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Économie

2 300 logements sur la table

Le maire présentera un plan pour contrer la crise du logement
Sacré-Coeur est l’un des districts où il y a des projets résidentiels en cours. (Photo: journallesoir.ca, Pierre Michaud)

Le maire de Rimouski, Guy Caron, se dit prêt à passer à l’action pour s’attaquer au problème très criant du manque de logements et favoriser la construction résidentielle.

C’est ce que précise monsieur Caron dans une entrevue exclusive avec le Journal Le Soir au sujet de la crise du logement et de la densification du milieu urbain. « Il y a actuellement une quinzaine de projets déposés à la Ville de Rimouski pour un total de 2 300 unités de logement. Ce qu’il faut, c’est faciliter leur mise en œuvre », explique monsieur Caron.

Ce dernier précise que quelques-uns de ces projets sont amorcés de façon concrète, mais avec des travaux de base.

Pas si simple

Le Journal Le Soir a joint le maire Caron en lui précisant que bien des citoyens souhaitent connaître le fond de sa pensée sur des facteurs qui influencent positivement ou négativement la construction résidentielle et sur ce que peut faire la Ville. On le constate : les réactions des lecteurs du Soir au sujet de la crise du logement sont souvent nombreuses, parfois très critiques à l’endroit de la Ville. De la désinformation circule. Les mythes sont nombreux. Rien n’est si simple qu’il n’y paraît.

À la suite d’un échange avec un travailleur expérimenté du secteur de la construction, nous avons soumis quelques points nous semblant prometteurs à monsieur Caron. Nous avons signalé à ce travailleur qu’il pouvait profiter de la prochaine grande consultation Rimouski 2030 pour faire ses suggestions. Il a esquivé notre suggestion en répliquant : « Je compte plutôt sur le Journal Le Soir pour questionner monsieur le maire. »

Journal Le Soir : Quand on constate qu’il y a toujours de l’espace à différents endroits du périmètre urbain, par exemple une enclave importante inhabitée entre la rue Lausanne et le sommet de la rue du Bosquet, est-il souhaitable de favoriser la construction domiciliaire en encourageant les constructeurs d’une manière ou d’une autre?

Guy Caron : « Oui, on peut favoriser la construction résidentielle. Je vais présente un plan d’action cet automne, probablement en novembre. Je ne parle pas de cette enclave en particulier, mais du territoire en général. J’aurais des annonces à dévoiler concernant une stratégie que Rimouski va utiliser. On y travaille notamment dans le cadre du processus budgétaire. Comme il y aura des mesures fiscales, entre autres, on inclut ces mesures dans le budget en même temps que dans le plan. On dévoilera les deux à peu près en même temps. On peut envisager la possibilité que l’enclave soit un moment donné développé, ce n’est pas comme ça que ça se décide. »

C’est pratiquement un tout nouveau quartier qui a poussé au Nord du district Sacré-Coeur, dans le secteur des Constellations. (Photo: Journallesoir.ca, Pierre Michaud)

« S’il y a des projets, si on désire faire du développement résidentiel, on doit déposer son projet à la Ville pour le faire. Je conçois que c’est un espace intéressant à construire, mais ce sont des terrains privés; c’est aux propriétaires et aux entrepreneurs de développer et soumettre des projets. C’est mon souhait de le faire en essayant de maximiser l’espace, en assurant une mixité et une densité intéressantes. »

JLS : Étant donné la croissance démographique de Sacré-Coeur, y a t il au moins une solution envisageable pour désengorger le trafic et/ou encourager une utilisation accrue de l’autoroute 20 par les automobilistes du secteur Ouest qui se rendent en ville? Par exemple si cette enclave était développée?

Guy Caron : « C’est très hypothétique. On n’a pas encore vu de projet de construction dans ce secteur (au Sud de Sacré-Cœur, près de Lausanne), à ce que je sache. Je trouve que c’est un horizon qui est un peu éloigné pour envisager quelque chose. Je ne peux pas dire ce que seraient les avantages d’un ou plusieurs projets qui n’existent pas actuellement. »

Il reste encore beaucoup de place pour construire de nouvelles résidences dans Sacré-Coeur. (Photo: Journallesoir.ca, Pierre Michaud)

JLS : On nous dit que ce qui aiderait à réduire le coût par porte, ce serait d’assouplir les règles municipales. Par exemple, il semble que pour tant d’espace, on autorise un maximum de x portes. Si on coupait ce ratio de moitié, on en réduirait d’autant les coûts. Ce qu’il (le travailleur) nous a expliqué c’est que, disons, pour un terrain de XX 000 pieds carrés, la ville oblige quatre portes, maximum. Si c’était huit portes, on couperait les coûts par porte de moitié. Qu’en est-il en réalité?

Guy Caron : « Ça relève du Plan d’urbanisme. Si on veut faire des dérogations, il faudrait que la population puisse s’exprimer d’abord. Il peut alors y avoir des référendums. Nous avons tenté d’accroître la densité d’un projet à l’Est de la rue des Pluviers, où on voulait mettre des jumelés, alors que c’est de l’unifamilial. On s’en allait faire un peu ce qu’on dit là, mais des citoyens se sont opposés et ont demandé un référendum. Ce n’est pas juste une question unilatérale que la Ville va augmenter la densité. Mon intérêt, je l’ai dit en campagne électorale, c’est d’accroître la densité. »

« Je souhaite que ça se fasse. Nous allons nous attaquer à la révision du plan d’urbanisme dès que sera complétée la consultation Rimouski 2030. »

«C’est là qu’on en discutera, pas d’une façon ponctuelle. Vous pouvez dire à votre interlocuteur constructeur de déposer des demandes à la Ville, car sans cela, c’est certain qu’il n’y aura pas de changement! Mais le tout pour dire qu’il faut de l’acceptabilité sociale. Tout ne relève pas de la Ville, ni des entrepreneurs. Il faut que la population entérine les projets. La révision des règlements de zonage va jouer un grand rôle à ce sujet. »

Le maire de Rimouski, Guy Caron. (Photo: journallesoir.ca, Véronique Bossé)

300 000 $ la porte

JLS : Au lieu d’en construire des édifices neufs comme le complexe La Roseraie pour les logements sociaux/abordables, pourquoi l’OMHRN/Ville n’acquerrait pas plutôt des édifices déjà construits appartenant à des propriétaires privés, quitte à les rénover?

Guy Caron : « Quand on veut du financement pour ce genre de projet, il faut déposer des plans avec la demande de financement. Si c’est pour rénover, il faut posséder l’édifice auparavant. Autrement, des propriétaires pourraient dire : « On va attendre que tu aies déposé ton projet et que tu aies ton financement de la Société d’habitation du Québec (SHQ)… » On ne peut pas marcher comme ça. Pour avoir du financement de la SQ, il faut un projet qui répond aux normes de la SHQ. Ce n’est pas aussi simple que de dire « On va acheter un édifice et on se débrouillera par la suite », sans savoir si on a le financement. »

« Dans la perspective où on souhaite que la Ville s’en mêle, c’est justement pour ça qu’on a demandé un droit de préemption (NDLR : un règlement qui permet à la Ville de déposer une offre d’achat de terrain en priorité). C’est pour nous assurer que les prix ne soient pas augmentés par des propriétaires qui sauraient que la Ville est intéressée. Ce n’est pas si simple que de mandater l’Office d’habitation Rimouski-Neigette, d’acheter un édifice et de lui dire de le transformer. Ça dépend aussi de l’état de l’édifice. La Logeri a évalué la possibilité de recycler les Ateliers Saint-Louis en édifice à logements et cela revenait à 300 000 $ la porte. »

Le bâtiment des Ateliers Saint-Louis, déserté depuis quelque 15 ans. Photo: archives)

Plein de projets

JLS : À quoi peut-on s’attendre dans les prochains mois?

Guy Caron : « Des projets, on en a! Il y a 2 300 unités de logements sur la table qui sont annoncés, mais il faut les mettre en chantier. Il y a de l’intérêt; il y a des promoteurs privés qui s’avancent. Pensons notamment au Groupe Tanguay. Les permis sont délivrés. Même chose pour Groupe Sélection. Il y a des projets qui sont encore dans les priorités, comme celui de Groupe FARI (NDLR : suspendu mais non abandonné), par exemple. Il y a des projets de la Logeri et du Groupe de ressources techniques (GRT). Il faut maintenant nous assurer que des incitatifs soient mis en place pour procéder à la mise en chantier. »

« On est dans un contexte économique difficile. Les coûts de la construction ont augmenté, mais on peut s’assurer que la Ville fasse sa part. Parmi les 2 300 unités de logements, certaines ont été annoncées, d’autres le seront sous peu. Il y a toujours des étapes importantes à franchir entre le fait de déposer un projet et celui de se mettre à construire. Ça ne saurait tarder avant qu’on ait de la machinerie sur le terrain », conclut monsieur Caron.

Des Pluviers

Le projet particulier d’urbanisme de Pointe-au-Père, autour de la rue des Pluviers sera le plus important depuis celui des Prés du Saint-Rosaire dans Saint-Pie-X. On y prévoit la construction de 800 unités de logement.

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