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Eudore Belzile prend un nouveau virage

Diane Berger et Eudore Belzile. (Photo: courtoisie, Théâtre du Bic/Les gens d’en bas)

Un pilier de la culture régionale, le metteur en scène et comédien Eudore Belzile, amorcera un nouveau chapitre de sa vie à la fin de la présente semaine, alors qu’il quittera ses fonctions de directeur artistique de la troupe le Théâtre les gens d’en bas.

Dans cette vidéo diffusée en 2017, Eudore Belzile parle de la troupe Les gens d’en bas et de ses relations avec les auteurs.

Marie-Hélène Gendreau lui succède à compter de lundi, tel qu’annoncé l’année dernière. Le Journal Le Soir a réalisé une entrevue exclusive en compagnie de monsieur Belzile aujourd’hui.

Après plus de 30 ans à cumuler différentes fonctions artistiques, alors qu’on pourrait parler d’une pause bien méritée, Eudore se refuse à parler du mot qui commence par ret…… . Le Journal Le Soir a réalisé une entrevue exclusive en compagnie de monsieur Belzile aujourd’hui.

« On essaie de ne pas utiliser le mot retraite, ok? Je dis à mes amis que j’entre sur le marché des vieux acteurs agents libres », s’amuse celui qui dirige ces temps-ci les protagonistes de la pièce commémorant les 50 ans des Opérations Dignité. Après la représentation à la cathédrale de Rimouski, il y a 10 jours, Eudore a dirigé « L’incroyable et ineffaçable histoire de Sainte-Dignité-de-l’Avenir » à Sainte-Anne-des-Monts, en fin de semaine dernière.

Diane Berger aussi

Même si elle a été suivie d’une présentation en Haute-Gaspésie, la représentation dans la cathédrale de Rimouski, le 15 octobre, revêtait un caractère très particulier pour monsieur Belzile. Un autre événement qui le touche beaucoup, c’est qu’à la fin de cette même semaine, un autre pilier, du Théâtre du Bic, celle là, prendra sa retraite, soit l’adjointe à la direction et responsable de la billetterie, Diane Berger. Elle aussi a contribué au rayonnement de la culture dans la région pendant plus de 30 ans.

« Il y a un temps pour rêver, un temps pour faire et un temps pour partir », a écrit Eudore Belzile sur la page Facebook du Théâtre du Bic et de la troupe Les gens d’en bas. « J’ai été très heureux. Qui d’autre dans sa vie peut dire qu’il l’a passé sur un terrain de jeux? Il y a du travail et des moments difficiles, mais il y a plus de moments où on a l’impression de jouer, comme dans le sport, mais à la différence près que tu peux pratiquer les arts plus longtemps, jusqu’à la fin de tes jours », note-t-il aussi.

Bonheur intense

« Je veux d’abord remercier tous ceux et celles qui ont passé par ma vie professionnelle. La photo de Diane et moi qui a été utilisée pour la publication Facebook signifie beaucoup. Le cliché a été pris dans la cathédrale de Rimouski. Je termine vendredi, mais ce moment qui a eu lieu il y a une semaine et demie environ est très marquant. Ça a été un grand moment, tant en ce qui a trait à la présentation du spectacle qu’à la symbolique, car comme tous les Rimouskois, je suis très attaché à la cathédrale et Rimouski est ma ville. »

« On a pu utiliser l’orgue avec la complicité de la Fabrique et de l’organiste Josée April. Elle nous a joué un Te Deum qu’on a intégré la fin du spectacle. Le tout pour commémorer la grande époque des Opérations Dignité. Il y a des gens qui pleuraient à chaudes larmes. Ça a été une soirée vraiment exceptionnelle et mémorable. La cathédrale, ça nous rejoint tous. On y tient. On est en train de la rouvrir pour montrer qu’on peut y tenir des activités. On a accueilli 300 personnes. J’étais si content. Je me suis dit : « J’ai dû faire quelque chose de bien pour mériter ce bonheur intense. » Alors, ce que j’ai à dire c’est un grand merci à tous ceux qui ont traversé ma vie et ma carrière », affirme Eudore Belzile.

800 personnes qui ont pu goûter au théâtre

Monsieur Belzile a dirigé une quantité importante de comédiens professionnels, mais une de ses grandes sources de fierté est d’avoir permis, à travers la réalisation de pièces communautaires, à des personnes dont ce n’est pas l’occupation principale de goûter au théâtre en amateur.

Parmi les pièces communautaires les plus connues, il y a eu « La nuit des tisons gros comme des grêlons », présentée dans le cadre des fêtes du 325e anniversaire de Rimouski l’année dernière.

« Sur le plan professionnel, j’ai dirigé bien du monde, mais j’ai une pensée particulière pour ceux que j’ai fait monter sur scène sur le plan communautaire. À travers les années, j’ai dû faire monter sur les planches entre 600 et 800 personnes, de Rimouski pour la plupart. Je suis très content d’avoir permis à des gens très jeunes ainsi qu’à des gens de 50 à 50 ans d’avoir gouté au théâtre. Ça, je suis vraiment content de ça! C’est une présence très large dans la communauté, dans la collectivité. J’ai aussi travaillé beaucoup avec des jeunes. Je les ai sensibilisés à un mode d’expression. Pas nécessairement pour en faire carrière, mais pour s’exprimer », estime-t-il.

Fierté

« Je suis très, très fier de ça, parce qu’on a monté des spectacles où parfois le public était ébahi par la qualité de nos comédiens et nous demandait, à l’entracte, « viennent-ils de Montréal? » et on leur répondait « Mais non! C’est quelqu’un de votre communauté. Ce n’est pas un spectacle professionnel, c’est bien un spectacle communautaire! » Parmi ces spectacles, certains ont atteint un niveau de qualité très élevé, au point où on pouvait dire aux spectateurs : « vous allez être surpris, mais c’est votre voisin. » Un de mes grands plaisirs a été de réunir différentes générations de comédiens communautaires sur scène. »

Un souhait

Ce qui fait dire à ce grand homme de culture : « Dans les écoles, les sports et les arts devraient prendre encore plus de place. Je déplore qu’il y en ait si peu. Il faut ajouter les deux et dans toutes les écoles, primaires, secondaires, etc. Pourquoi n’encourage-t-on pas davantage les sports et les activités culturelles à l’école? Car on ne devrait pas l’oublier : c’est ce qui permet à des jeunes de traverser l’adolescence, d’avoir autre chose que des obligations. On traverse d’ailleurs toute la vie avec ses passions! »

Communiquer et s’exprimer

Et puisqu’on parle de théâtre, nous avons demandé à Eudore Belzile ce qui fait la beauté de cet art, ce qui fait qu’il lui a consacré sa vie.

« Ce que j’aime, ce sont ses deux bases : l’expression et la communication. J’aurais pu passer par la chanson si j’avais été doué, j’aurais aimé ça. J’aurais pu passer par une autre forme d’art. Je ne crois pas que le théâtre est un plus grand art que les autres. C’est juste que c’est celui que j’ai rencontré qui me correspond le plus, celui pour lequel j’ai reçu un don. Tu reçois ça à travers autre chose et tout à coup, c’est comme un vêtement, ça te va comme un gant! J’aurais aimé être auteur-compositeur-interprète; jouer du piano. Je ne dis pas que je regrette d’être allé vers le théâtre, je dis seulement que ce qui importe dans un cas comme dans l’autre c’est la communication, l’envie de partager. »

L’imaginaire

« Il faut exprimer l’imaginaire, car l’humain n’est pas fait que pour travailler, manger et dormir. Il doit avoir des sources de satisfaction. Il y a autre chose et l’imaginaire en fait partie. C’est à nous de donner du sens à ce qu’on fait, un peu comme ceux qui ont construit des cathédrales. Construire une cathédrale, ce n’était pas juste donner du travail à quelqu’un. Il y a quelque chose dans le théâtre qui nous dépasse et qui, peu importe les époques, fait qu’on réussit à réunir les gens. Et certains passent du siège de spectateur à la scène. J’ai rencontré des personnes de 40 ans qui en rêvaient à l’école et je les ai emmenés sur scène. C’est toujours grand et beau », conclut-il.

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