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« Jusqu’où ça va aller? »

2 000 $ par mois pour un logement
Des édifices à logements du district Saint-Pie-X (Photo journallesoir.ca)

Des citoyens et des familles de Rimouski ne savent plus à quel saint se vouer pour se reloger, alors que rien n’empêche certains propriétaires de tenter de profiter de la situation.

Un collaborateur du Journal Le Soir que nous avons baptisé « Luc » est toujours à l’affût des forums d’échanges de locataires qui recherchent un logement. On voit qu’il y a des propriétaires très honnêtes qui résistent à la tentation de profiter de la crise du logement, mais aussi d’autres qui n’hésitent pas à le faire.

La Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL) a publié l’indice d’inoccupation des logements la semaine dernière. La position de Rimouski n’a pratiquement pas bougé. On constate que 99,6 % des logements sont occupés, contre 99,8 % l’an dernier.

600 $ de plus par mois en un an

« J’ai vu un logement augmenter de 600 $ par mois d’une année à l’autre. Je me demande jusqu’où ça va aller », dit l’un. « Il y a des appartements d’une pièce et demie affichés à plus de 1 000 $ par mois », signale une jeune femme à une autre, qui déplorait que cela lui coûte presque 600 $ par mois. « J’ai une augmentation de 100 $ par mois en deux ans. Mon toit coule; les insectes passent par les murs. Je suis incapable de fermer mon portique », ajoute un autre témoin.

Il faut y mettre les heures en recherches, si l’on veut se trouver un logement décent. (Photo: courtoisie)

L’inverse

L’inverse –des locataires qui disent merci à leur propriétaire plutôt que de se plaindre- est suffisamment rare pour que cela vaille la peine de le mentionner. « On va entreprendre notre 13e année au même endroit et notre propriétaire nous a demandé 6 $ d’augmentation pour un loyer de 601 $, par mois pour un logement de quatre pièces et demi. Merci à notre propriétaire. »

Des impacts sociaux

On a dit que cette crise du logement a des impacts sociaux. Notamment qu’elle privait la région de ressources spécialisées ou que des familles de nouveaux arrivants devaient résider dans des motels.

C’est parfois bien pire. Des locataires déplorent que des propriétaires se fassent sélectifs. « On loue à des étudiants ou à des travailleurs de l’extérieur, mais les familles d’ici, elles, doivent se démerder toutes seules. » Le Soir a vu des témoignages d’abus. On exigerait des signatures sur des baux sans même une visite préalable. « On ne peut pas visiter en personne; on nous offre des visites sur Facetime », nous dit-on.

« À 1 485 $ par mois, des propriétaires tentent de se faire plus attrayants en mentionnant dans leur annonce : ‘’ À trois, cela revient à 495 $ par mois chacun. ‘’ C’est honteux. Il faudrait peut-être en arriver à réglementer le prix des loyers? »

De 1 185 $ à 2 000 $

On vous garde le meilleur pour la fin. Monsieur X apprend de son ami, monsieur Y, que le logement de ce dernier sera libre en mai. Monsieur Y mentionne que le loyer est de 1 185 $ pour un très grand logement et qu’il pourrait lui céder son bail.

« Je mentionne mon intérêt à mon ami. Il me dit que ça ne devrait pas être un problème. J’appelle le propriétaire. Il me dit : ‘’ il n’y aura pas de cession de bail possible. Il faut que je révise mon prix parce que je suis vraiment en bas du marché. ‘’ Bon… ok…, mais si c’était de mai à juillet à ce prix ? ‘’ Euh… je ne pense pas louer d’ici juillet, pour être sûr que je vais pouvoir monter mon prix en conséquence. ‘’ Mon ami monsieur Y m’avait dit qu’il avait offert 1 680 $ pour le renouvellement de son bail. Le propriétaire, lui, me dit que ce sera 1 800 $, mais que si ce sont des étudiants, il louera à 2 000 $ », raconte monsieur X.

« Là monsieur, vous êtes en train de me dire que vous allez passer de 1 185$ à 2 000 $ de loyer en un an, parce que vous voulez louer à des étudiants, parce que c’est plus payant? Mais dans le fond, monsieur le propriétaire, nous, les familles de Rimouski, on va se loger comment? Il me répond : ‘’ Je ne pense pas que tu sois capable de te payer un logement à 1 800 $ par mois. ‘’ Je lui ai dit : qu’est-ce que vous en savez? Il me répond : ‘’ j’ai déjà pas mal de visites et de demandes. Je suis pas mal sûr qu’il est pris. ‘’ Je pense qu’il ne réalise pas ce qu’il vient de me dire », se demande encore monsieur X.

Du côté des propriétaires

Pour évaluer si la hausse de loyer demandée par leur propriétaire est raisonnable, les locataires peuvent utiliser la grille de calcul du Tribunal administratif du logement (TAL). Les locataires ont 30 jours suivant la date de réception de l’avis de renouvellement de bail pour y répondre.

Selon Radio-Canada, la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) estimait en décembre que les augmentations pour 2023 devraient osciller entre 3 et 4 %.

« L’inflation dans le secteur de l’habitation est de 6,9 % après 10 mois en 2022. Puisque plusieurs verront une croissance des frais liés aux assurances et à la taxation foncière, la CORPIQ rappelle que 100 % des augmentations à cet égard sont refilées aux locataires dans le mode de calcul recommandé par la loi », peut-on lire dans un communiqué de la Corporation. Par ailleurs, la CORPIQ a récemment jugé faibles les augmentations de loyer des scénarios du TAL en cas de litige entre un propriétaire et son locataire, pour 2023.

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