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Les goélands dérangent toujours

(Photo Unsplash – Crédits : Meritt Thomas)

La Ville de Rimouski a adopté cette semaine un règlement « visant la mise en place de diverses mesures de contrôle et de prévention afin de réduire les nuisances causées par les goélands. »

Ce règlement concorde avec le désir de la Ville de répondre à certaines préoccupations citoyennes, tout en s’assurant que les mesures mises en place respectent la Loi de 1994 concernant les oiseaux migrateurs qui stipule que les goélands sont protégés.

Un règlement assez court

« C’est un règlement qui est assez court : dans le fond il veille à la mise en place de diverses mesures de contrôle et de prévention, afin de réduire les nuisances causées par les goélands. Il y a des citoyens de la ville qui ont manifesté et qui disent, à raison ou à tort, que les goélands deviennent de plus en plus nuisibles dans le secteur du centre-ville. Pour pallier à ce problème, le conseil a demandé à ce qu’on fasse un règlement qui permet d’éviter le plus possible les nuisances causées par les goélands », raconte le conseiller en environnement à la Ville de Rimouski, Mathieu Geneau.

Parmi les mesures qui figurent dans le règlement, on y retrouve certains types d’installations ainsi que certaines marches à suivre : « On demande aux propriétaires d’immeubles d’appliquer certaines mesures, qui sont soit de badigeonner les œufs d’une substance stérilisante, souvent de l’huile minérale ou végétale, de retirer les nids, les œufs. »

Oiseau protégé

Il insiste sur le fait qu’avant de détruire un nid, un permis de destruction de nids (incluant les œufs) est requis : « il faut absolument demander un permis au Service canadien de la faune, pour pouvoir faire ça. Nous on le permet, mais on n’a pas le droit de dire : vous le faites. C’est vraiment le service canadien de la faune qui autorise, parce que le goéland est un oiseau protégé par la convention des oiseaux migrateurs depuis 1994. »

Ainsi, une fois que les œufs sont éclos, les petits ne doivent pas être tués.

Gérer les toits

Il existe aussi une approche qui cherche à restreindre l’accès au toit pour les goélands : « On permet aussi d’installer des barrières sur les toits, que ce soit des filets qui empêche l’accès à un évent de toit, ou des fils en quadrillé sur un toit qui empêche les goélands, d’aller s’y poser ou de niché », explique monsieur Geneau.

Des mesures qui existaient déjà

Si ces mesures sont maintenant l’objet d’un règlement officiel, elles étaient déjà présentes dans le programme de contrôle de la Ville : « C’était plus des conseils qu’on donnait aux citoyens, mais qu’on a, si on veut, traduit en règlement maintenant. »

La présence des goélands en ville

S’il semble y avoir davantage de goélands en ville, il s’agit d’un phénomène causé par l’évolution des ressources naturelles des goélands : « Les goélands subissent une évolution de leur ressource naturelle, c’est-à-dire que leurs ressources, en l’occurrence surtout du poisson, leur proie naturelle est de moins en moins facile à trouver pour eux. Beaucoup de colonies qui étaient autrefois sur des îles qui étaient un peu isolées en milieu océanique se sont largement déserté depuis et du coup la solution qu’ils ont trouvée, ç’a été d’occuper les secteurs citadins. Il y a donc de plus en plus de goélands citadins, mais ce n’est pas du tout une augmentation de la population : c’est un changement d’air de reproduction pour beaucoup de goélands. Plusieurs goélands nichent en ville, tout simplement parce qu’ils trouvent des endroits propices pour faire leur nid et couver leurs œufs et qu’ils ont de la nourriture à proximité, du fait qu’on a des sites d’enfouissement, de la nourriture facile à trouver et beaucoup de déchets dont ils se nourrissent », témoigne le directeur de l’Observatoire des Oiseaux de Rimouski, Mikaël Jaffré.

Il explique que ce phénomène concerne surtout le goéland argenté, soit l’espèce la plus présente sur les toits de Rimouski.

Les populations de goélands ne sont pas en hausse

De cette façon, même si les goélands sont plus présents au centre-ville, leur population n’est pas pour autant en augmentation : « Globalement, les populations de goélands au Québec sont en déclin. Donc en fait, le goéland argenté n’est pas du tout une espèce en augmentation ni une espèce qui prolifère, c’est juste que vu que les endroits où ils sont naturellement sont moins propices à avoir des jeunes alors ils se retournent vers un plan B qui est les secteurs citadins », ajoute Mikaël Jaffré.

Quelques préoccupations

« C’est une espèce en déclin qui a trouvé la ville comme refuge pour pouvoir se reproduire, faute de trouver ce dont ils ont besoin dans leur milieu naturel. À partir de là, si on n’est pas d’accord avec le fait qu’ils puissent se maintenir à proximité de nos villes, ils n’ont plus beaucoup d’endroits où ils pourraient aller. Alors je pense vraiment que les enjeux de gestion des goélands, doivent se jouer au cas par cas et il y a peut-être des cas où effectivement il faut trouver des compromis entre l’écologie, la conservation et ce qui est acceptable pour la population. Donc s’il y a des cas où il y a des individus problématiques, ou il y a des raisons où éventuellement il mérite de considérer la gestion comme un plan, disons prioritaire, ça peut se comprendre. Le fait par contre qu’il y ait une politique de stérilisation systématique, c’est clair que ça aura des enjeux très négatifs sur la population qui est déjà en déclin. »

Mikaël Jaffré conclut en disant que l’Observatoire se propose pour être consulté sur ces questions, notamment en ce qui concerne les questions environnementales, ainsi que les enjeux de conservations qui accompagnent cette problématique : « On peut comprendre que certains cas nécessitent une intervention, mais qu’il faut vraiment éviter une politique de stérilisation systématique, parce que finalement on est un refuge pour eux. »

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