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40 ans de mauvaises nouvelles

Souvenirs d’un élu dans le dossier de la 20
L’accident survenu le 13 décembre 2022 à Saint-Fabien a fait deux morts sur la route 132. (Photo journallesoir.ca)

Un vétéran de la politique municipale qui a été maire et aussi préfet, Gilbert Pigeon, de Saint-Eugène-de-Ladrière, se croise les doigts pour une ixième fois dans le dossier du prolongement de l’autoroute 20 vers Rimouski.

« La première fois où j’ai entendu parler de ce projet, l’ancien maire de Rimouski, Philippe Michaud, (de 1978 à 1984), était alors président de la Chambre de commerce de Rimouski. Ça ne nous rajeunit pas! », confie monsieur Pigeon, qui admire le travail effectué par un citoyen rimouskois, Pierre-Paul D’Anjou, qui vient de relancer le dossier.

« Je suis allé voir la pétition électronique. Je trouve ça un peu compliqué, mais j’invite les gens à s’y rendre et à la signer », renchérit monsieur Pigeon.

Mentionnons que Philippe Michaud est décédé il y a un peu plus de 10 ans, le 14 janvier 2013, à 88 ans.

Réunion

Monsieur D’Anjou et son comité de relance se réunissent ce soir pour nommer un conseil d’administration et tracer les grandes lignes de la stratégie qui permettra d’accentuer la pression sur les autorités gouvernementales, afin d’obtenir des engagements clairs. On en apprendra davantage dans les prochains jours.

Pour l’heure, Gilbert Pigeon nous rappelle que les 40 dernières années n’auront pratiquement été marquées que par de mauvaises nouvelles, si l’on songe au dossier de la 20. Mauvaises nouvelles de gouvernement reniant ses engagements ou les reportant; mauvaises nouvelles par les accidents et leurs impacts; mauvaises nouvelles par les pertes économiques et mauvaises nouvelles pour les propriétaires d’érablières.

Pompier volontaire

« J’ai été pompier volontaire pendant presque aussi longtemps que j’ai fait de la politique. Je ne compte plus le nombre d’accidents, comme celui, récent, de l’autobus à Saint-Fabien, ou encore celui d’un camion de propane qui a bouleversé les habitudes des gens du secteur pendant plusieurs jours, en 2017. On doit se préoccuper d’abord des êtres humains, mais il faut aussi avoir à l’esprit que tous ces accidents ont des coûts sociaux et financiers directs et indirects », affirme monsieur Pigeon.

Par Cabano

« J’ai trop souvent vu, à la suite de ce type d’accident qui entraînait une fermeture prolongée de la 132 à Saint-Fabien, des camions de marchandises faire un détour par Cabano, pour prendre la 232, seule voie disponible pour se rendre dans l’Est du Québec à part la 132. Imaginez les retombées du retard sur toute la chaîne d’approvisionnement : du transporteur au commerce, aux employés, à la clientèle et ainsi de suite. C’est un bon exemple des retombées de l’absence de l’autoroute 20 », se souvient-il.

« Appelez là la 10, la 15 et demi ou n’importe quoi d’autre, il faut bel et bien une nouvelle voie de contournement pour desservir une bonne partie du Bas-Saint-Laurent. Je réclame aussi l’équité pour une partie de la population, les gens installés à l’Ouest de Rimouski, qui n’ont pas une 20, comme celle qui va jusqu’à Mont-Joli. Il faut que l’on soit tous traités sur un pied d’égalité. »

« Même si l’on acceptait une route 132 améliorée, ce ne serait pas une solution. Les automobiles des résidences et les véhicules des propriétés agricoles et des entreprises vont continuer de circuler par la 132, par leurs entrées et leurs sorties, notamment », croit l’ancien préfet de la MRC Rimouski-Neigette.

(Photo: archives)

Des producteurs abandonnent leurs terres

Monsieur Pigeon témoigne même du fait que des entreprises agricoles disparaissent en raison de l’absence de la 20.

« Au sein de notre propre entreprise agricole, nous avions une terre le long de la 132, vis-à-vis Saint-Fabien. Mon fils François allait y travailler le sol et devait circuler en tracteur sur la 132. Nous avons abandonné la terre, tellement c’était devenu un inconvénient. François craignait pour sa sécurité. Imaginez qu’en plus des véhicules qui vous poussent derrière, il faut attendre que la file de la voie inverse passe pour traverser la route, quand vous êtes arrêté. Nous ne sommes pas les seuls à avoir vécu ça. »

Des industriels reculent

Autre effet indésirable: celui sur des entreprises qui auraient de l’intérêt à s’installer ici… si l’autoroute était achevée.

« Je me souviens d’avoir reçu un appel d’une entreprise allemande qui voulait investir dans la région, quand j’étais préfet. Lorsque je lui ai dit que l’autoroute ne se rendait pas à Rimouski, l’intérêt a disparu. »

Les routes secondaires

Et pour ceux qui aiment rouler tranquillement et apprécier les paysages, Gilbert Pigeon a une suggestion à faire au gouvernement : « On devrait inclure des budgets spéciaux dans le projet de prolongement de la 20 vers Rimouski, pour réaliser des aménagements paysagers, mais sur les routes tranquilles, en parallèle, comme les 2e rangs du Bic et de Saint-Fabien. »

Gilbert Pigeon (Photo: archives)

L’acériculture

Et pour compléter le tableau, un trajet de l’autoroute déjà évoqué depuis Trois-Pistoles jusqu’à Rimouski passait à travers des terres acéricoles.

« Il ne faut surtout pas que le tracé passe par les érablières de Saint-Mathieu et de Saint-Eugène, où il y a une concentration d’érables parmi les plus vieux de la région, dont un qui est bicentenaire », souligne-t-il.

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