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Une incursion au coeur de la guerre

Un Rimouskois honore la mémoire de son père
À gauche, Georges « Blacky » Verreault et, à droite, une photographie de prisonniers de guerre d’Histoire Canada. (Photo: reproduction du livre et Histoire Canada)

À l’aube de 2023, un retraité rimouskois de 74 ans, Michel Verreault, poursuit ses efforts inlassables de préservation de la mémoire de son père, Georges « Blacky » Verreault, qui a été emprisonné par les Japonais pendant quatre ans, entre 1941 et 1945.

Depuis 1993, alors qu’il lançait la première édition de « Journal d’un prisonnier de guerre au Japon », à Trois-Rivières, monsieur Verreault a continué d’agir comme éditeur des mémoires de guerre de son père jusqu’à aujourd’hui. La troisième édition augmentée a ceci de particulier : elle est bilingue avec le français au recto et l’anglais au verso.

Métal du Golfe_VF

Prisonnier à Noël

Alors que la guerre sévit entre l’Ukraine et la Russie depuis 10 mois, ce manuscrit décrit la misère des soldats depuis l’intérieur. « Je veux en faire un vibrant appel à la paix mondiale, surtout que le régiment de mon père a été fait prisonnier le jour de Noël », souligne monsieur Verreault.

Embarqué à Vancouver

Le 27 octobre 1941, Georges Verreault, originaire de Ville Émard, était au nombre des 2 500 soldats canadiens embarqués à Vancouver sur un navire australien, en direction de Hong-Kong. Georges Verreault explique lui-même dans son Journal qu’il s’est engagé dans l’armée canadienne en raison d’une peine d’amour. C’est ainsi que l’on voit apparaître le nom d’une jeune femme dénommée Peggy au cours du récit qui débute deux jours après ce départ du Canada.

Quatre ans en enfer

Ce sont quatre ans en enfer qu’a passé « Blacky » Verreault dans les prisons japonaises. Les adeptes de philosophie orientale vous diront que le Bushido, le code d’honneur du guerrier japonais, méprisait les combattants qui se rendaient au lieu de se battre jusqu’à la mort. Ce concept guide les Japonais du moment qui font preuve de beaucoup de cruauté envers des prisonniers qu’ils estiment indignes de vivre.

Le jour de l’infamie

Le carnet de Georges Verreault se conclut le 16 septembre 1945 par son retour au pays.

Mais auparavant, il aura énormément souffert à partir de la prise de Hong-Kong par les Japonais, entre le 8 décembre 1941 et le 25 décembre 1941. L’attaque sur Hong-Kong a été planifiée et coordonnée avec celle sur la base américaine de Pearl Harbor, à Hawaï, et d’autres qui marquèrent le début des hostilités sur le théâtre d’opération de l’Asie, dans le cadre de la Deuxième Guerre mondiale.

C’est ce qu’on a appelé la Guerre du Pacifique, dans laquelle des soldats du Dominion britannique ont été impliqués et non seulement des Américains. Le 7 décembre 1941 est la fameuse « Date that will live in infamy » (« La date qui vivra sous le sceau de l’infamie » ) décrétée alors par le président américain Franklin Delanoe Roosevelt.

Des soldats canadiens venant d’être libérés d’un camp japonais. (Photo: Histoire Canada)

Capitulation

Le livre permet au lecteur d’accompagner au plus près le soldat Verreault dans ses mésaventures qui rappellent le grandiose film de David Lean, « Le Pont de la rivière Kwaï ».

« Nous sommes pris comme des rats. Aucun espoir d’en sortir. Pourtant, ce n’est pas possible que je meure aussi stupidement (…) Quatre heures de l’après-midi, nous avons capitulé! Nous nous sommes rendus à ces maudites miniatures d’hommes. Quelle honte! Tant de vies sacrifiées pour ce si piètre résultat. Atroce! Mes camarades morts pour rien! Je ne peux pas décrire ce que je ressens dans mon cœur. J’ai un vide immense dans l’âme », écrit « Blacky » Verreault les 19 et 26 décembre 1941.

Décès prématuré

Les privations, tortures et la souffrance infligée à Georges Verreault pendant son emprisonnement de guerre ont eu raison de l’homme qui est décédé en bas âge à 46 ans, en février 1966.

« Son médecin nous dira plus tard que son organisme usé correspondait à celui d’un homme de 80 ans. Papa vécut jusqu’au bout de son âge avec un courage exemplaire en nous tenant à l’écart de ce lourd secret qu’il savait si bien transformer en tendresse », témoigne Michel, un ancien employé de l’hôpital de Rimouski.

Les personnes intéressées à obtenir une copie de l’ouvrage contactent Michel Verreault, au 400, Saint-Eugène, appartement 5, Rimouski, Québec, G5L 8S3, ou par téléphone au 418 723-1423.

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