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Ça sent la discorde à Saint-Eugène

La Municipalité envisage une entente avec la ville-centre
Une partie de la municipalité de Saint-Eugène-de-Ladrière (Photo capture d’écran YouTube-Jean-Guy Ouellet)

Le maire de Saint-Eugène, Claude Viel, semble contesté par une partie de la population, à Saint-Eugène-de-Ladrière, la municipalité située la plus à l’Ouest du territoire de la MRC Rimouski-Neigette.

(Vidéo : YouTube-Roger Ouellet)

C’est souvent dans les plus petites municipalités que les différends politiques sont les plus tenaces. En 2022, la voisine de Saint-Fabien comptait 394 habitants, deux de moins que l’année précédente.

Métal du Golfe_VF

Élu sans opposition en octobre 2021 (en prévision de l’élection du 7 novembre de la même année), Claude Viel a succédé à Gilbert Pigeon, un monument de la politique municipale régionale. Celui-ci a tiré sa révérence après quelque 40 ans de présence, surtout comme maire.

Monsieur Pigeon, un producteur agricole, a aussi été préfet de la MRC Rimouski-Neigette et administrateur à la Fédération québécoise des municipalités (FQM). Monsieur Viel a été président régional et président national du Syndicat des producteurs de bovins du Québec.

Bibliothèque et comptoir alimentaire

Des citoyens ont confié au Journal Le Soir en lien leurs préoccupations concernant quatre situations touchant la Municipalité : un budget 2023 teinté d’austérité; la fin de l’aide alimentaire en milieu rural aux personnes en situation de pauvreté; la fermeture éventuelle de la bibliothèque municipale et les retards qui s’accumulent dans un projet de logements sociaux.

Pas de retour en scène

Le Soir a appris que pour mettre de la pression sur monsieur Viel, certains citoyens ont interpellé Gilbert Pigeon pour qu’il revienne au-devant de la scène. Celui-ci a fermement décliné l’invitation.

« J’ai entendu dire qu’il y a du mécontentement, mais je ne m’en mêlerai pas. J’ai dit à mon entourage que je ne reviendrais pas en arrière et je n’ai absolument pas l’intention de revenir en arrière. J’avais ma façon de faire et je respecte la façon de faire de monsieur Viel. Les choses se font, mais simplement, elles se font différemment. Je ne viendrai pas jouer à la belle-mère avec la nouvelle administration », confie monsieur Pigeon.

Gilbert Pigeon (Photo: courtoisie)

Entente de loisirs

Le Journal Le Soir a appris que si la Municipalité prévoit fermer la bibliothèque, c’est parce qu’elle envisage de conclure une entente de loisirs avec la Ville de Rimouski. Joint cet après-midi, monsieur Viel confirme que des discussions sont amorcées à ce sujet. Mieux encore, pour la bibliothèque, une association avec celle de Saint-Fabien est maintenant envisagée.

Déception

La fin du service alimentaire aux personnes en situation de pauvreté préoccupe le coordonnateur d’Action populaire Rimouski-Neigette, Michel Dubé. Monsieur Viel fournira ses explications un peu plus loin.

« La manière de gérer de monsieur Viel lui appartient, mais je suis là pour défendre les personnes en situation de pauvreté de toute la MRC, pas juste celles de Rimouski, encore davantage quand c’est en milieu rural. Nous avions enregistré des gains pour elles avec la belle collaboration établie entre la MRC et Moisson Rimouski-Neigette pour implanter ce service. Celle-ci avait même fait l’acquisition d’une remorque réfrigérée pour assurer le service. Donc, ça demeure une perte de services, tout comme l’éventuelle fermeture de la bibliothèque municipale représenterait une perte de services. »

« Il faut réaliser que bien des personnes en situation de pauvreté sont privées de transport, n’ont pas accès à Internet ou ne savent de toute façon pas comment s’en servir. Je vois mal comment elles pourraient se rendre à la Bibliothèque Lisette-Morin, à Rimouski, pour y louer des livres. En plus, si la bibliothèque fermer, Saint-Eugène se privera des bénéfices du Réseau Biblio des bibliothèques municipales du Québec », commente monsieur Dubé.

À la défense de monsieur Viel

Le préfet de la MRC Rimouski-Neigette vante les qualités de monsieur Viel : « S’il y a une chose dont je suis certain, avec toute l’équipe des élus de la MRC, c’est que Claude Viel travaille dans l’intérêt commun. Ce ne sont pas tous les maires qui utilisent leur droit de parole. Claude utilise le sien. Il a son franc-parler, mais il s’implique et c’est un élément très positif au sein du conseil des maires. »

« Quant à sa décision de ne plus recourir aux services du comptoir alimentaire en milieu rural, il y a des dépenses qui sont à la charge de la Municipalité qui l’utilise et c’est laissé à la discrétion et au bon jugement des maires et des conseils de chaque municipalité », ajoute monsieur Saint-Pierre.

Francis Saint-Pierre (Photo: courtoisie)

Point par point

En entrevue avec le Journal Le Soir, Claude Viel répond point par point aux éléments qui lui sont reprochés.

« Le fait que l’on envisage une entente de loisirs avec Rimouski a un lien avec la bibliothèque, mais il y a du nouveau. Nous avons reçu de nouvelles informations et il y a moyen de s’associer avec notre voisine de Saint-Fabien. Le Réseau Biblio est une des raisons pour lesquelles on reconsidère la question. On a remis en doute l’existence de la bibliothèque en apprenant que pas plus de deux ou trois personnes l’utilisaient. On a des budgets de plus en plus serrés à respecter. Un moment donné, on se dit qu’on se doit d’aller aux priorités. Mais après une rencontre avec des gens du Réseau Biblio, on a une réévaluation à faire. On en discute dans les prochains jours. »

Proposition en attente

« Pour ce qui est d’une entente sur les loisirs, on est sur le bord de signer avec Rimouski. Saint-Fabien nous dit qu’il n’y a pas de problème pour une entente sur la bibliothèque. Avec Rimouski, on couvrirait à peu près tous les loisirs de la ville : les glaces, les gymnases, etc. Dans cette optique, ça permettrait à nos citoyens de profiter des loisirs sur le même pied que les gens de la ville, en mettant un petit montant que la Municipalité va payer. On pourra rendre ça officiel dès que la Ville de Rimouski aura répondu à notre proposition », précise-t-il.

Claude Viel (Photo courtoisie)

« On fait attention »

Le Soir a fait remarquer à Claude Viel que son budget (voir profil financier ci-dessous) était particulièrement serré.

Êtes-vous dans un régime d’austérité?

« On n’a pas le choix, à Saint-Eugène, on est une petite municipalité : on fait attention. On n’est pas dans un régime d’austérité, on est dans un régime de logique. On a un bon fonds de roulement et au pire, on va utiliser le fonds de roulement. Le projet de logements sociaux n’avance pas vite, mais il n’est pas sous notre juridiction. On lui a toutefois consenti un appui sans équivoque », soutient le maire de Saint-Eugène.

Ne pas dépenser en double

« Pour ce qui est du comptoir alimentaire mobile, la décision est que pour le moment, on va cesser de faire le transport des paniers. Il nous reste deux ou trois personnes qui s’en servent. La Municipalité paye déjà pour du transport collectif à prix modique, mais payait en plus pour aller chercher le panier et porter le panier. Parfois, les gens n’étaient pas là et la nourriture se perdait. Ça ne fonctionne pas et il y a d’autres moyens, alors on va laisser les gens faire leurs démarches personnellement », conclut Claude Viel.

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