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Nouvelle de 19 h

Vers des bris de services en médecine vétérinaire

La Clinique vétérinaire de l’Estuaire, dans le quartier Sainte-Odile à Rimouski. (Photo Alexandre D’Astous – Journal Le Soir)

Les médecins vétérinaires du Québec sont à bout de souffle et les services vétérinaires sont actuellement compromis partout dans la province, y compris au Bas-Saint-Laurent où la plupart des cliniques n’acceptent plus de nouveaux clients dans les petits animaux.

Vétérinaire à la Clinique de l’Estuaire basée à Rimouski, Amqui et Mont-Joli, Martin Fournier indique que le constat fait en début de semaine par l’Ordre des vétérinaires du Québec s’applique à la région. « Ça fait 30 ans qu’on manque de personnel et la situation empire avec la croissance du nombre d’animaux de compagnie, les absences du personnel liées à la COVID-19 et le fait que nous devons espacer nos rendez-vous en clinique afin de respecter les mesures de désinfection liées à la pandémie », commente-t-il.

Malgré une entraide mise en place entre les cliniques pour assurer les services d’urgence, M. Fournier estime que les vétérinaires travaillent à 125 % de leur capacité présentement et que, malgré tout, la liste d’attente pour une chirurgie non urgente, comme la stérilisation, est d’un an. « La plupart des cliniques ne prennent plus de nouveaux clients. Nous faisons l’essentiel », précise-t-il.

Au bout du rouleau

« Nous recevons chaque jour, des courriels et des lettres de médecins vétérinaires au bout du rouleau qui n’arrivent pas à prendre le dessus. Le personnel manque, les rendez-vous doivent être reportés de plusieurs semaines et la clientèle est en colère devant cette incapacité à obtenir des soins pour ses animaux », relate le Dr Gaston Rioux, président de l’Ordre. L’Ordre est extrêmement préoccupé, tant par la santé physique et mentale de ses membres que par les grands problèmes d’accessibilité aux services vétérinaires qui ont cours partout dans la province.

Photo Alexandre D’Astous – Journal Le Soir)

Traitements préventifs repoussés

En effet, la situation est difficile pour les médecins vétérinaires, mais aussi pour les propriétaires d’animaux qui peinent à accéder tant à des soins de base qu’à des soins d’urgence. L’Ordre craint que les impacts se multiplient sur la santé et le bien-être des animaux, mais aussi en matière de santé publique. « Quand les médecins vétérinaires ne suffisent pas à la tâche, ils doivent relayer au second rang les traitements préventifs comme les vaccins. Le risque d’observer une augmentation de maladies animales dans les prochains mois est bien réel. Certaines de ces maladies sont transmissibles aux humains, les propriétaires d’animaux doivent être vigilants », prévient le Dr Rioux.

Consignes pour les propriétaires d’animaux

Afin d’éviter que la situation ne se détériore dans le temps, l’Ordre des médecins vétérinaires invite les propriétaires d’animaux à la patience, à la compréhension et au calme. De plus, l’Ordre émet les recommandations suivantes :

  • Évitez les contacts entre vos animaux et ceux des autres, surtout si votre animal n’est pas à jour dans sa vaccination et s’il présente des symptômes.
  • Évitez les endroits publics et les parcs à chiens.
  • Vérifiez l’accessibilité aux soins vétérinaires dans votre région et connaissez vos options en cas d’urgence.
  • Demeurez à l’affût de la santé de votre animal, n’attendez pas que la situation soit critique pour contacter votre médecin vétérinaire.
  • Soyez au fait des obligations des médecins vétérinaires en cas d’urgence, mais aussi de vos responsabilités en tant que propriétaire d’animal.

Davantage d’explications sur la situation ainsi que des conseils pour les propriétaires d’animaux sont disponibles sur le site de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec au www.omvq.qc.ca. L’Ordre invite le public à s’y référer.

Gaston Rioux (Photo: Pierre Michaud-archives)

Une problématique multifactorielle

Le problème d’accès aux soins vétérinaires préoccupe l’Ordre et la profession vétérinaire depuis de nombreuses années. « L’Ordre l’a identifié comme un de ses cinq enjeux prioritaires dans sa planification stratégique 2019-2022. Avec la pandémie, la problématique s’est positionnée au-dessus de la liste des priorités. Nous travaillons avec tous les acteurs du milieu pour résoudre cet enjeu et nous agissons dans toutes les sphères où nous pouvons avoir un impact », précise le Dr Rioux. De nombreuses révisions réglementaires sont en cours, notamment en matière d’admission et de délégation d’actes.

La Clinique vétérinaire de l’Estuaire compte six vétérinaires, alors que ce nombre était de neuf il y a quelques années, ainsi que 17 techniciens en santé animale.

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