Actualités > Société > Val-Neigette, le point tournant
Société

Val-Neigette, le point tournant

La station de ski associée au nom de Pierre Harvey
Pierre Harvey en action. (Photo: Comité olympique canadien)

L’athlète rimouskois de renommée internationale Pierre Harvey est au nombre de ceux qui espèrent un dénouement positif dans le dossier de la station de ski et du club de golf de Val-Neigette.

Sans Val-Neigette, la carrière de Pierre Harvey aurait pu être bien différente. Tel que le Journal Le Soir l’a annoncé cette semaine, deux groupes d’acheteurs sont intéressés à acheter à la fois le club de golf et la station de ski de Val-Neigette, dans le district Sainte-Blandine, à Rimouski.

Cyclisme et ski

Parlant de sa carrière, rappelons rapidement ses principaux faits d’armes : il a participé aux Jeux olympiques de Montréal en cyclisme, en 1976; remporté l’or aux Jeux panaméricains de San Juan en équipe, toujours en cyclisme, mais en équipe. En 1984, Pierre a participé aux Jeux olympiques de Los Angeles. Avant ces jeux, la même année, Pierre a participé aux Jeux olympiques de Sarajevo, mais en ski de fond. Il a donc été notamment le premier Canadien à évoluer dans des Jeux olympiques d’été et d’hiver.

Exploits

Il a réussi l’exploit de devenir le premier skieur de fond à remporter quatre médailles d’or aux Championnats nationaux canadiens en 1986. Puis, en mars 1987, il est devenu le premier Canadien à remporter une médaille d’or en ski de fond dans une épreuve de la Coupe du monde (Falun, Suède). Harvey a par la suite mérité trois autres médailles en Coupe du monde avant de prendre sa retraite en 1989.

Pierre Harvey pratique toujours le vélo et le ski. Sur le plan professionnel, il a fait une carrière d’ingénieur. Il gère maintenant une compagnie qui lui donne le loisir de travailler à temps très partiel, comme consultant pour des infrastructures sportives.

Pierre Harvey à Calgary avec ses filles Sophie et Laurence. (Photo: courtoisie)

La famille

Pour les Harvey, comme pour énormément de gens qui ont connu les belles époques des années 1960-1980, Val-Neigette était une belle histoire de famille. Danielle, Serge, Alain, Guy et Pierre ont tous goûté aux sports d’hiver à Val-Neigette. C’est à Val-Neigette que s’est produit le point tournant de la carrière de Pierre Harvey, là où il a décidé de consacrer le reste de vie sportive au ski de fond.

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi la Piscine Pierre-Harvey de l’école Paul-Hubert porte le nom d’un fondeur olympique? C’est que Pierre a aussi été un excellent nageur chez les Dauphins. Il a aussi pratiqué le ski alpin.

Comme un animal

« Un moment donné, à faire des longueurs de piscine, je me suis senti un peu comme un animal en cage. J’ai réalisé que ce n’est pas tout le monde qui est fait pour ça. Quand je suis entré au Cégep, j’ai commencé à pratiquer des sports plus de plein-air. Il n’y a rien de comparable à une réunion d’amis qui partent pédaler ensemble sur leurs vélos, de Rimouski ou de Mont-Joli, pour rouler dans les banlieues, à Sainte-Angèle, par exemple, dans les côtes et tout ça. Tu fais des sorties de vélo de trois quatre heures par jour; tu placotes avec tes partenaires et tu as du plaisir. »

« Pour aller faire nos compétitions, on empruntait la voiture d’un couple de parents et on mettait les vélos sur le toit pour aller faire des courses à Québec, à Montréal, partout en province. Toutes nos fins de semaines étaient consacrées à ça. C’était vraiment agréable. D’ailleurs je fais toujours beaucoup de vélo, mais plus du vélo de montagne. Il y a de belles pistes, ici, à Saint-Ferréol-des-Neiges. Il y a beaucoup de camions sur les routes dans mon coin alors on préfère la montagne », mentionne Pierre Harvey.

Pierre à l’époque où il était au sommet de sa forme. (Photo: courtoisie)

L’importance de Val-Neigette

« C’est à souhaiter que ça fonctionne, les projets pour Val-Neigette. Je fais partie des gens de Rimouski qui ont toujours beaucoup aimé Val-Neigette. Une ville comme Rimouski a besoin d’une station de ski intéressante. Val-Neigette était super bien. Le Club Mouski a fait du beau travail au Club des Raquetteurs et a développé un beau réseau de pistes. Reste que pour le ski alpin, je trouve que c’est une bonne nouvelle qu’il y ait des projets. J’aimerais bien savoir s’il y a un volet immobilier dans les projets d’achats de Val-Neigette », observe Pierre Harvey.

Lorsque nous lui avons demandé quel est son plus beau souvenir de Val-Neigette, Pierre rappelle qu’il faisait partie de l’équipe de ski alpin du Cégep de Rimouski. « J’ai commencé le ski alpin tard, mais c’était pour le plaisir de la compétition. Mais un autre souvenir est très important, c’est quand j’ai commencé à faire du ski de fond. »

Point tournant

Et c’est ici que s’est produit le point tournant.

« Quand j’ai commencé à faire du ski de fond, à Val-Neigette, les parents de ma conjointe de l’époque, Mireille Belzile, avaient une roulotte à la station. On passait deux à trois heures par jour dans les pistes de ski de fond et on demeurait sur les lieux. C’est ce qui m’a lancé en ski de fond parce qu’une année, il y a eu une grève étudiante à l’Univerisité Laval, où j’étais inscrit depuis octobre 1975. Il n’y avait pas de cours pendant toute la session et un ami, Jean Bertin, venait me chercher chez mes parents, cinq jours par semaine, pour aller faire du ski de fond à Val-Neigette », évoque ce membre du Temple de la renommée olympique du Canada.

« L’hiver avait été hâtif cette année-là. On en a fait du ski de fond de début novembre jusqu’à Noël. On faisait du ski un bon trois heures par jour. J’ai commencé à faire du ski de fond à cette époque, parce que l’entraîneur de vélo nous recommandait le ski de fond pour se maintenir en forme. Le ski de fond est très bon pour le système cardio-vasculaire. Mais avec Jean Bertin, je me suis vraiment amélioré et j’ai découvert que j’aimais beaucoup le ski de fond. Rendu à l’Université Laval, je me suis inscrit dans l’équipe de ski de fond du Rouge et Or. Je me suis mesuré aux meilleurs à ce moment », se souvient-il.

Pierre Harvey agit comme ambassadeur des Jeux du Québec-Été 2023 à Rimouski. Il a aussi été invité à ceux de Rivière-du-Loup, cette année. Un article à ce sujet sera publié dans nos pages, demain. (Photo: courtoisie-Rimouski 2023)

Ironie

L’ironie dans cette dernière situation, c’est que Jean Bertin, qui a accompagné Pierre Harvey dans son passage du vélo au ski de fond comme sport de prédilection, fait partie d’une famille qui a tenu une boutique de vélo et encouragé la pratique du vélo à Rimouski.

« Quand il y a eu le boycott des Jeux de Moscou en 1980, où je devais aller en vélo, j’ai réalisé que j’étais devenu aussi bon en ski qu’en vélo. Je me suis dit que le Canada est un pays nordique, alors aussi bien faire un sport d’hiver. Nos six mois d’hiver par année rendaient la pratique du vélo (de route) difficile. J’ai poussé fort dans le ski de fond et j’ai fait l’équipe nationale pour pouvoir faire de grandes compétitions de 1980 à 1988 (NDLR : où il a participé à ses derniers Jeux olympiques et prononcé le serment de l’athlète) », rappelle-t-il.

Rimouski toujours dans les veines

Rimouski est toujours bien en vie dans les veines de la famille de Pierre Harvey. La conjointe de son fils Alex est aussi une rimouskoise, Sophie, la fille de Jean Ringuet (NDLR : frère de l’ex-recteur de l’UQAR, Michel). Ils ont eu le bonheur de devenir parents au cours de la dernière année. Ils ont eu une fille qui s’appelle Simone. Elle a maintenant sept ou huit mois.

Alex Harvey a non seulement suivi les traces de papa Pierre, il l’a surpassé dans ses résultats en Coupe du monde de ski de fond. (Photo: courtoisie)
Facebook Twitter Reddit