée par le manque d’équipements de protection individuelle et la vétusté des lieux. Des consignes en constante évolution provenant des autorités sanitaires ont également compliqué les choses, surtout en l’absence de gestionnaires dans chaque installation », poursuit monsieur LeBel.

Triste résultat

Le député LeBel rappelle que la période de COVID a recensé le décès de plus de 5210 personnes vivant en CHSLD, soit 13 % des quelque 40 000 Québécois vivant dans ces résidences. De plus, plus de 50 % des 10 000 décès au Québec sont survenus dans des CHSLD.

« À cela, j’ajoute 20 % de décès dans des résidences pour aînés (RPA). Quel triste bilan! À titre comparatif, les centres de soins de longue durée comptaient pour 43 % des décès en France, 34 % au Royaume-Uni et 28 % en Allemagne. Nous vivons actuellement une prise de conscience nationale sur l’importance d’obtenir toute la vérité sur la façon dont ont été traités les aînés durant cette pandémie. Je le répète : plus de 5000 aînés sont morts depuis le début de mars 2020 », précise aussi monsieur LeBel.

C’est l’accueil du gouvernement envers le rapport final de la protectrice du citoyen intitulé « La COVID-19 dans les CHSLD durant la première vague de pandémie : cibler les causes de la crise, agir, se souvenir », qui a fait sursauter de nombreux politiciens et observateurs. Le rapport complet n’a pas été rendu public. Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a dit « prendre acte » du rapport.

Le ministre actuel de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé. (Photo: archives)

Sa question

Voici le libellé de la question de monsieur LeBel: « Le gouvernement agira-t-il rapidement à la suite du rapport de la protectrice du citoyen et des nombreuses révélations entendues devant la coroner Géhane Kamel pour mettre en œuvre une commission d’enquête publique, indépendante et itinérante sur les circonstances qui ont mené à cette catastrophe? »

Et même avant

En entrevue exclusive au journal le soir, le député ajoutait, cet après-midi : « Même avant la pandémie, on demandait une enquête sur les CHSLD. Ça n’avait aucune allure. Le gouvernement repoussait ça tout le temps. Puis je suis revenu à la charge lors de la pandémie. Je suis un des premiers qui a dit ça : « il faut une enquête publique et indépendante, et rapidement. » On peut questionner toute la gestion de la crise, mais je ne suis pas là-dedans. Je comprends que le gouvernement a connu des moments difficiles, mais ce qui s’est passé dans nos CHSLD a précédé la crise, qui est venue la confirmer. »

Explosion

« On a vu les limites qu’avaient nos ressources dans les CHSLD. Ça fait longtemps aussi que je dis qu’il faut valoriser les préposés aux bénéficiaires. On a dit avant la pandémie : faites quelque chose! Augmentez le nombre de préposés! Je pense aussi aux résidences privées. Tout le monde a été débordé par la pandémie, parce qu’on n’avait pas pris soin de regarder ce qui s’y passait avant. Les CHSLD étaient déjà en difficulté avant la pandémie. On essayait de ne pas voir ça. On laissait faire les choses. Il y a eu des manquements dénoncés par les années passées, mais jamais d’investissements. Quand la pandémie est arrivée, tout ça a explosé », estime le député de Rimouski.

« Est-ce que le réseau des maisons des aînés, qui seront des CHSLD de luxe, est la bonne idée? Pas sûr. » -le député LeBel

Harold LeBel (Photo: courtoisie)

Commission itinérante

« C’est une commission publique itinérante, qui se rendra dans les régions, que je réclame. Qu’on vienne en région. Qu’on vienne voir ce qui s’est passé ici. Nous sommes un des endroits où il y a le plus de décès dans les ressources pour les aînés, plus qu’en France, plus qu’ailleurs. Il y a des leçons à tirer. Est-ce que le réseau des maisons des aînés, qui seront des CHSLD de luxe, est la bonne idée? Pas sûr. Me semble qu’on devrait investir dans le maintien à domicile. Une enquête pourrait nous le dire. On pourrait savoir ce qu’il y a à corriger. Ce n’est pas une enquête pour trouver des coupables dont on a besoin, mais d’une façon de corriger la manière dont on a traité nos aînés depuis plusieurs années », insiste Harold LeBel.

« Ça fait longtemps qu’on sonne la sonnette d’alarme. Il va falloir qu’on finisse par connaître le fond de l’histoire », tranche-t-il.

Dignité

Les représentants de la Coalition pour la dignité des aînés ont aussi réagi aujourd’hui. Ils demandent des États généraux sur les conditions de vie des aînés.

Ils se sont dit non seulement tristes de lire les constats de la Protectrice du citoyen dans son rapport rendu public mardi, mais ont affirmé que le gouvernement devait se mettre en action dès maintenant afin d’éviter absolument qu’une telle situation se reproduise.

« La Coalition pour la dignité des aînés a été créée afin de réfléchir à des avenues pour s’assurer que plus jamais les personnes aînées ne soient la priorité B. Et pour mettre de l’avant un grand chantier pour y réfléchir, nous répétons au gouvernement depuis plusieurs mois qu’il est essentiel de tenir des États généraux sur les conditions de vie des aînés », a expliqué Pierre Lynch, président de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR).

« Les questions de santé, de défense de droits des aînés, de finances et de participation citoyenne de ces derniers font partie des préoccupations qui doivent guider les actions du gouvernement pour les prochaines années. Il est par ailleurs impératif d’éviter de politiser ces questions. Nous nous devons de faire les choses en ayant en tête d’agir de manière constructive et dans le but de donner aux aînés des conditions de vie meilleures », a commenté pour sa part Lise Lapointe, présidente de l’Association des retraités et retraitées de l’éducation et autres services publics du Québec (AREQ).

38 solutions

La CDA a récemment rendu public un document proposant 38 solutions visant à améliorer la qualité de vie des aînés. Parmi celles-ci, notons l’amélioration de l’offre de services de soins à domicile par une augmentation des budgets et de la disponibilité des ressources médicales, une réflexion sur la manière d’offrir les soins et les services à domicile en adoptant l’approche de l’autonomisation des aînés, une baisse à 65 ans du seuil d’admissibilité aux prestations de la Sécurité de la vieillesse et la création d’une nouvelle allocation pour les aînés qui n’ont pas un revenu suffisant à la retraite.

De plus, la Coalition propose d’améliorer les conditions de travail du personnel en CHSLD et de redonner aux CHSLD leur capacité de gestion et de gouvernance locale en établissant des mécanismes d’imputabilité.
 
Pour en savoir plus sur la Coalition pour la dignité des aînés.

Facebook Twitter Reddit