Des baisses d’impôts permanentes pour des votes éphémères ?
La bataille des baisses d’impôt est amorcée alors que 4 de 5 principaux partis politiques promettent de réduire les impôts ou de limiter la taxe de vente du Québec.
Bien franchement, je crois qu’il s’agit d’un cul-de-sac et qu’on ne devrait pas accepter que nos leaders hypothèquent ainsi notre avenir avec des baisses d’impôt permanentes alors que l’on cumule les déficits d’entretien de nos infrastructures et que les couts de construction explosent.
Comment peut-on penser à réduire les revenus de l’État alors qu’on manque cruellement de logements abordables, que nos ainés sont si mal logés, que nos routes sont mals en point et que l’on doit adapter rapidement nos équipements municipaux afin de faire face aux conséquences des changements climatiques ?
Il est malheureusement trop facile pour les partis politiques de fermer les yeux sur nos besoins en infrastructures puisque ce sont les municipalités qui ont le problème sur les bras, elles qui sont responsables de 58 % de l’ensemble des infrastructures publiques mais qui ne reçoivent que 8% des revenus perçus par les différents paliers de gouvernement.
Trop souvent, lors des campagnes électorales, nous avons l’impression d’entrer dans un monde parallèle où les contraintes budgétaires et les impératifs du quotidien semblent disparaitre. C’est d’autant plus vrai cette année alors que la vérificatrice générale du Québec a confirmé que le déficit anticipé de 6,5 milliards de dollars s’est soudainement transformé en un surplus de 1,7 milliard de dollars grâce à la vigueur de notre économie et à l’effet de l’inflation.
Je note avec intérêt que la présence de candidats issus du municipal est en hausse depuis la dernière élection. Il est à souhaiter qu’ils réussissent à convaincre leur parti respectif de la nécessité d’investir maintenant pour aider les municipalités à assumer les responsabilités qu’on leur a dévolue au cours des années.
L’Union des municipalités du Québec a fait connaitre récemment les demandes du monde municipal : investir dans le logement, financer une stratégie de régionalisation de l’immigration, s’attaquer au déficit structurel du transport collectif, revoir le modèle d’affaire du transport interurbain, etc.
Ces enjeux sont bien sûr pressants mais il m’apparait fondamental que l’on permette aux municipalités de s’affranchir de leur dépendance à l’impôt foncier, notamment en faisant en sorte qu’elles profitent de la croissance économique en leur transférant un point de la TVQ. Ce transfert devrait être inscrit dans la loi et inconditionnel de façon à ce que les municipalités ne soient plus tributaires du contexte politique et des choix budgétaires du gouvernement du Québec.
Éric Forest Sénateur indépendant pour la région du Golfe au Québec
Ex-maire de Rimouski et ex-président de l’Union des municipalités du Québec