On  « pédale » pour répondre à la demande

L’entreprise d’économie sociale Coup de main à domicile de Rimouski est plus active que jamais pour répondre à une demande grandissante en matière de services sociaux, l’aide au maintien à domicile, mais elle peine à recruter et à conserver son personnel.

Cependant, selon sa directrice générale, Marie-Claude Gasse, une stratégie bien articulée a permis récemment à Coup de main à domicile de retrouver son niveau d’emploi d’avant la crise sanitaire, soit quelque 250 travailleuses et travailleurs. Pour ce qui est de la clientèle, on desservait 2 000 personnes/ménages avant la pandémie et on en dessert maintenant plus de 1 600.

À la hauteur

Un utilisateur de Coup de main à domicile qui souhaite demeurer anonyme a contacté l’auteur de ces lignes vendredi dernier, déplorant une certaine baisse de la qualité du service dans son cas. « Un service qui n’est pas à la hauteur de ce que j’attends comme degré de qualité de Coup de main à domicile, pour en être un bénéficiaire depuis longtemps. Je me demande donc pourquoi on continue de prendre des contrats si on n’arrive pas à répondre à la demande adéquatement. »

Une critique qu’encaisse Marie-Claude Gasse avec sérénité et avec tact, en soulignant qu’on vient de passer une période difficile, mais que tout est en train de se placer au meilleur intérêt de chacun.

Clarifier

« Ça dépend toujours de l’identité du client et de ce qui se passe dans son dossier. Il devrait commencer par nous appeler pour qu’on ait une bonne explication. Il faut savoir si ce client est contrarié parce que le travail n’est pas bien fait ou plutôt si c’est parce qu’il n’a pas de bonnes relations avec la personne qu’on lui envoie. Il peut y avoir un paquet de raisons. Il faudrait qu’on puisse tout clarifier avec lui », dit-elle.

Formation

La qualité relationnelle, Coup de main à domicile s’en soucie, rappelle madame Gasse : « Il y a des employés qui sont bons avec certains types de clientèle et d’autres, pas du tout. On s’arrange pour que les affectations soient faites en conséquence. Nous avons eu des problèmes de recrutement comme partout ailleurs, mais depuis un petit bout, ça va beaucoup mieux. On a renforcé l’intégration du personnel. Il y a une période d’entraînement supervisé. »

Pandémie et concurrence

« Dans les derniers mois, on a connu une pandémie dont on n’est pas encore sortis. La pénurie de main-d’œuvre dans le réseau de la santé est épouvantable. Si j’avais un conseil à donner à une entreprise d’économie sociale comme la nôtre, ce serait de faire très attention à l’embauche et d’être capable de se donner des critères de qualité élevés. Le réseau de la santé a été notre plus gros concurrent, car on arrivait difficilement à proposer les mêmes conditions de travail. Aujourd’hui, on a amélioré nos conditions de travail et nos salaires. On a aussi travaillé sur la qualité de l’intégration à l’équipe et à mettre en valeur les côtés positifs du travail chez nous. »

Attractif

« On sort nos éléments concurrentiels forts, comme le fait que la conciliation travail-famille est chose courante. Un emploi de jour, la semaine, ça fait partie des priorités de certaines personnes, mais si on a besoin de gens pour le soir et les fins de semaine, on va voir d’autres travailleurs potentiels, comme des étudiants ou de nouveaux arrivants. Un des aspects qu’on remarque présentement, c’est que le milieu du travail a complètement changé. On doit maintenant s’assurer de renouveler le personnel et de demeurer un employeur attractif », constate Marie-Claude Gasse.

La pandémie a aussi coûté des clients. En confinement et voyant leurs revenus diminuer, certains ont fait le choix d’abandonner leur service d’aide au maintien à domicile. « Les décrocheurs ne sont pas nécessairement revenus au travail et n’ont plus les moyens. Les coûts varient selon les revenus au rapport d’impôt. Pour les différents services, nos tarifs varient entre 9,16 $ et 23,80 $ l’heure. Les personnes de plus de 70 ans ont droit à 35% de remboursement en crédits d’impôt. »

« On se développe toujours avec, à l’esprit, la nécessité de s’adapter aux besoins de la population. Nous avons encore une vingtaine de postes à combler. On a tellement de demandes qu’on prendrait facilement 20 employés de plus dès demain matin », conclut-elle.

Une centaine d’entreprises d’économie sociale

À l’occasion de la Semaine de la coopération, le Réseau des entreprises d’économie sociale en aide à domicile (EÉSAD) invite tous les partenaires du soutien à domicile à se réunir enfin et à coopérer pour répondre aux besoins de la population. Le recrutement et la rétention de la main-d’œuvre sont au cœur des préoccupations.

Coup de main à domicile fait partie de ce regroupement. Sur la centaine de membres de celui-ci, 45 sont des coopératives et 55 sont des organismes à but non lucratif.

Main tendue

« Tout le monde parle de soutien à domicile, mais personne ne se parle ou ne se coordonne. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, il faut se doter de plans d’action concertés entre le réseau public et les partenaires, tant à l’échelle nationale que régionale. Sans objectifs communs, nous avançons à l’aveuglette et rarement dans la même direction », se désole Martin-Charles Saint-Pierre, président du Réseau de coopération des EÉSAD.

Les EÉSAD sont présentes dans les 17 régions administratives du Québec. Elles offrent plus de 7 millions d’heures de services à plus de 100 000 personnes, dont près d’un million d’heures de services d’assistance personnelle et six millions d’heures de services en aide à la vie domestique.

Les EÉSAD emploient plus de 9 400 personnes, dont près de 9 000 préposées et préposés d’aide à domicile possédant les compétences et l’expertise requises afin d’assurer un soutien et des services à domicile de qualité aux citoyens qui en ont besoin.