« Où iront « nos » 6000 pauvres? »
La crise du logement creuse l’écart entre riches et démunis« Bientôt, les plus pauvres ne seront plus capables de se payer Rimouski. »
C’est par ce triste commentaire que le coordonnateur du mouvement de défense des droits des personnes à faible revenu, Action Populaire Rimouski-Neigette, Michel Dubé, réagit à l’article du Journal Le Soir publié lundi, au sujet de la crise du logement.
Enjeu majeur
À partir de l’exemple d’un logement d’une pièce et demi de l’avenue de la Cathédrale annoncé à 1 100 $ par mois, le Journal Le Soir est revenu sur le dossier de la pénurie de logements. De nombreux intervenants, dont le député sortant de Rimouski, Harold LeBel, considèrent que la rareté a rendu le marché indécent.
Le logement en question est situé dans un vieil édifice de l’avenue de la Cathédrale, près du centre-ville. Nous avons écrit à son propriétaire sans obtenir de réponse.
La crise du logement doit être un enjeu majeur au cœur de la présente campagne électorale provinciale, selon monsieur LeBel et d’autres.
6000 pauvres
Michel Dubé acquiesce non seulement, mais en rajoute :
« Je rappelle qu’il y a au bas mot 6000 personnes en situation de pauvreté dans la région de Rimouski. Comme société, il faudrait, au minimum, que l’on soit capable de loger ces gens-là. J’ai sursauté quand j’ai vu l’annonce en question. Ce « loft » proposé à 1 100 $ par mois est situé dans une maison de chambres. »
Ces 6 000 personnes constituent plus ou moins 10% de la population de la MRC Rimouski-Neigette.
« Sa clientèle était constituée de personnes à faible revenu. Si ce propriétaire passe le seuil des 1 000 $ par mois, je crains un effet d’entraînement. Je crains que les autres propriétaires suivent et pourtant, ça n’a aucun bon sens. Un jour il faudra que ça arrête. Je pense qu’il y a vraiment lieu de s’inquiéter. Où vont aller les gens concernés s’il n’y a plus de place pour eux? »
Gentrification
« J’ai l’impression que les gens ne sont plus capables de venir à Rimouski. Les plus pauvres ne sont pas capables de se payer Rimouski. C’est une gentrification : seules les personnes aisées vont pouvoir venir vivre en ville. On n’a presque pas le choix de croire que si la tendance se maintient avec des logements d’une pièce et demi à 1 100 $, on va se retrouver avec beaucoup d’itinérance. Où iront-ils », craint Michel Dubé.
La gentrification désigne une forme particulière d’embourgeoisement d’un espace populaire qui passe par la transformation de l’habitat, des commerces ou de l’espace public.
Registre
Michel Dubé insiste lui aussi pour dire que la campagne électorale est le moment idéal pour signifier aux politiciens que la crise est grave et urgente.
« Tel que proposé par le Comité logement Rimouski-Neigette et d’autres regroupements de défense des droits des locataires, je demande moi aussi la création d’un registre des baux qui permettrait par exemple pour ce logement en particulier de savoir quel en était le prix auparavant. Ainsi, on pourrait savoir de combien à combien est passé le prix, d’un locataire à l’autre, et savoir s’il y a des excès. Les personnes en situation de pauvreté à Rimouski ne sont pas toutes éligibles à une habitation à loyer modique (HLM). Ce genre de maison de chambres leur permettait de ne pas vivre dans la rue. »
Le comble
« La liste d’attente, à l’Office (municipal d’habitation), ce n’est que la pointe de l’iceberg. Tant qu’à moi, les mécanismes qui sont là présentement, comme l’ancienne Régie devenue le Tribunal du logement, ne sont pas très efficaces. En plus, on demande aux requérants de payer pour ouvrir leur dossier. Ça c’est le comble! Ils n’ont pas d’argent! D’ailleurs, à propos de la campagne électorale, il faudrait aussi parler de la hausse des revenus des personnes assistées sociales », estime le travailleur communautaire.
Large
« La problématique sur la crise du logement est large. Le gouvernement ne s’en est jamais vraiment occupé. Il a juste changé la Régie en Tribunal. Ça ne faisait pas partie de ses priorités, même si on lui disait qu’il y avait des augmentations exagérées, que la pression était trop forte, que des gens n’avaient pas les moyens de payer; qu’il faut trouver des façons d’encadrer les augmentations de loyer », déclarait monsieur LeBel, hier.