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Nouvelle de 19 h

Nadia Gagné s’attaque à l’appartenance territoriale et à l’identité raciale

Nadia Gagné a fait partie d’une résidence de création l’été dernier au Parc du Bic. (Photo courtoisie)

L’artiste multidisciplinaire rimouskoise Nadia Gagné s’attaque à deux concepts qui lui tiennent à coeur, soit l’appartenance territoriale et l’identité raciale.

« Je suis partie de mon expérience personnelle pour développer ce projet. Encore aujourd’hui, les gens ont de la difficulté à croire que je suis bas-laurentienne à cause de la couleur de ma peau. Pourtant, je suis née ici. Mes parents viennent d’ici depuis plusieurs générations, mais j’ai un physique qui renvoie à un autre territoire dans l’imaginaire collectif. Les gens me demandent d’où je crois, mais ils ne croient pas mon appartenance territoriale au Bas-Saint-Laurent », explique l’artiste, dont le projet Que d’ici vient d’obtenir un financement de 19 000 $ dans le cadre du Programme de partenariat territorial du Bas-Saint-Laurent du Conseil des arts et des lettres du Québec.

Celle qui œuvre généralement en arts visuels a opté pour un autre moyen d’expression pour ce projet, soit la réalisation d’une œuvre sonore. « L’œuvre n’existe pas encore. Elle est à l’étape d’idée. L’objectif, c’est de concevoir une œuvre sonore qui parlerait d’appartenance territoriale en partant de mon récit personnel pour ouvrir vers d’autres récits. Je veux aussi aborder l’identité raciale. Je vais essayer de ne pas utiliser les discours. Je me demande dans combien de générations on pourra accepter qu’une personne ayant d’autres traits physiques puisse appartenir à un territoire autant que les autres », explique-t-elle.

Le paysage sonore sera un personnage

Nadia Gagné souhaite que le paysage sonore du Bas-Saint-Laurent soit un personnage de son œuvre. « C’est une manière pour moi d’afficher mon attachement au territoire, J’ai choisi de faire une œuvre sonore parce que je trouvais ça important qu’on ne voit pas les gens qui vont parler. Quand on nous voit, nous sommes déconcentrés parce que l’on voit. C’est une première pour moi d’aller dans la conception sonore », mentionne l’artiste en entrevue au Journal Le Soir.

Comme elle est surtout une artiste en arts visuels, Nadia Gagné s’est entourée de spécialistes du sonore pour mener à bien son projet, dont Guillaume Lévesque, un réalisateur qui a souvent fait des documentaires radios et Robin Servant, un concepteur sonore de la région. « Je vais assurer la direction artistique et la réalisation, mais je voulais m’entourer de professionnel du son ».

Les prochaines étapes

Les prochaines étapes du projet seront l’écriture sonore. « Je veux mettre en place une scénarisation qui laissera place aux ajustements, car je veux rester ouverte à ce qui se passe. Par la suite, je ferai des préentrevues avec des personnes ciblées qui appartiennent au territoire du Bas-Saint-Laurent. Ensuite, ce sera de planifier les périodes d’enregistrement et de montage », indique celle qui aimerait voir son projet complété à la fin 2022 ou au début de 2023. « Il y a tellement d’impondérables et d’incertitudes ».

Même si le projet n’en est qu’à ses premiers balbutiements, Nadia Gagné a déjà une entente avec Paraloeil pour une diffusion à l’automne 2022 ou à l’hiver 2023. « C’est une belle motivation pour livrer quelque chose d’intéressant », dit-elle.

Une artiste multidisciplinaire

Nadia Gagné est originaire de Matane et elle demeure à Rimouski. Elle a étudié en arts au Cégep de Rimouski et par la suite en arts interdisciplinaires et en cinéma à Chicoutimi, à l’UQAC. Elle a toujours été une travailleuse culturelle. « L’été dernier, je faisais partie des artistes en résidences au Parc du Bic, dans la Maison Rioux, en collaboration avec Caravansérail et la SÉPAQ. J’ai joué au théâtre en septembre dernier à Ottawa avec une compagnie outaouaise (L’eau du bain). J’ai fait partie pendant plusieurs années d’un collectif d’artistes en arts visuels à Montréal, J’ai aussi fait de la scénarisation Web pour le projet « Moi j’ai un ami blanc » avec le réalisateur Julien Boisvert (ex-Rimouskois maintenant installé à Montréal », raconte l’artiste.

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