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Nouvelle de 18 h

Le secteur automobile a changé du tout au tout

On n’achète plus une voiture du jour au lendemain
La crise sanitaire et la crise du prix des carburants a complètement transformé le secteur de l’automobile. (Photo: Unsplash photos)

L’industrie automobile se retrouve parmi celles qui auront été les plus bouleversées par la crise sanitaire, les habitudes des concessionnaires et de leurs clients étant changées du tout au tout.

C’est en tout cas bien le cas chez nous, ce que confirment le directeur général de la Corporation des concessionnaires d’automobiles de l’Est du Québec et de la Côte-Nord, Richard Michaud, et le président de Groupe Véloce, Vincent Beauchesne, qui opère trois concessions à Rivière-du-Loup Témiscouata-sur-le-Lac et Tourville, une sous la bannière Mitsubishi et deux sous la bannière Chrysler.

Pas du jour au lendemain

Ceux qui n’ont pas magasiné de voiture depuis cinq ans vont faire un saut!

Le jour où on entrait chez un concessionnaire automobile et où on en ressortait avec sa voiture neuve ou usagée en moins de 24 heures est bien révolu. « Pour employer une expression bien de chez nous, « ça a reviré boutte pour boutte » dans le monde de l’automobile, si l’on compare l’avant et l’après-crise sanitaire », signale monsieur Michaud.

Dès aujourd’hui

« Si j’avais un conseil à donner au consommateur, ce serait le suivant : si jamais vous envisagez d’acheter une nouvelle voiture l’an prochain, passez donc nous voir dès aujourd’hui! », ajoute monsieur Beauchesne.

« Avant la pandémie, nous avons déjà eu une politique de livraison en 60 minutes. Aujourd’hui, ce n’est pas une promotion qu’on pourrait envisager et je pourrais difficilement m’avancer pour vous donner des ordres de grandeur pour le temps que ça peut prendre maintenant. Ça dépend de beaucoup de choses. La vente automobile a changé, c’est certain. Il faut magasiner un an à l’avance, si on veut changer de véhicule », indique aussi Vincent Beauchesne.

Vincent Beauchesne (Photo: courtoisie)

Meilleures pratiques

Selon ce dernier, les pratiques commerciales se sont aussi ajustées en conséquence et entraînent une amélioration de la perception de l’industrie chez le public : « Je vous donne un exemple : aujourd’hui, on ne négocie plus le prix d’une voiture. Il y a un prix et c’est un prix affiché. Je pense que le domaine de l’automobile va connaître de meilleurs jours en termes de perception chez le consommateur. Tout est clair, tout est transparent et comme on dit : c’est ça qui est ça. »

50% de voitures hybrides ou entièrement électriques

Non seulement la crise sanitaire a tout changé, mais la crise énergétique en a ajouté une couche. Une entreprise bien connue qui vient de fermer un de ses dépanneurs libre-service à Rimouski, évoque « la migration vers l’énergie électrique ». Une explication qui nous semble inédite dans ce genre de situation. Mais voilà, on estime que 50% des voitures vendues présentement sont à énergie hybride ou 100% électrique.

« Le prix de l’essence à 2 $ le litre a changé bien des choses. »

Vendues d’avance

« Le prix de l’essence à 2$ le litre a changé bien des choses. Il y avait du monde qui y pensait depuis un certain temps qui là, ont arrêté d’y penser et qui s’est maintenant décidé à passer à l’acte en acquérant une voiture hybride ou 100% électrique. Le problème, c’est qu’on en manque. Les gens achètent, mais ils achètent à l’avance. Ils signent des contrats, ils effectuent des dépôts, ils sont vraiment patients et décidés. Quand leur véhicule arrive, ils le prennent. Je ne connais pas les détails des ventes de tous nos concessionnaires, mais je peux dire que les concessionnaires Toyota et Hyundai de Rimouski ont actuellement 100 voitures électriques qui sont vendues d’avance », soutient Richard Michaud.

Les concessionnaires essayent de garder un exemplaire de chaque modèle comme démonstrateur. (Photo: archives)

Jamais vu

« C’est du jamais vu. Les façons de faire ont changé parce qu’il n’y a plus d’inventaire. Ça ne se règlera pas demain matin. Il y a eu des pénuries de pièces, des usines fermées du jour au lendemain à cause de la COVID, il y a des pays en développement comme le Bangladesh qui ont fermé toutes leurs usines. Ce sont ces pays qui s’occupaient de la sous-traitance, comme les sièges de voiture, les couvertures de portes, les accessoires intérieurs, et les fabricants ont dû se virer de bord pour donner des contrats dans d’autres pays qui ont construit de nouvelles usines. Ça a retardé toute la chaîne d’approvisionnement et de montage partout », rappelle Richard Michaud.

Comment on achète aujourd’hui

« Tous les concessionnaires et tous les manufacturiers sont présents sur Internet, mais les gens n’achètent pas sur Internet. Il faut faire la distinction. Ils s’y informent et ils prennent un rendez-vous. Ils sont parfois mieux informés que le vendeur. Ils vont faire l’essai routier d’un démonstrateur et signent un contrat par la suite, contrat qui ne contient pas le montant de la vente, car on ne le sait pas dès maintenant. Si le véhicule arrive dans un an, son prix peut varier. Le client est placé sur une liste. Pour un tel modèle, il se pourrait qu’on lui dise « tu es le 35e sur la liste. Le 35e est pour toi. » Les concessionnaires tentent de conserver au moins un exemplaire de chaque modèle en stock, pour permettre les essais routiers. Après 2 000 ou 3 000 kilomètres d’usure, le démonstrateur est remis en vente, une autre arrive et ainsi de suite », précise monsieur Michaud sur le déroulement des transactions en 2022.

Un an d’attente

« Selon les modèles, on peut donner une estimation du temps que ça prendra. Si on parle de véhicule 100% électrique, on vient de dépasser un an. Pour les hybrides, c’est un peu moins long, car la demande est moins forte. Les gens sont maintenant tournés vers le 100% électrique. Ils ne veulent plus mettre d’essence. Avant la pandémie, ce n’était pas aussi fort que ça, parce que les distances sont grandes, chez nous. L’autonomie est de mieux en mieux, les ventes ont augmenté ici aussi. Tu peux aller à Québec, connecter ton véhicule pendant la nuit et revenir le lendemain. Je pense que plus de 50% des véhicules en commande dans notre région sont maintenant 100% électriques ou hybrides », estime monsieur Michaud.

Véhicules usagés

De plus, il est de plus en plus difficile de penser à se tourner vers les véhicules usagés, selon Richard Michaud. « Les inventaires de véhicules usagés sont aussi en train de réduire à vue d’œil. »

Plus jamais comme avant

Le prochain congrès de la Corporation des concessionnaires de l’Est du Québec aura lieu du 20 au 22 septembre à Rivière-du-Loup. « Un des gros sujets sera sûrement l’approvisionnement des modèles. Ce n’est pas drôle de voir des concessionnaires qui ont des installations de 4 M$ ou 5 M$ sans voitures à vendre. C’est critique. Il y a moins de coûts parce qu’on a moins d’inventaire, pas de déneigement à faire faire ou presque, etc. Les deux derniers hivers, on avait besoin de tasser six véhicules pour permettre le déneigement en quelques minutes, alors qu’avant, c’était toute une opération avec 150 ou 180 véhicules dans la cour. »

« On ne pense pas que ça va revenir comme c’était avant. On fait aujourd’hui des véhicules qui sont en demande, qui correspondent à ce que veulent les consommateurs, alors qu’avant, on essayait de vendre un véhicule qu’on avait conçu et qu’on « poussait » à la vente avec des programmes à 0% d’intérêt. De nos jours, le client demande exactement la voiture qu’il veut et est prêt à l’attendre », commente finalement, Richard Michaud.

La plus verte

Le prix de la Voiture verte de l’année de l’Association des journalistes automobiles du Canada est allé, le 27 mai dernier, à la Polestar II, une compagnie créée par Volvo et son actionnaire principal, le groupe chinois Geely. Son coût avant incitatif est de 54 000 $.

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