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Carnet d'une gentille sorcière

Carnet d’une gentille sorcière, autonomie

Carnet d'une gentille sorcière

La semaine dernière je vous présentait la première partie de mon article sur mon amie Sandra Vuaillat. Et voici la suite.

En quoi partages-tu ton côté sorcière avec tes enfants, notamment ta fille?

Pour moi la transmission de la sorcière à mes enfants, c’est leur apprendre à prendre soin de la vie. Par exemple, quand mon ami est décédé, on avait acheté un cerisier pour lui, pour mettre dans notre jardin. J’ai creusé le trou avec mon plus vieux, c’était comme un petit rituel qu’on a fait ensemble et quand il est allé chercher de l’eau et qu’il a arrosé, il a dit : « Tiens mon frère » et ça m’a beaucoup touchée. Ça me rassure que mes enfants soient sensibles à ces dimensions-là, aux autres êtres vivants, aux autres dimensions…

(Photo: Charline Giffard)

Et je trouve ça important de pas juste transmettre la sorcière à ma fille, mais aussi à mes fils, car je pense qu’on vit dans une époque de réconciliation… de réconciliation avec les autochtones, mais aussi réconciliation des hommes et des femmes. Je trouve que parfois il y a une certaine rigidité dans l’air du temps qui peut rendre les rapports homme-femme difficiles et délicats. Il faut faire attention de ne pas cristalliser cette lutte et l’idée de victimisation, sinon on reconduit exactement le même modèle.

C’est la même chose avec l’appropriation culturelle ou le mot en « N », etc. il y a une espèce de moralisation qui va avec l’époque dans laquelle on vit que je trouve dangereuse. Je trouve que c’est une rigidification des positions, alors qu’on devrait être dans des mouvements de fluidité, d’identité des cultures, de tous, on devrait être ensemble.

Donc la transmission de sorcière c’est apprendre à prendre soin de la vie, et ça ce n’est pas genré pour moi. Si on veut que les papas soient à la maison, il faut que tout petit les garçons soient conscients que prendre soin de la vie sous toutes ses formes c’est la base d’être vivant. Si tu veux continuer d’être vivant, il faut que tu prennes soin de la vie. La tienne et celles autour de toi. Quand quelqu’un est malade à la maison, j’aime ça quand on prend soin les uns des autres, avec une tisane ou une potion magique, un massage, une chanson…

(Photo: Charline Giffard)

Une autre de mes grandes transmissions c’est par rapport au médical. Quand mes enfants (de grands ados maintenant) ont des problèmes de santé, je les laisse libres de choisir ce qu’ils pensent être le mieux pour eux, mais je leur présente toujours l’alternative à ce que la médecine moderne propose. Et je leur fais prendre conscience que ce n’est pas le médecin qui décide et qu’ils ne doivent pas s’en remettre aveuglément à la médecine. Ils doivent être conscients que c’est leur corps, leur santé, leur décision, leur responsabilité.

Pas celle du médecin, ni de n’importe quel autre professionnel alternatif. Les médicaments c’est une pollution monumentale! Il y a une dérive de nos façons de faire qui fait en sorte qu’on est plus capable de fonctionner sans chimie, qu’on a l’impression qu’on est toujours déficient, alors que peut-être que notre dépression elle nous sert, que si elle arrive, c’est que justement on lutte contre des choses, mais on continue de travailler ou d’endurer une situation insoutenable et on va prendre des antidépresseurs au lieu de s’arrêter et de se questionner et de faire un réel cheminement. Je trouve qu’il y a un glissement par rapport à ça.

Les jeunes sont médicamentés de plus en plus tôt. C’est une grosse confiscation de notre pouvoir le rapport à notre corps. Plutôt que d’apprendre à développer la confiance et la capacité à s’écouter, à savoir ce qu’on vit et gérer nos maladies autrement que comme des problèmes à taire. Ça, ça m’enflamme.

(Photo: Charline Giffard)

C’est un gros dossier environnemental sur lequel on fait abstraction. Comme si c’était normal de se soigner comme ça. Il y a encore plein de peuples qui se soignent avec leur médecine traditionnelle, et j’ai lu quelque part que le médicament le plus utilisé à travers la planète, c’est la prière.

Alors j’essaie de transmettre cette idée d’autonomie et d’autodétermination, une force de caractère, ne pas se laisser dévier de son chemin. Être conscient que t’es pris dans un système culturel qu’on peut questionner et se dire que ce n’est pas parce que c’est comme ça, que ça l’a toujours été, que ça ne peut pas être autrement.

On a souvent une vision fataliste de penser que parce que c’est comme ça on va faire comme ça… Dès qu’on est malade on va chez le médecin, alors qu’il y a quelque chose de profondément transformateur de traverser un épisode dépressif ou une maladie, et qu’on pourrait s’accompagner autrement.

(Photo: Charline Giffard)

Qu’est-ce qui t’anime en ce moment? Tu fais une maîtrise?

C’est drôle que tu me demandes ça, je fais une maîtrise de recherche-création en psycho-sociologie à l’UQAR et je me rends compte en te parlant que c’est comme si j’avais conscientisé qui je suis et comment je vis. Ma recherche m’a permis d’explorer mon art de vivre, ma façon de suivre le courant, mes expériences de création, ma vie de sorcière.

C’est une façon pour moi de me comprendre, de comprendre comment je suis au monde. Je décortique mon psycho-système. Je peux relier qui je suis et ce que je fais dans le quotidien à cette recherche. J’utilise beaucoup la création, les métaphores, les symboles. Une de mes questions, c’est comment être plus vivante malgré la mort. Ça m’allume.

Aussi j’ai une terre dans la nature avec des amis et je veux y investir du temps, l’aménager, l’investiguer, en profiter. J’aimerais peut-être y accueillir un jour des retraites de femmes en nature, pour créer, et expérimenter la liberté d’être surtout. Des retraites improvisées, sans horaire.

J’aime me rallier à d’autres femmes dans la création ou l’expérimentation, comme on fait toi et moi. Apprendre, créer, expérimenter, manger, rigoler… Vivre quoi!

(Photo: Charline Giffard)

Durant notre séjour au chalet, nous nous sommes laissées inspirer et guidées dans nos créations et rituels par les cartes littéraires « Vivaces, atelier mobile de lecture et d’écriture » de Louise Warren. Je vous laisse donc avec LA carte qui décrit le mieux à mes yeux, l’énergie de ma belle étincelle d’amie Sandra et de notre séjour.

(Photo: Charline Giffard)

Sandra et moi animerons un atelier à la prochaine Foire aux sorcières du Yule – Solstice d’hiver le 17 décembre chez Flore et Fleuve au 22 rue St-Germain Est. Ce sera un atelier de fabrication d’objets magiques en lien avec la femme sauvage. C’est un rendez-vous à ne pas manquer avec plein de belles sorcières.

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