Entrave au travail d’un journaliste
Un gestionnaire de centre commercial et président de chambre de commerce pointé du doigtLa Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), section Est-du-Québec, dénonce l’entrave au travail du journaliste Nelson Sergerie et les tentatives d’intimidation dont il a été victime, alors qu’il couvrait une situation d’intérêt public à Gaspé.
Après avoir reçu des photos provenant d’une source cherchant à l’alerter d’une importante infiltration d’eau au centre commercial Carrefour Gaspé, Nelson Sergerie s’est rendu sur les lieux, le 19 janvier, afin de constater la situation par lui-même.
« Arrivé sur place, il a pu voir que des sections entières de certains commerces étaient fermées, que de la marchandise avait été déplacée ou recouverte de bâches de plastique. Des seaux étaient disposés ici et là dans certains commerces et dans le corridor du centre commercial afin de recueillir l’eau provenant de la toiture. Le journaliste a alors pris des photos de la scène », précise un communiqué de la FPJQ régionale.
Refus
La direction du centre commercial a refusé de répondre aux questions du journaliste, qui couvrait la nouvelle pour la radio CHNC de Paspébiac. En revanche, Nelson Sergerie a pu interviewer des commerçants qui, cependant, ont tous exigé l’anonymat.
Pendant que le journaliste faisait son travail, selon la FPJQ, le gestionnaire du Carrefour Gaspé, qui est également le président de la Chambre de commerce de La Côte-de-Gaspé, s’est dirigé vers monsieur Sergerie, accompagné de deux employés à l’entretien du bâtiment.
« Daniel Brousseau lui a alors fait part de sa vive opposition à la production du reportage, le menaçant même d’appeler la Sûreté du Québec et de le poursuivre en justice. L’un des deux employés a aussi filmé l’intervention avant d’escorter le journaliste jusqu’à la sortie. »
Menaces
« Les menaces, basées en bonne partie sur du vent, pour faire peur à un individu, démontrent que le gestionnaire semble malheureusement plus soucieux de son image que du bien-être des commerçants et des clients », déplore le président de la FPJQ, Michaël Nguyen.
« Ce comportement est inacceptable et malheureusement encore trop fréquent. Le journaliste, ici, fait son travail, soit d’informer la population et ceux qui sont directement touchés par la problématique. Plutôt que de s’en prendre au messager, ce gestionnaire aurait dû profiter de l’occasion pour donner sa version des faits », renchérit monsieur Nguyen.
Espace public
La FPJQ précise que, comme quiconque, les journalistes sont autorisés à se présenter dans les espaces publics avec leur appareil photo. Cette autorisation s’applique aussi aux propriétés privées ouvertes au grand public comme les centres commerciaux.
« Les journalistes sont là pour constater et rapporter les faits », indique Johanne Fournier, présidente de la FPJQ, section Est-du-Québec. « En aucun cas, ils ne devraient faire l’objet d’entrave à leur travail, pas plus que de menaces ou de tentatives d’intimidation, surtout qu’il s’agit ici d’un lieu fréquenté par le grand public. Ce genre de comportement brime la liberté de presse et le droit du public à l’information. »