Nouvelle de 18 h > Déjà 1 M$ en banque pour le stationnement étagé!
Nouvelle de 18 h

Déjà 1 M$ en banque pour le stationnement étagé!

Le débat doit commencer, selon la Chambre de commerce
Le stationnement de la Place des Anciens combattants. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

Le président de la Chambre de commerce et de l’industrie Rimouski-Neigette, Guillaume Sirois, considère qu’il faut sans attendre commencer à évaluer les besoins du centre-ville de Rimouski en matière de stationnement.

Dans le cadre d’une série d’articles sur la nouvelle vocation à donner à la Place  des Anciens combattants, sur la revitalisation du centre-ville et sur la situation du stationnement au centre-ville, le Journal Le Soir a appris que le fonds dédié aux projets de stationnement, à la Ville de Rimouski, atteint maintenant la somme de 1,1 M$. De mémoire de chroniqueur municipal, le mécanisme qui a permis de réunir cette somme a été instauré à l’ère du maire Michel Tremblay (en exercice de 1994 à 2005).

La façon de faire demande à chaque entreprise établie au centre-ville de compenser un manque d’espaces de stationnement par une contribution financière annuelle. Le nombre requis est calculé selon la superficie de la propriété qui accueille le commerce. Si la Ville considère que vous avez besoin de 20 cases de stationnement, mais que votre réalité physique ne vous permet que d’en avoir 10 dans la cour de votre entreprise, vous devez compenser les 10 manquantes à la Ville.

Celle-ci confirme qu’elle procède toujours de cette façon et que le total accumulé est bien de 1,1 M$.

Contradictions

Depuis le début de la série d’articles sur la Place des Anciens combattants et la relance du centre-ville, l’auteur de ces lignes constate qu’il y a des contradictions qui méritent d’être mises en évidence. Alors que bon nombre d’intervenants réclament plus de verdure, plus de place au transport actif et que la future Place des Anciens combattants soit aménagée pour être un espace public encore plus vaste, d’autres, comme le propriétaire d’un édifice d’espaces à bureaux, Bernard Sylvain, font valoir qu’il faut à tout prix éviter de sacrifier ne serait-ce qu’un seul des quelque 150 espaces de stationnement que l’on y retrouve.

Trop ou pas assez?

Par ailleurs, la possibilité de détourner la rue Saint-Germain sur le boulevard René-Lepage, entre la rue des Marins et l’avenue de la Cathédrale, est évoquée et apparaît intéressante. Ce détour de 230 mètres permettrait de créer une nouvelle zone entièrement piétonnière et de former un tout de la cathédrale, de l’accueil touristique/Société de promotion économique, de la Place des Anciens combattants et des édifices publics (Institut maritime, Musée régional, Salle Desjardins-TELUS) sur une grande esplanade.

La tendance est à la piétonnisation, comme le démontre la grande popularité des Terrasses Cogeco sur la rue Saint-Germain Est, mais le retour au travail au bureau, du moins partiel, à l’issue de la crise sanitaire, est en cours et implique la présence accrue des véhicules. De plus, les consommateurs sont aussi de retour au centre-ville. Il y a également le projet de stationnement étagé derrière le Musée et l’Institut de marine. Alors, y a t-il trop ou pas assez d’espaces de stationnement?

La fermeture de la rue Saint-Germain sur 230 mètres permettrait notamment d’englober la salle Desjardins-TELUS et la Cathédrale de Rimouski dans le concept. (Photo : courtoisie Jean-François Lepage)

Courir mettre des « trente sous »

Un restaurateur bien connu, Jean-Yves Beaulieu, rappelle que ce fameux système de contribution présentait au départ des iniquités et qu’il a été amélioré depuis le temps. Il était alors président de l’Association des marchands et avait dû mener une lutte de longue haleine pour faire changer les choses. Il se souvient que des gens d’affaires du centre-ville se voyaient, pour une même propriété, dans l’obligation de verser jusqu’à 60 000 $ par année à la Ville. Aujourd’hui, on parle de quelques milliers de dollars.

« On a travaillé fort pour défendre les points de vue des marchands. Ça n’avait pas de sens et on a fait changer ça. Par exemple, la réglementation a été changée pour que les propriétaires de commerces puissent faire appel à leurs voisins, pour combler leurs manques d’espaces. Le système était mal organisé. On payait pour nos cases, on payait pour les cases manquantes et en plus, on payait pour les parcomètres. On risquait de perdre de la clientèle. Au Central Café, à l’époque où j’étais propriétaire, je sortais moi-même mettre des « trente sous » dans les parcomètres, parce que je savais que c’étaient les véhicules de clients que je ne voulais pas voir mécontents, qui étaient stationnés là. Je me suis rendu jusqu’à louer et à payer les aménagements pour avoir des cases de plus, sur les terrains de l’archevêché, en face du restaurant, à la suite d’une entente avec le Diocèse », rappelle-t-il.

 « Cet argent appartient aux marchands »

« Toujours d’après mes souvenirs, la Ville ne doit pas utiliser cet argent n’importe comment; cet argent appartient aux marchands de Rimouski et il doit être consacré à du concret. Par ailleurs, je crois que les choses se sont améliorées et que la volonté d’améliorer les choses est là, puisqu’une démarche de revitalisation du centre-ville est cours. L’idée de faire un stationnement étagé remonte à environ 10 ans et depuis ce temps, je crois que c’est bien au stationnement étagé qu’est dédié l’argent du fonds. Guy Caron a manifesté sa volonté de réaliser ce projet. J’en ai vu certaines esquisses à l’époque et il y avait de super belles idées. La conception permettait de ne pas gâcher le paysage. Le premier étage arrivait à égalité avec l’horizon grâce au dénivellement », estime aussi monsieur Beaulieu.

Jean-Yves Beaulieu (Photo: archives)

Un tournant

Par ailleurs, ce dernier et Guillaume Sirois sont d’accord pour dire qu’il est temps de faire le point et éventuellement le ménage dans le système de gestion des espaces de stationnement. Monsieur Sirois est aussi d’accord pour dire que cet argent doit être consacré aux fins pour lesquelles il a été prélevé.

Monsieur Beaulieu rappelle que Rivière-du-Loup a aboli les parcomètres, contrairement à Rimouski, qui vient de mettre en place un système de parcomètres « intelligents » dans une partie du centre-ville. Mais il y a aussi tout le système des vignettes, pour les propriétaires riverains et les travailleurs, et de cases gratuites de deux heures maximum, pour les consommateurs.

« Si vous vous souvenez, on avait fait une sortie pour dénoncer la hausse des vignettes quand les parcomètres intelligents n’étaient pas encore installés. Cette hausse était injustifiée dans un contexte de pandémie. Il faut que la Ville soit cohérente et utilise cet argent pour créer concrètement des espaces, mais auparavant, il faut faire des analyses sérieuses. Il faut profiter des prochaines semaines et des prochains mois pour évaluer les besoins de 2022. On ne peut plus se baser sur aucune étude passée. Dans les prochaines semaines, on va voir notamment ce qu’il va advenir avec le télétravail et le retour total ou partiel dans les bureaux. Il faudra faire un débat là-dessus maintenant, car nous sommes dans un tournant », prévoit monsieur Sirois.

Guillaume Sirois (Photo: courtoisie)

Point faible

Si la démolition de la vieille partie du centre commercial la Grande Place et la construction d’un projet de remplacement sont le premier jalon de la remise en valeur du centre-ville, le dossier de la cathédrale en est le second et la nouvelle vocation de la Place des Anciens combattants le troisième, selon le maire, Guy Caron.

Interrogé récemment, le maire a répété qu’il préfère attendre de voir ce qu’il adviendra du dossier de la cathédrale avant d’entreprendre des démarches pour la Place des Anciens combattants et le stationnement. Monsieur Caron croit que l’usage futur de la cathédrale aura un impact sur les besoins en espaces de stationnement qu’il faudra considérer.

L’argumentation de monsieur Caron est défendable dans une vision d’ensemble, mais son point faible est qu’il n’a pas le contrôle sur ce qui se passe dans le dossier de la cathédrale. C’est l’Archevêché qui a les billes en main.

« Si cet argent sert à démarrer le projet de stationnement étagé, à mon sens, ce serait la bonne chose à faire. C’est un peu comme la taxe sur l’essence, qui était censée servir à l’entretien des routes. La taxe-santé doit aller sur la santé. Il ne faut pas que cet argent soit détourné. Ça a été pris à même les taxes de nos commerçants, donc ça ne doit pas servir à autre chose. On est à la croisée des chemins », fait remarquer Guillaume Sirois.

« Perd du temps »

« Ça fait un certain temps qu’on déplore une certaine inaction concernant la Place des Anciens combattants. On nous a dit à une certaine époque « Il faut d’abord régler la Grande Place ». On avait dit à ce moment qu’un n’empêche pas l’autre. On peut regarder ce qui se passe sur le front de la cathédrale, mais on peut aussi essayer de se pencher sur la Place des Anciens combattants pendant qu’il ne se passe rien. On travaille trop par projet à la Ville. Il faudrait avoir des choses qui progressent en parallèle. Là, on perd un temps fou. Pendant que le dossier de la cathédrale n’est pas réglé, on pourrait établir ce qu’est la vision pour l’avenir de la Place des Anciens combattants. En réévaluer les coûts par rapport au projet de 2019. Établir une thématique. Établir un budget. Trouver des subventions. En attendant que le dossier de la cathédrale se règle, on devrait travailler sur l’avenir du centre-ville en général, sur les autres dossiers. C’est la vision que nous avons toujours voulu partager. Mais je ne veux pas que monsieur Caron pense que c’est une attaque de front contre lui, c’est juste qu’on l’invite à réaliser qu’on peut travailler en multiprojets plutôt que d’y aller un à la fois », insiste monsieur Sirois, acquiesçant à la proposition « On devrait être un peu plus proactif. »

En faveur

Par ailleurs, le Journal Le Soir a interpellé le conseiller de Saint-Germain, Philippe Cousineau-Morin, pour obtenir ses commentaires. Il a décliné l’invitation, mentionnant qu’il avait déjà présenté sa position. Il s’est dit notamment en faveur de la construction d’un stationnement étagé derrière le Musée et l’Institut maritime, mais aussi d’un plus grand verdissement de la Place des Anciens combattants.

L’argumentation de monsieur Caron est défendable dans une vision d’ensemble, mais son point faible est qu’il n’a pas le contrôle sur ce qui se passe dans le dossier de la cathédrale. C’est l’Archevêché qui a les billes en main.

Dernière heure

En dernière heure, à la suite d’une demande du Journal Le Soir, un responsable du Service des communications de la Ville, Frédéric Savard, a indiqué, concernant l’usage du fonds: « L’usage du montant qui se trouve dans ce fonds sera déterminé par les membres du conseil municipal. De par sa nature, ce fonds pourrait être utilisé pour un ou des projets au centre-ville. »

Facebook Twitter Reddit