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Nouvelle de 19 h

La foi d’un missionnaire

Cinquième campagne électorale pour Pierre Beaudoin
Pierre Beaudoin et Carole Sierpien à Trois-Pistoles, cet après-midi. (Photo: courtoisie)

Pendant que certains candidats profitent de machines bien huilées et bien financées; que certains autres peuvent espérer une récompense politique pour leur dévouement et que d’autres aussi  le privilège de faire des tournées régionales avec leur chef, il y a des candidats qui sont démunis, mais tout aussi dévoués.

Peut-être même plus!

Pour Pierre Beaudoin, de Climat Québec, candidat dans Rimouski, pas de conseillers politiques dépêchés en urgence par le parti; pas de député vétéran pour l’encadrer étroitement; pas d’argent pour tenir des rassemblements, mais un outil : une conviction profonde. Si profonde qu’on pourrait la comparer à la foi d’un missionnaire.

Poseur d’affiches

Quand le Journal Le Soir l’a contacté ce midi, monsieur Beaudoin n’était pas en train de dîner tranquillement avec son équipe. Ni de discuter dans la limousine de son chef. Il se trouvait à l’extérieur, à Saint-Mathieu, où il installait des affiches électorales. Même pas pour lui, mais pour sa collègue Carole Sierpien, du comté de Rivière-du-Loup/Témiscouata.

« On est voisin et on s’entraide. On part de Saint-Mathieu, d’où Carole est originaire, et on se dirige ensuite vers Trois-Pistoles, puis vers l’Isle-Verte et Rivière-du-Loup. On va essayer d’en faire le plus possible. Je commence à avoir l’habitude avec les miennes, alors on ne perd pas trop de temps », remarque monsieur Beaudoin.

« Ça prend un fichu de bon moral pour faire ça par une journée comme aujourd’hui, côté temps », lui a-t-on fait remarquer. « Je le fais parce que j’aime ça faire des campagnes électorales. C’est tellement enrichissant sur le plan humain », répond-il.

Cinq campagnes

Il en est rendu dans son implication politique à cinq campagnes électorales.

 « J’en ai fait deux comme agent officiel de Maxime Blanchette-Joncas, ça permet de garder la main. J’en ai fait deux autres comme candidat, en 2012 et 2014, pour Option nationale. C’est un peu pour ça que la cheffe de Climat Québec, Martine Ouellet, est venue me chercher : c’est précieux quelqu’un qui a l’expérience d’une campagne électorale. C’est un peu ce que je fais ce matin avec Carole. Elle est nouvelle et on s’entraide. J’irai à ses événements et elle viendra aux miens. En fin de compte, c’est plus agréable comme ça que tout seul. »

Faut aimer ça

« Bien oui, bien oui, j’aime ça, sinon je ne m’embarquerais pas. J’aime rencontrer les gens et débattre, discuter, échanger. Mon sujet de prédilection, celui qui devrait être le sujet prioritaire parmi les priorités, c’est l’environnement », estime Pierre Beaudoin.

Diplômé en physique, ce dernier possède une maîtrise en ingénierie appliquée à l’éolien de l’UQAR. Il œuvre actuellement comme spécialiste en intégration des énergies renouvelables hors réseaux chez Nergica, un Centre collégial de transfert technologique (CCTT) affilié au Cégep de la Gaspésie et des Îles.

Ce qui le fait avancer

En étant réaliste, on peut se demander pourquoi Pierre Beaudoin se dévoue autant à sa campagne électorale, peut être plus que les autres candidats, alors qu’il a peu de chances de l’emporter.

« Je ne suis pas prêt à dire qu’on n’obtient pas de résultat concret si on ne remporte pas l’élection. Ce qui me plaît, c’est de faire avancer le débat. Hier, par exemple, il y a eu des inondations exceptionnelles et il y a des gens qui n’ont pas d’assurances. Ils vont payer de leur poche pour les dommages. On voit maintenant des tornades au Québec. La dernière a coûté 40 M$. »

« Mon message, je peux le répéter dans ces occasions. Je sais que de plus en plus de gens l’entendent. Il dit : « arrêtez d’agir comme vous le faites. Décidez-vous à changer les choses, parce que ça coûte très cher et que ça ne donne pas grand-chose quand on intervient juste pour corriger, comme dans le cas d’une pandémie. Des conditions climatiques extrêmes, il va y en avoir de plus en plus. » Il faut intervenir », tranche Pierre Beaudoin.

Aller plus loin que son parti

« Peu importe l’identité de la gagnante ou du gagnant, j’espère seulement qu’elle ou il aura « les couilles », le courage d’aller plus loin que son parti dans le dossier de la cause environnementale. Elle implique non seulement des coûts, mais des impacts sur la santé des gens, sur la richesse commune, sur le portefeuille des individus. Alors je dis : engagez-vous! Et je le dis aux autres candidats et aux électeurs », lance le candidat de Climat Québec.

De complices à rivaux

Option nationale avait été fondée par un ancien péquiste, Jean-Martin Aussant, mais a fusionné avec Québec Solidaire après le départ de celui-ci en 2017. Sol Zanetti était alors chef d’Option nationale, ce qui explique sa présence comme député solidaire sortant. Québec solidaire est cependant présent à l’Assemblée nationale depuis 2008.

Cela explique également un fait inusité de la campagne présente à Rimouski. Carol-Ann Kack, actuelle candidate de Québec solidaire dans Rimouski, était la directrice de campagne de monsieur Beaudoin en 2012. Ils sont les deux branches du même arbre, sauf qu’ils ont choisi des chemins différents.

Carol-Ann Kack (Photo: courtoisie)

Sursauts de la politique québécoise

Cela nous rappelle entre autres tous les changements importants survenus dans les organisations politiques au Québec depuis 10 ans. De nouveaux partis qui ont notamment puisé dans le traditionnel bassin social-démocrate du Parti Québécois.

« Mes convictions sur la nécessité de l’indépendance ne datent pas d’hier. Pour moi, choisir Québec solidaire allait de soi. Notre plateforme mise à la fois sur la justice sociale et l’indépendance, tout en ayant le plus ambitieux plan jamais présenté au Québec pour s’attaquer concrètement à la crise climatique », constate madame Kack.

Sourire

« En effet, il y a eu des changements incroyables en ces 10 ans. À l’époque, sous la gouverne de Jean-Martin Aussant, Québec solidaire et Option nationale avaient 124 candidats chacun, parce qu’ils s’étaient engagés à ne pas présenter de candidat dans le comté du chef de l’autre parti. Les deux partis étaient de gauche avec une orientation vers l’indépendance du Québec. Ça m’a fait sourire en voyant sur de vieux papiers que Carol-Ann était ma directrice de campagne parce que ça dénote tout l’intérêt qu’avaient les jeunes pour la politique québécoise. Carol-Ann étant plus à gauche que moi, elle s’est retrouvée tout naturellement chez QS. »

Renié

« Moi je fais partie du groupe qui s’est senti renié par la fusion avec QS. Je suis un indépendantiste et je n’ai pas encore été convaincu que QS l’est vraiment. Chez Climat Québec, c’est moitié-moitié entre les anciens d’Option nationale et du Parti vert du Québec », indique monsieur Beaudoin.

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