Général > La maison brune continue d’être défendue
Général

La maison brune continue d’être défendue

La maison brune de l’avenue de la Cathédrale. (Photo journallesoir.ca-Véronique Bossé)

Lors de l’audience publique qui a eu lieu cette semaine au sujet de la maison brune, située au 304 avenue de la Cathédrale, une maison centenaire qui risque la démolition, trois citoyens ont déposé des mémoires pour tenter de sauvegarder le bâtiment.

La retraitée du ministère de la Culture et des Communications du Québec et ex-coprésidente du Comité du patrimoine naturel et culturel du Bic, Linda Lavoie, la professionnelle de recherche à l’UQAR et ex-coprésidente du Comité du patrimoine naturel et culturel du Bic, Valérie Jean et le menuisier spécialisé en restauration du patrimoine et président du Comité du patrimoine naturel et culturel du Bic, Pierre-Luc Morin, ont présenté lors de l’audience des documents qu’ils estiment prouver la valeur de la maison brune et les alternatives possibles à sa démolition, dont deux mémoires.

En voici les grandes lignes.

Une maison restaurable

Le premier document met en lumière l’état actuel de la maison.

« Toutes les présentations qui vous ont été faites il y a quelques minutes corroborent l’assertion suivante : cette maison localisée au 304, avenue de la Cathédrale est tout à fait restaurable. L’état de délabrement évident à l’extérieur laisse faussement croire que l’intérieur est également en état de délabrement avancé, ce qui n’est pas le cas, bien que certaines réparations s’avèrent impératives pour préserver la qualité de cette résidence, à savoir la toiture ainsi que le revêtement qui s’inscrivent au rang des travaux prioritaires afin de colmater les infiltrations d’eau lors des intempéries. Il s’agit bel et bien d’une solide maison qui a traversé les ans et qui est encore tout à fait restaurable. »

Le mémoire fait aussi mention de l’appui considérable qu’ont reçu la maison brune et ses cinq locataires depuis l’annonce concernant sa démolition. Un appui qui provient non seulement de plusieurs citoyens, mais aussi d’organismes qui œuvrent à la sensibilisation, à la conservation et à la mise en valeur du patrimoine bâti, soit : la Fédération Histoire Québec, les Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec et Action patrimoine.

Les responsabilités du comité de démolition

Le deuxième document s’adresse à la Ville de Rimouski et concerne la façon dont cette dernière a géré le dossier.

« Le 27 février, nous répondions favorablement à l’invitation de la ville de participer à l’audition publique de ce 14 mars. Nous pensions important que tous les participants puissent partager les mêmes informations afin d’établir un dialogue ouvert et constructif sur l’avenir de la maison brune. C’est pourquoi le 1er mars dernier, nous demandions à la ville que soient rendus publics les documents réalisés par ses services évaluant l’état de la maison brune. Nous pensions en effet que les élus s’étaient basés sur les documents produits par les services de la ville pour évaluer l’état de la bâtisse. »

« Or, ce qui nous a été remis le 9 mars n’a pas été rendu public, et ne relève pas des services de la ville. Nous avons reçu le rapport d’inspection réalisé par une firme-conseil à la demande du propriétaire. Devons-nous comprendre que la ville n’a produit aucun document, et que les informations ayant servi à son analyse sont essentiellement celles incluses dans le rapport de cette firme-conseil dont l’évaluation n’est nullement relative à la restauration de ce bâtiment patrimonial? »

Un parti pris

« Cette question est cruciale, car si tel est le cas, c’est dire que la décision d’autoriser la démolition de cette maison quasi centenaire a reposé sur une évaluation de celle-ci forcément orientée dont le but était de prouver « sa fin de vie utile ». En effet, le document produit par cette firme-conseil l’a été à la demande du propriétaire qui, rappelons-le, souhaite démolir la maison. Il est clair que ce document n’est pas approprié dans le contexte qui nous intéresse. »

Ainsi, les trois signataires du mémoire dénoncent le fait que le document ayant servi à approuver la demande de démolition du bâtiment était de base orientée dans ce sens.

Ils ajoutent que pour évaluer l’état du bâtiment a valeur patrimoniale exceptionnelle, l’évaluation devrait être réalisée en « considérant les réalités propres à une maison ancienne et dans une optique de restauration. » Ce qui n’aurait pas été le cas, étant donné que l’ingénieur mandaté par le propriétaire « affirme l’avoir été dans le but de réaliser une inspection complète du bâtiment afin de statuer sur l’état de celui-ci, et de vérifier que le bâtiment est conforme aux codes et normes en vigueur actuellement, dans le but d’évaluer les coûts reliés à une remise aux normes. »

« Ce type d’approche n’est nullement valide pour l’évaluation d’une maison ancienne et encore moins pour établir les conclusions qui détermineront son avenir. Nous aimerions rappeler que bien rares sont les maisons datant du début du siècle dernier qui répondent aux normes du code du bâtiment d’aujourd’hui. Si, les propriétaires de maisons centenaires s’étaient fiés à ce type de rapport avant d’entreprendre leurs travaux, bien peu auraient pris la peine de les restaurer. Et nous aurions perdu ainsi une partie importante de notre patrimoine bâti. »

Le travail des citoyens

Finalement, Linda Lavoie, Valérie Jean et Pierre-Luc Morin dénoncent que les citoyens aient eu la responsabilité d’effectuer ce travail pour tenter de conserver la maison brune.

« De plus, nous aimerions exprimer le sentiment trouble qui nous habite à l’idée que ce soit des citoyens qui aient eu le fardeau de la preuve quant à la restaurabilité de ce bâtiment. Ce sont des citoyens qui ont travaillé à vous prouver ce soir que l’analyse devait être faite autrement, et que cette maison peut et doit être restaurée. Pourtant, nous aimerions rappeler que cette responsabilité est la vôtre. Dans le cas d’une demande de démolition d’un bâtiment à valeur patrimoniale, ce qui devrait être la norme pour évaluer un dossier, c’est une expertise externe réalisée par des architectes spécialisés dans l’évaluation des maisons anciennes, et ce, à la demande de la ville, mais aux frais de celui qui souhaite la démolition. »

« Le document réalisé par la firme-conseil à la demande du propriétaire, et sur lequel vous semblez-vous êtes basés pour accorder le permis de démolition est, dans le contexte de ce bâtiment, totalement irrecevable. Pour un bâtiment à valeur patrimoniale, le comité de démolition devrait bien davantage se nommer comité de protection. Il devrait évaluer chaque cas en toute transparence, dans un souci prioritaire de sauvegarde. »

Facebook Twitter Reddit