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« 500 $ pour acheter des votes »

(Photo: Unsplash photos)

En accordant 500 $ à la très grande majorité des Québécois dont certains déjà bien rémunérés dans son budget, le gouvernement du Québec fait une nouvelle fois la démonstration qu’il ne comprend rien à la réalité des personnes en situation de pauvreté.

C’est l’avis notamment du coordonnateur de l’organisme local de défense des droits de ce dernier, Action populaire Rimouski-Neigette, Michel Dubé. Celui-ci n’est pas au nombre de ceux qui se réjouissent du « cadeau » consenti par le gouvernement Legault aux citoyens pour compenser l’inflation. Essentiellement, tous ceux qui gagnent moins de 100 000 $ par année ont droit à ce montant.

Le budget du ministre caquiste Éric Girard a été déposé mardi. Les élections provinciales ont lieu à date fixe cette année, si bien qu’à six mois du 3 octobre, on est pratiquement déjà en campagne électorale.

« C’est une mesure complètement inéquitable. C’est complètement risible. S’il pense (le premier ministre François Legault) qu’il va gagner ses élections comme ça… Au contraire, ça va plutôt le suivre jusque dans l’urne. On aurait été beaucoup plus avisés chez le gouvernement d’avoir ciblé les personnes les plus pauvres et de ne pas en donner aux plus riches. Le gouvernement ratisse trop large en donnant le même montant à tous. Il aurait dû moduler son aide en fonction des revenus de ceux à qui il voulait venir en aide », estime monsieur Dubé.

Rien de constructif

Autre problème, c’est que le montant sera versé d’un seul coup. « Il n’y a rien de durable dans un tel geste. Le 5 du mois, certaines personnes ont droit au crédit de solidarité. Ça touche l’ensemble des ménages à faibles revenus. On aurait pu utiliser cet outil, trouver une façon de faire perdurer la mesure. On devrait rehausser les prestations du crédit de solidarité de façon permanente. Il y en a pour 3,2 milliards $. On pourrait à la rigueur trouver une façon efficace de générer des intérêts avec cette somme pour mieux financer l’aide aux personnes assistées sociales », croit monsieur Dubé.

« Ça pourrait n’avoir servir à pratiquement rien. Rendus au mois de septembre, les gens vont être revenus dans la même situation de précarité. Ça donne une somme de 9,60 $ de plus par semaine », ajoute-t-il.

Le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, a affirmé pour sa part que s’il est dans les personnes éligibles à cette aide de 500 $, il versera ce montant à un organisme humanitaire.

Le coordonnateur d’Action populaire Rimouski-Neigette, Michel Dubé. (Photo Alexandre D’Astous – Journal Le Soir)

Héritage libéral

Le gouvernement sortant de la Coalition Avenir Québec (CAQ) prépare un autre projet de loi concernant le revenu de base qui semble mal adapté à la réalité. Il s’agit d’un « héritage » des libéraux.

À compter du 1er janvier 2023, les personnes inscrites au programme de solidarité sociale depuis 66 des 72 mois précédents seront admissibles au programme suivant : -une prestation de base annuelle de 1 138 $; -une prestation de base pour une personne vivant seule de 1 475 $; -l’individualisation de la prestation (un chèque = une personne); -l’obligation pour chaque personne admise de transmettre, chaque année au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MTESS) sa déclaration fiscale de l’année précédente sous peine de subir une réduction de 500 $ par mois de sa prestation; -l’exclusion unique de 500 000 $ pour la valeur des biens; -les avoirs liquides de l’adulte sont exclus jusqu’à concurrence d’un montant de 20 000 $.

Mal en point

« À la fin du mandat des libéraux, le ministre François Blais est arrivé avec un projet de réforme. Il y avait un nouveau programme à l’aide sociale pour les prestataires qui sont en contrainte sévère de longue durée. Ce sont les personnes les plus mal en point physiquement au sein de la clientèle de l’aide sociale. Ce sont celles qui sont les plus éloignées du marché du travail. Avec ces gens, on dirait que le gouvernement lâche prise en leur disant que « quand même que je vous donnerais le moins possible, ça ne vous incitera pas plus à aller travailler. » Le message qu’on leur envoie, c’est : « On considère que vous êtes trop handicapé pour travailler et trop éloigné du marché du travail; on augmente votre prestation à la mesure du panier de consommation de 2018. » Le projet-pilote est en place depuis 2018. Il y a des bénéficiaires qui voient leur revenu augmenter de manière assez intéressante », fait remarquer Michel Dubé.

Trop d’exclus

« C’est un programme qui est super intéressant, mais le problème est qu’il exclut trop de gens. Ça prend cinq ans et demi avant d’être admissible. Pendant ce temps, je vois des gens à mon bureau au sujet desquels je n’ai pas besoin de faire une évaluation de trois mois pour savoir qu’ils ne sont pas en mesure de travailler. On souhaiterait que ce revenu de base s’applique plutôt à tous les prestataires d’aide sociale. Ceux qui sont éligibles au programme vont pouvoir mieux couvrir une partie de leurs besoins essentiels, mais pendant ce temps, celui qui est apte à travailler reçoit 726 $ par mois. Il faut que ce programme s’applique à tous les prestataires. Ça risque de passer avant la campagne électorale. Ça passe bien dans notre société de mieux aider des personnes handicapées, mais on oublie beaucoup de prestataires qui ont aussi besoin d’aide », affirme le travailleur communautaire.

Droit à l’amour

On se souvient que des campagnes de sensibilisation ont invoqué le droit à l’amour ces dernières années. Un correctif a été fait au moins pour une partie de la clientèle. « Il y a un gros bénéfice pour les personnes visées par le programme. Elles peuvent désormais vivre en couple sans avoir de pénalités. Pour le moment, 92% des prestataires d’aide sociale prétendent vivre seuls. Mais ce n’est pas le reflet de la réalité, parce que les gens cachent qu’ils sont en amour, pour éviter de se faire « couper » », révèle-t-il.

Statistiques

En janvier 2022, on dénombrait 301 884 prestataires d’aide sociale en tout au Québec, dont 53 667 enfants. À la solidarité sociale (contraintes à l’emploi), il y avait 119 361 prestataires inscrits, dont 6 360 enfants.

Au Bas-Saint-Laurent, on dénombrait 6891 prestataires d’aide sociale, dont 848 enfants, et 3642 personnes inscrites à la solidarité sociale. L’âge moyen de ces dernières pour le Bas-Saint-Laurent est de 49,9 ans.

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