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Merci pour l’environnement…

Mais pas de cadeaux aux corporations svp!
Martin Poirier, Stéphane Poirier et Benoit Saint-Hilaire, les piliers de Non à une Marée Noire dans le Saint-Laurent, militent depuis de nombreuses années. (Photo: archives)

De nombreux groupes environnementaux, citoyens, étudiants et de santé soulignent le dépôt, hier, du projet de loi 21 -Loi visant principalement à mettre fin à la recherche et à la production d’hydrocarbures ainsi qu’au financement public de ces activités.

Ils se réjouissent, mais demandent toutefois qu’il soit amendé pour fermer la porte aux indemnisations que le gouvernement souhaite octroyer à l’industrie.

« Après des années de mobilisation, le Québec est enfin sur le point de mettre un terme aux velléités de cette industrie du siècle dernier. Les groupes soulignent que le gouvernement fait un pas important dans le sens exigé par l’urgence climatique et par la population, et rappellent qu’il n’y a jamais eu d’acceptabilité sociale pour les forages de pétrole et de gaz au Québec. Lors de l’étude détaillée du projet de loi 21, les groupes seront à pied d’œuvre pour faire comprendre au gouvernement que la fin de l’exploitation des hydrocarbures au Québec doit se faire sans que des fonds publics soient octroyés aux entreprises pétrolières et gazières. Les groupes insistent pour que la facture liée à la fermeture des puits et à la restauration des sites ne soit pas laissée aux contribuables », constatent ces militants.

100 M$

Selon eux, le gouvernement prévoit payer 75 % des frais relatifs à la fermeture définitive des puits et à la restauration (estimés par le gouvernement à 33 M$ de fonds publics) aux entreprises pour qu’elles ferment correctement leurs puits, en plus d’un montant de 67 M$ en compensation pour frais d’exploitation. Et selon certaines sources, ces entreprises trouvent que ce n’est pas suffisant.

« En absence d’analyse environnementale sur l’ensemble des puits, les groupes disent craindre que les coûts de restauration dépassent ce que le gouvernement a prévu et que ce sera aussi aux citoyen-ne-s de payer. Les groupes à l’origine de la pétition « Fini les cadeaux » rappellent que faire des cadeaux aux compagnies pétrolières et gazières sous forme d’indemnisations est, selon un rapport du Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE), un choix politique et non une obligation légale. »

Santé

« De plus, l’industrie des énergies fossiles a déjà coûté beaucoup trop cher aux portefeuilles des contribuables et à leur santé. Accorder des indemnisations à cette industrie créerait un dangereux précédent susceptible d’alourdir substantiellement les coûts de la transition énergétique. »

Aux dires de ces groupes, le dépôt du projet de loi signe l’arrêt de mort des projets pilotes d’exploration et d’exploitation de gaz proposés récemment par l’industrie dans une dernière tentative de forer le sol québécois. Bien que le projet de loi ouvre la porte à des projets pilotes pour l’acquisition de connaissances géoscientifiques, le texte (article 42) est bien clair que ces derniers ne pourront pas permettre la recherche ou la production d’hydrocarbures.

Les groupes affirment qu’ils demeurent vigilants et feront connaître prochainement leur analyse plus complète du projet de loi.

(Photo: Unsplash photos)

Vigilance extrême

« Sans enlever le mérite à qui que ce soit, il faut voir dans le projet de loi déposé le résultat d’une vigilance de tous les instants, de la mobilisation inlassable d’une centaine de groupes citoyens partout au Québec, sur plus d’une décennie. L’éventuelle interdiction des forages pérennisera le succès de la lutte entreprise en 2010 contre l’exploitation du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent, combat qui vise désormais et dans l’urgence à délaisser toutes les énergies sales pour les énergies propres », déclare Philippe Duhamel, coordonnateur général du Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec.

F-i-n-i!

« Cela aura pris dix ans de mobilisation citoyenne pour obtenir une loi encadrant les forages au Québec. Maintenant on doit viser moins d’un an pour en sortir avec une loi sans compensations financières. C’est fini les cadeaux », ajoute Martin Poirier, porte-parole de Non à une marée noire dans le Saint-Laurent et militant bien connu à Rimouski.

« Avec le projet de loi 21, Québec mettra fin à l’une des plus grandes menaces pour la préservation de l’eau au Québec. Cependant, il est irresponsable d’offrir en cadeau de payer 75% des coûts de la fermeture des puits sans même connaître l’ampleur des dégâts laissés par ces industries. Les analyses environnementales manquent et on ignore toujours qui paiera pour cela », croit Rébecca Pétrin, directrice générale, Eau Secours.

« Il est plus que temps que le gouvernement ferme la porte aux hydrocarbures, la santé des populations n’a été que trop longtemps bradée au profit de cette industrie. C’est essentiel que ce projet de loi soit adopté le plus vite possible, tout comme il est aussi essentiel qu’il ne permette aucune indemnisation à l’industrie », renchérit Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME).

Grand pas

« Même si ce projet de loi est un grand pas en avant, dépenser l’argent des Québécois.es pour payer 75% des coûts de nettoyage des puits abandonnés est inadmissible. Nous devons cesser de privatiser les profits et de collectiviser les coûts. Nous sommes contre toute indemnisation », précise Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques d’Équiterre.

«La fermeture de la porte à l’exploitation des hydrocarbures est une avancée majeure, mais le projet de loi doit être amendé pour éviter que des millions de dollars en argent public soient donnés à l’industrie en guise d’indemnisation pour la fermeture de ses puits. C’est à l’industrie de payer pour réparer ses pots cassés. Financer la fermeture des puits à hauteur de 75% pourrait s’avérer être un gouffre sans fond pour le gouvernement, qui jetterait l’argent public par les fenêtres, alors que nous avons urgemment besoin d’investir dans une économie plus juste et verte », remarque Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace Canada.

Inclusion

« Les pétro-gazières doivent être tenues responsables de la contamination qu’elles laissent derrière et payer les coûts de décontamination liés à leurs opérations. Leur inclusion dans un plafond de 75% des coûts de fermeture non-plafonné promet d’être un autre cadeau à l’industrie », estime Pascal Bergeron, porte-parole d’Environnement Vert Plus.

« Solidarité Gaspésie salue le geste important que pose aujourd’hui le Gouvernement du Québec en déposant le projet de Loi 21 visant à interdire la recherche et la production d’hydrocarbures au Québec. Nous demeurons cependant inquiets quant à la nature et l’ampleur des indemnisations prévues pour les entreprises dont les licences sont révoquées. L’État québécois a déjà beaucoup investi dans les entreprises pétrolières et gazières. Les fonds publics devraient désormais servir à financer une transition énergétique verte, juste et équitable », avance Carol Saucier, de Solidarité Gaspésie.

Groupes signataires

Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME), Coalition étudiante «Arrêtons GNL», Équiterre, Eau Secours, Environnement Vert Plus, Fondation David Suzuki, Front commun pour la transition énergétique, Greenpeace Canada, La Planète s’invite au Parlement, Gaspé Mères au front, Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville, Nature Québec, Prospérité sans pétrole, NON à une marée noire dans le Saint-Laurent, Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ), Réseau action climat Canada Solidarité Gaspésie.

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